_____Quel monde compliqué, les combats, les arènes, c’est vraiment pas facile de s’y faire une place, surtout quand t’es pas de la ville. Alors imagine un pauvre gigolo qui débarque de Détroit, même en ayant un peu d’expérience, ce sera toujours compliqué pour un mec comme ça de s’immiscer dans les rouages de cette organisation là. Et pourtant, en quelques mois, me voilà déjà booké régulièrement dans certains endroits, que je garde plutôt correct quand même, histoire de pas me faire tuer non plus. Mais c’était pas facile au début. Trouver les endroits, se faire repérer, ça demande quelques combats de rue, un bon gros lot de chance, et du talent. Alors j’ai tenté ma chance.

Aujourd’hui, je me fais quasiment autant d’argent qu’à l’époque où j’étais gigolo, c’est dire. Mais c’est moins régulier, y’a moins de sécurité alors ça reste carrément flippant. Puis avec les autres à l’appart qui s’inquiètent beaucoup trop, c’est pas forcément facile de m’absenter trop souvent.

Enfin bon, ce soir, je suis censé me battre contre un mec que j’ai jamais vu, mais qu’a apparement le sang très chaud. Du coup, ça risque d’être compliqué, pas parce qu’il risque de me casser la gueule, mais parce que les mecs en furie ont tendance à être tellement sloppy qu’un simple faux mouvement pourrait les tuer en un instant.

Ce combat, au début, j’étais pas super chaud. Mais quand ils ont donné la prime de participation, puis celle de victoire, je pouvais juste pas refuser. La mafia c’est plutôt des bons payeurs faut pas se faire trop de souci là-dessus. C’est une de leurs petites mains qui m’a débusqué. Je l’avais déjà aperçue dans le public de certains combats. Son regard un peu sombre, toujours une façon de regarder qu’on oublie pas. Du coup, j’étais pas tant étonné le jour où elle m’a attendu à la sortie des « vestiaires » - si on peut appeler ça comme ça - pour discuter.

Je suis censé la retrouver dans quelques minutes, mais bon, toujours en retard je suis. Bref, faut que je tape le sprint de ma vie, alors je commence à courir le plus vite possible, histoire de choper un métro rapidement. On le connaît tous ce moment ou on court dans les escaliers, et qu’au moment d’arriver sur le quai, on voit le métro partir. Et bah bingo, fallait que ça arrive ce soir. Je prends le suivant, espérant ne pas dépasser les dix minutes de retard, mais malheureusement, j’arrive avec onze minutes, seize secondes et huit centièmes de retard au point de rendez-vous. Et je la vois, Nina, me regarder avec ce même regard, impossible à comprendre, mais pourtant si perçant, si marquant.

— J’suis vraiment désolé, le métro est parti au moment où j’suis arrivé, j’ai tout donné pour arriver à l’heure mais impossible… J’suis vraiment désolé 

Espérons que les excuses réussissent à ne pas me faire perdre mon combat de ce soir…