Ce n'est pas dans mes habitudes d'arriver le premier au bar. Pas du tout même. J'étais plutôt du genre à faire la fermeture, pour jeter un oeil sur les comptes et m'assurer que tout était en état avant de fermer, finissant généralement la soirée seul avec un bon verre. Mais pas cette fois. J'avais un objectif en tête. Récupérer un cadeau que j'avais acheté la veille pour Scylla, dans une boutique voisine. J'avais voulu lui offrir hier soir même, avant de me rendre compte de ma bêtise. Alors, ce matin, avant même que le premier employé ne pointe le bout de son nez, je me garais dans la rue, à quelques mètres à peine de l'entrée. Mon regard plana un instant sur mon rétroviseur avant que je ne sorte de l'habitacle. Ses derniers jours, j'étais devenu plus parano qu'avant. A cause des flics qui me cherchaient et de tout ce qui se tramait en ville. Impossible d'être tranquille. Je m'allumais une cigarette à peine après être sorti, laissant mes pas me mener jusqu'à la grille. D'un mouvement souple, je la relevais dans un crissement désagréable puis passait la porte que j'ouvrais la volée, la laissant ouverte le temps de ma visite. Je me glissais jusqu'au bar à la recherche du sac convoité avant que mon regard noir ne tombe sur le paquet posé là.
J'eu un instant d'arrêt, fronçant les sourcils. J'étais certain qu'il n'y était pas hier. Mon attention dévia sur la porte sans comprendre. Elle était pourtant bien fermée. Qui ? Yulian ? Non, il était parti depuis longtemps quand j'ai fermé hier. Un des employés peut-être ? Suspicieux, j'approchais en tendant l'oreille, analysant l'objet une fois dans ma main. Il n'avait rien de spécial, ce paquet. Peut-être une commande ? N'y tenant plus, je l'ouvrais finalement, découvrant le journal et la lettre bien épaisse. De plus en plus étrange. J'ouvrais le journal pour en lire l'article relatant le meurtre d'un riche homme d'affaires de la ville. Mon regard s'assombrit alors qu'un rictus se formait sur mes lèvres, les rehaussant dangereusement. C'était donc à moi qu'on s'adressait. Rapidement, je m'ouvrais alors la lettre, découvrant une liasse de billets à laquelle je m'attendais, ainsi qu'une photo que je portais à mon regard. Mon rictus s'effaça de lui-même. Marion ? Le choix s'offrait à moi. Tuer mon ami ou rester en dehors de la guerre. Qu'est-ce que c'était que cette merde ? Putain mais qui pouvait bien être derrière cette offre ? Je tournais la photo, l'examinant avant de faire de même avec la liasse, la lettre et enfin le journal, espérant découvrir le moindre indice quand à l'identité du commanditaire. Mais il n'y avait rien, même sur l'emballage. Je repris ma cigarette abandonnée plus tôt dans le cendrier du bar, tirant dessus quelques fois en restant songeur un instant. Il y avait cinquante mille là dedans. C'était un contrat sérieux. Une sommes pareil, peu était prêt à la donner. Et en même temps, vu la cible, je n'étais pas vraiment étonné.
Mes yeux s'égarèrent à nouveau sur la photo avant que je ne m'empare de mon téléphone pour composer le numéro de mon vieil ami, m'appuyant sur le bar ensuite. Evidemment, il ne répondit pas. Seule la sonnerie désagréable du répondeur me répondis. Je lui laissais un rapide message, le priant de me rappeler au plus vite. Il fallait qu'il soit au courant qu'un contrat était sur sa tête. Et je ne doutais pas une seule seconde du fait que je ne serais pas le seul sur le coup.
Cela fait, je raccrochais avant de poser mon portable sur le comptoir et de remettre tout soigneusement en place dans le papier kraft que j'avais pris soin de ne pas déchirer. Je fis le tour du bar pour aller chercher de quoi écrire, laissant une note à l'attention des employés. Une nouvelle boisson ferait son apparition ce soir sur la carte, un joli FUCK YOU.