04-06-2020 17h15

Depuis que Scylla a été blessée, je passe régulièrement chez elle. Je lui fais des menues courses, lui tiens compagnie une heure ou deux ou encore - malgré ses protestations - je l'aide à faire quelques tâches ménagères indispensables qui - avec ses côtes blessées et les vertiges occasionnels causés par son traumatisme crânien (rien que de très normal) - s’avèrent trop difficiles pour elle. La veille, je suis donc allé lui rendre visite et comme un idiot, j'ai oublié ma veste chez elle. Ancien SDF en cours de réinsertion, je n'ai pas tant d'affaires que ça figurez-vous et le temps ayant brusquement tourné à l'orage, j'ai voulu passer la récupérer avant d'aller à mon cours d'anglais,et surtout pour l'avoir pour aller travailler ce soir si le temps fraichi. Si je me prends une drache, je serais bien content d'avoir ma veste par dessus mon tee-shirt et ce jean éculé que je porte constamment. Aussi, bien qu'habituellement, j'attends un SMS de sa part ou bien j'en envoie un pour savoir si je peux passer, j'ai décidé de faire un rapide crochet par chez Scylla. Cela ne prendra que quelques minutes après tout.

Comme d'habitude, je me glisse dans l'immeuble sans sonner en bas. Parfois je dois attendre que quelqu'un ouvre avec le code ou alors comme aujourd'hui, la porte est encore cassée et je peux entrer sans problème. L'ascenseur étant perpétuellement en panne, je prends les escaliers et au bout de quelques minutes, il s'avère qu'un homme suit la même route de que moi. Il est plus grand, ses cheveux bruns sont mi-longs et tout de suite - je crois que l'instinct parle - je sais qui il est. Cela se confirme quand on se retrouve tous les deux seuls face à la porte de Scylla. Dans un élan étrange, je me tourne vers lui et lui tends la main pour le saluer dans mon anglais à l'accent russe très prononcé. "Nikolaï. Tu es Léo ?"

Mes pas filent rapidement sur le sol de mon ancien quartier. La tête dans les nuages, perdu dans mes pensées, j'avance vers l'immeuble de Scylla sans vraiment y penser. Je suis en avance aujourd'hui. Pour une fois, j'ai fini mon contrat plus tôt que prévu ce matin, si bien que j'ai eu l'après-midi de libre. J'en ai profité pour voir un ami flic, avec la ferme intention de résoudre enfin le problème de contrat qui pèse sur ma tête depuis trop longtemps déjà. Des semaines, que ça dure. Des semaines que je rase les murs et prend toutes les précautions du monde pour me faire discret, allant jusqu'à déménager et vivre dans un taudit le temps que ça ce calme. Mais rien y a fait. Pas suffisamment à mon goût en tout cas. Je voulais sortir de là, enfin. Trouver un nouvel appart et offrir à Jade la vie qu'elle méritais enfin. Mais pour ça, il fallait que je règle ce problème. Je ne voulais pas en arriver là, mais il était temps pour moi d'agir. Alors, j'ai marchandé avec mon ami. J'ai fais ce qu'il fallait, offert une partie de ma fortune pour faire disparaitre mon casier et les charges qui vont avec. J'ai sa parole. Il fera ce qu'il faut. Et si ce n'est pas fait assez vite, il sait que je n'hésiterais pas une seconde à agir à nouveau. Personne ne se fou de ma gueule. Surtout pas un flic.

Je suis à peine sorti de là que je me suis naturellement dirigé vers Scylla. Ça fait quelques jours maintenant que je fais des allers-retours entre nos deux appartements, la laissant respirer de temps en temps alors que j'accorde un peu de temps à Jade, que je ne vois encore que trop rarement à mon goût. Une fois n'est pas coûtume, je ne l'ai pas prévenue. J'ai simplement suivi mon instinct et j'ai passé la porte de l'immeuble juste derrière un autre gars, montant les escaliers à sa suite sans faire réellement attention à lui. C'est seulement lorsque nous nous sommes retrouvés devant la porte de la belle que je suis enfin sorti de mes pensées pour lui accorder toute mon attention. Pendant un instant, je me suis retrouvé con devant lui. Nikolaï ? Vraiment ? Son accent russe me heurta tout autant que la poignée de main qu'il me tendit. Alors, c'était vraiment lui ? Je le détaillais un instant, avant de reprendre vie et de lui rendre sa poignée de main. Si je m'attendais à ça.

« C'est ça. »

Quelle étrange situation. Il était.. Je ne sais pas. Sa gentillesse était peinte sur son visage. Autant que son accent à coucher dehors.

« Enchanté. »

Je crois. Etrangement, le rencontrer fit s'envoler tout ce que j'avais pu m'imaginer de lui en une fraction de seconde. Malgré ça, je ne me sentais pas très à l'aise. Sans doute avait-il prévu de la voir aujourd'hui. Auquel cas il valait mieux que je m'éclipse au plus vite.

