Celui qui a besoins de sous

Bon, je sais, je vous avais dit qu’après quelques années de prison j’allais me tenir à carreaux cette fois. Mais… vous savez quoi ? Faut absolument jamais croire ce que je raconte !!! Vous connaissez pas l’adage ? Y’a pas plus menteur qu’un toxico qu’un toxico repenti. Bon, la bonne nouvelle c’est que c’est pas pour de la poudre blanche à me refoutre dans le nez que je suis en train de donner un nouveau coup de canif dans ma soi-disant « alliance avec la légalité ».

Autant dire qu’il ne reste pas grand-chose à taillader, mais bref, non ce qui a motivé ma petite balade nocturne, c’est juste un frigo vide, plein de lettres qui me demandent du fric avec écrit « dernière relance » et le fait que sans Logan, moi je sais pas gérer ses conneries là. Alors que ça soit pour de la lessive, du PQ qui m’arrache pas le derche, pour éviter de le retrouver sans internet et surtout parce que cette putain de vengeance de celui que j’ai aimé comme un père me coute un bras, il fallait bien que je trouve du fric.

Y’a pas un indic qui sait me donner une info sans me demander de la thune dans cette ville de merde !!! Et c’est pas mes quelques heures de bricolage au black qui me permettent de financer mon enquête ou mes clopes. Enfin, bon, peu importe les justifications avec mon bracelet à la cheville, je joue gros et peux pas me permettre de faire trop de visite de baraques alors il faut rentabiliser. Et pour le coup je pense que c’est jackpot. Je me suis dégoté une de ces vieilles maisons de friqués, le genre avec plein de bibelots qui vont payer l’essence de ma mob et avec un système d’alarme facile a déjouer. Finalement, j’adore les quartiers bourges.

C’est donc tout de noir vêtu, le bonnet sur la tête et avec des gants cette fois, preuve que j’apprends quand même un peu de mes boulettes, que je suis entré dans cette villa qui est un palais selon ma définition d’une habitation. Je suis en train de faire mon marché silencieusement dans la nuit. Mon géniteur m’a appris à faire ce genre de chose depuis mon plus jeune âge. Aussi, c’est l’oeil habitué à la pénombre, le pied aussi léger qu’une plume et avec cette assurance de merde, qui me fera tuer un jour, que je remplis mon sac à dos de toutes ces petites babioles couteuses qui se refourguent rapidement. Je sais pas qui vit ici, mais c’est mieux qu’un musée !! Je sens que ce soir, je paye ma tournée !

Je me fige en pensant entendre un bruit. A cette heure-ci? Dans une baraque de vieux ou les proprios doivent ronfler après leur tisane à la con depuis 20h? A tous les coups c'est juste les murs qui se souviennent qu'eux aussi sont des croulants, mais comme on est jamais assez prudent, je me laisse glisser, sans un bruit, derrière un espèce de bureau rococo. Mieux vaut prévenir que guérir parce que, franchement, ca me ferait chier de me faire tauper là. Certes, j’estime être l'as du pipotage, y'a qu'a me voir avec les filles pour comprendre... et pas la peine de me rappeler le nombre de râteaux que j'enchaine, c'est mon histoire, je mens si je veux, bref, j’ai quand même un vieux doute sur ma capacité à trouver un mensonge plausible pour expliquer ma présence ici.

Dites, juste comme ça, si je me fais gauler en plein cambriolage alors que je suis en conditionnelle, vous croyez que ca peu avoir des conséquences ? Je commence à avoir un putain de doute.

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Celui qui a oublié d'être discret

Ouai, je suis pas habitué aux vielles baraques mais je suis presque sûr que ça, c’est pas un couinement « naturelle ».  Putain !! Proprio, vigile, fantômes, bah ouai, j’aime les films d’horreurs et je vous merde, et je vous en passe… la liste de ce qui pourrait être avec moi dans cette caverne d’Alli Baba est vaste, plus que la taille présumée de ma bite. Autant dire que je dois m’attendre a tout.

J’essaye de me planquer rapidement sous un bureau moche. Je comprendrais jamais la manie des riches de prendre de vieux meubles, qui coutent le prix d’une couille, voire deux, parce qu’ils sont « histo », alors que, sans déconner, ça reste vraiment un truc a se faire souffrir les yeux. Et, hum… on va dire que c’est la faute de ces espèces de pieds de bureau même pas droits mais j’arrive à me cogner dedans et a faire tomber un bibelot en bronze dans un boucan pas possible. Fais chier !!! Putain… La… je viens de signaler ma présence même a un sourd.

Pour les amateurs d’art d’époque, que je sens inquiets en me lisant, sachez que le bibelot va bien, par contre le parquet… il a pris cher. C’est la grosse merde là !!!! Dans un moment de flou artistique grave, je fais le seul truc qui me passe par la tête, ouai ca m’arrive de me servir de ca, je vous jure. Je fonce vers l’armoire qui est, avouons-le, du même gout que le reste du mobilier. Si vous aimez pas le criard, je vous jure que vous auriez les yeux qui saignent là. Et dedans, je pense que c’est encore pire. Fébrilement, sans essayer de me poser des questions, je chope le premier truc qui me passe sous la main, enfin le gant. Vous voyez les peignoirs de bourges ? Ceux qui servent même pas a s’éponger… ouai, des robes de chambre !! Enfin quel que soit le nom je sais pas a quoi ca sert… Bref, je me retrouve, bien malgré moi, dans un machin léopard affreux. Je vire le bonnet et les gants dans la poche du vêtement en essayant de prendre une pose détendue, genre un cul sur le bureau et un bouquin sans image dans la main au cas ou quelqu’un se ramène. Je sais juste pas le baratin que je vais savoir sortir, surtout si c’est le proprio ou les flics… ou un fantôme, on oublie trop souvent les fantômes, mais, soyons honnête, dans la panique, c’est pas là ou je suis le meilleur pour réfléchir.

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Celui qui est ouvert

Vous savez ce que c’est un moment de solitude ? Ouai, c’est quand la nana que vous venez de réussir à lever en boite vous jure qu’elle a pas trop bu pour vous faire une turlute et qu’en fait si elle avait bien trop bu… ok… c’est aussi quand vous arrivez a vous prendre trois râteaux avec la même fille dans la même soirée parce que vous êtes pas physionomiste des têtes, les petits culs par contre… mais là on va oublier ces exemples à la con.  Enfin moi j’essaye encore, surtout la pipe. J’ai un nouveau à proposer dans mon top 50 des moments merdiques de ma vie et c’est juste maintenant que ça se passe.

Pour rappel, je suis dans le peignoir de chambre inutile le plus moche du monde, le cul sur un bureau rococo assorti, quoique non, lui est pas léopard, a tenir un livre je suis même pas sur du bon sens, dans une barraque qui n’est pas la mienne, et surtout devant témoin. Et parlons du témoin !!!  Une nana qui se comporte comme la propriétaire et qui hurle à la mort à l’intrusion.  Si c’est pas la lose ça ??? non !! Je veux dire ça aurait été un vieux, un gosse ou je sais pas quoi, mais là, pas de bol, faut toujours que ca soit devant une bonasse que je ressemble a rien.

La seconde de panique passe vite, trop pour elle qui semble chercher dans ses poches son GSM. Je pose tranquillement le bouquin qui semble être un machin pas anglais.  Comment les gens peuvent avoir envie de lire des trucs sans images, écrits tout petit et même pas dans notre langue ? Bref, je reste malicieusement à regarder la femme devant moi en lui faisant signe de prendre son temps pendant que je vire la chemise de nuit.

Pourquoi je suis si zen ? Déjà, parce que chien qui aboie ne mord pas. Si vous tombiez sur un voleur pas discret dans votre maison, vous iriez signaler votre présence pour appeler les flics devant lui, sans savoir s’il risque pas de vous faire du mal ? D’expérience les gens se planquent pour faire ça. Mais il y a surtout un autre truc qui me fait dire que cette foufoune est autant chez elle que moi ici.

« Au passage, pense à leur dire que le type que tu as serré est pas dans la chambre mais dans une pièce à coté, sans lit… sinon ils risquent de se demander si tu es vraiment la proprio. Après si tu me le demande gentiment pour que j’aille dans la chambre, sache je dis rarement non à aller faire des galipettes sous la couette avec une belle inconnue dans une baraque qui n’est ni la sienne ni la mienne. »

J’aurais de la culture je saurais que l’on est dans un cabinet attenant à la chambre. Mais comme je n’en ai pas… Je me contente de lui adresser un grand sourire en me rasseyant sur le bureau tranquillou.

« Bon, plus sérieusement, on fait quoi? On se partage la maison ou tu préfères jouer ca au bras de fer ? Et compte pas sur moi pour le shifumi, j’ai jamais rien bité a ce jeu.»

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