« Tu... Tu devais la voir ? »

Il ne saisit pas ma main tout de suite et un instant, je crois bien qu'il ne va pas le faire. Ce serait ennuyeux. Et puis, soudainement, il se débloque alors je lui souris comme pour l'encourager ou bien le remercier de sa civilité. Je crois que je suis soulagé de son attitude. Je le regarde avec une curiosité franche que je ne cherche pas à dissimuler. Nous ne nous ressemblons pas du tout, ni dans l'allure, ni dans le style. Il est bien habillé et a l'air sur de lui. Son anglais est impeccable. Je secoue la tête négativement à sa question en m'empressant de le rassurer. "Non, je oublié ma veste hier. Je dois " je fronce les sourcils en cherchant mes mots "j'aurais dois..." Fuck le conditionnel, sincèrement, je suis à peu près sur que ça ne se dit pas comme ça mais ma prof dit que le principal c'est de se faire comprendre. " j'aurais dois téléphoner. Désolé. Toi, tu la vois maintenant ? " En général, je prends la peine d'appeler ou d'envoyer un texto, justement pour éviter ça !

Un air amusé se peint sur mon visage et dans mon regard clair qui pétille parce que la situation est surréaliste. Nous savons tous les deux que nous sommes intimes avec Scylla, mais je n'arrive pas à avoir de jalousie à son égard. Pourtant, la relation avec la jeune femme m'est très précieuse mais elle est au-delà de ça, au delà d'une compétition que je ne souhaite pas. "Je pas rester. Juste ma veste, ok ? Je veux te dire merci pour la ramener ici après l'hôpital. Pas d'ascenseur ! Je préfère ce soit toi que moi ! " Je ris parce que c'est une plaisanterie, enfin j'espère que même avec mon mauvais anglais, il s'en rendra compte ! "Je trouve elle va mieux, non ?"

Le regard qu'il me porte me déconcerte un peu, je dois bien l'avouer. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Une étincelle brillante de curiosité de son regard et un grand sourire. Ce mec est mon opposé parfait. A première vue du moins. Nous ne nous ressemblons absolument pas. Il fini par répondre à ma question, désignant l'oubli de sa veste. Il hésite dans ses mots et je devine aisément qu'il ne parle pas bien anglais.

« Normalement oui, bien que je sois bien en avance. »

De plusieurs heures, en vérité. Je ne devais débarquer que tard ce soir. Peut-être est-elle occupée à se reposer ? J'aurais dû appeler avant, moi aussi. Il fini par me remercier alors que je ne m'y attends pas le moins du monde, tentant une plaisanterie qui étire légèrement mes lèvres.

« Me remercie pas, tu me revaudras ça un jour. » répondais-je en souriant un peu plus, appuyant ma plaisanterie. « Merci à toi d'avoir pris soin d'elle à l'hôpital. »

Et c'était sincère. Même si cela m'avait énervé lorsque j'avais débarqué à l'hôpital, j'étais content qu'il ai été avec elle. Au moins elle n'était pas seule. Et je ne doutais pas un seul instant qu'il avait bien pris soin d'elle.

« Elle va mieux, oui. Je crois qu'on s'assure tous les deux qu'elle ait tout ce qui lui faut et qu'elle prenne bien ses médicaments. »

Finalement, la tournure que prend cette conversation fait s'envoler naturellement ma gène. Ma jalousie se dissipe peu à peu d'elle-même. Je pense que nous avons tous les deux à coeur de prendre soin de Scylla, quitte à accepter l'autre. Je quitte son visage un instant pour fixer la porte, hésitant avant de finalement revenir à lui.

« Je pense qu'il vaut mieux qu'elle se repose. Si tu n'es pas pressé de récupérer ta veste, que dirais-tu d'aller boire un verre ? C'est moi qui offre. »

Nous verrons bien ce qu'il adviendra, mais ma curiosité est trop forte pour que je réfrène ma proposition. L'envie cachée depuis des semaines derrière son simple nom m'apportait bien trop de questions pour que je ne saute pas sur l'occasion de faire sa connaissance.

J'aurais pu ne pas le croiser et pourtant, voilà ma curiosité satisfaite plutôt que d'imaginer comment il est. Oh, pas que ça m'arrive très souvent, mais une ou deux fois je me suis interrogé sur lui. Particulièrement quand Scylla m'avait avoué quand elle avait été malheureuse à cause de lui, je dois l'admettre. La voir avec sa mine chiffonnée m'avait brisé le cœur.

Il comprend ma plaisanterie et mon sourire s'accentue. "Je porte les courses ici, ça compte ?" A son tour, il me remercie et je le trouve assez sympathique finalement. Je hoche la tête en répondant "Je travaille l'hôpital, la nuit. C'est facile de la voir. Avant et après le travail" Ce n'était pas vraiment un effort, en étant sur place, et en pouvant voir Scylla matin et soir, sans compter que j'avais à cœur de m'assurer qu'elle allait bien, mais aussi de la distraire un peu de ces longues heures d'hôpital où on est seul. Ce n'est pas réjouissant ces chambres aux murs vert d'eau lénifiant et à l'odeur aseptisée.

"Oui, tu t'inquiètes aussi mais je veille aussi. Comme toi. Je connais un peu de médeci...nal." Je montre mes côtes "ça ça fait mal, mais ça guérit bien. Je suis plus inquiet pour la tête. C'est plus long pour guérir. Elle a cogné fort. Il faut du repos." Je suis surpris par sa proposition mais ok, je suis partant. Oublions cette veste dont je n'ai pas tant besoin que ça dans l'immédiat. "D'accord. Si tu veux. Tu connais un endroit ? " C'est à lui de juger et puisqu'il dit être en avance, je ne vois pas d'objection,et je suis aussi curieux que lui de faire sa connaissance. J'aime bien que la vie soit simple, il n'y a aucune raison qu'on ne puisse pas s'entendre sous prétexte qu'on aime la même femme. "Tu habites le quartier ?"

Son sourire est communicatif, je dois le reconnaitre. Je ne réponds rien à sa remarque sur les courses, mais hoche la tête. L'un fait les courses, l'autre la ramène chez elle. Cette répartition des tâches me tire un nouveau sourire. J'apprends qu'il travaille de nuit, si bien qu'il était facile pour lui de veiller sur elle. C'est toujours bon à savoir.

Il enchaine avec les blessures de la jeune femme. Moi aussi, je suis inquiet pour elle pour sa commotion, mais j'essaie de ne pas trop m'en faire. Scylla est une femme forte. Comme il le dit lui même, il lui faut surtout du repos.

« Je suis aussi inquiet que toi. Mais ça va aller. Comme tu dis, il faut qu'elle se repose. »

Le temps guérit les plaies. Elle guérira. Peu importe le temps que ça faudra. Peu importe nos visites pour nous occuper d'elle le mieux possible. Au final, elle n'est jamais vraiment seule, il y a toujours l'un de nous qui veille sur elle. C'est mieux ainsi.

La surprise se lit sur son visage alors que je lui livre ma proposition. Vu la situation, rien de surprenant à ça. Il accepte tout de même, engageant un sourire plus franc sur mes lèvres alors que je l'invite à me suivre, reprenant les escaliers dans le sens inverse.

« Je connais un bar dans le coin. »

Je descendais les escaliers, veillant à ce qu'il me suive tout en lui répondant à nouveau.

« J'habitais. J'étais le voisin de palier de Scylla. C'est comme ça qu'on s'est rencontrés. Et toi ? »

Nous avons la même préoccupation, Scylla. Voilà un sacré point commun. D'un regard extérieur, nous avons l'air de deux personnes - presque deux amis - parlant d'une amie commune qui serait blessée et si on y réfléchit avec une once de recul, n'est-ce pas exactement le cas ? Les relations intimes n'y changent rien, ni le fait que l'amour plus que l'amitié nous lie chacun à Scylla. C'est très certainement son inquiétude et son intérêt manifeste pour la santé de Scylla qui me décide à accepter, encore plus que ma curiosité personnelle.

Je redescends donc l'escalier en restant dans son sillage, me laissant guider dans ce quartier que je ne connais pas si bien que lui visiblement. Comment expliquer ma rencontre avec Scylla. C'est très compliqué d'autant que je ne veux pas qu'il me prenne pour un fou, ou elle. Même si je n'aime pas mentir, je préfère édulcorer la vérité, ne racontant que la partie qui est réaliste. Le reste est entre Scylla et moi. "Elle m'a aidé. Je viens de Russie et j'ai eu des problèmes ici quand j'arrive. J'étais dehors avec des gros problèmes. J'ai croisé Scylla. Et Scylla ... elle est ..." Je souris, difficile de trouver le bon qualificatif pour décrire sa gentillesse, sa prévenance et ce sentiment d'inéluctable qui me lie à elle. "elle est spéciale. Maintenant, j'ai un travail et une chambre pas loin. Grâce à elle."


En sortant de l'immeuble, je lève le nez au ciel mais les nuages ne sont pas plus menaçants que tout à l'heure, alors je souris de ma bonne fortune. Léo nous emmène vers un bar non loin de là, je n'y ai jamais mis les pieds. J'ai très peu d'argent et je ne sors pas dans ce genre d'endroit. Mon seul lieu de dépense est la supérette ou le food trucks chez Fred's garé non loin de chez moi."Pourquoi tu habites ailleurs maintenant ? Voisin de Scylla, c'est bien, non ? "

J'écoute ce que le russe me raconte tout en descendant rapidement les escaliers, retrouvant l'air frais du dehors. J'inspire un grand coup la pollution du quartier, remettant mes idées au clair au passage sur cette situation plus qu'étrange. Finalement, mon regard se repose sur le russe alors que je me grille une clope par automatisme, nous guidant jusqu'au bar à quelques pas d'ici.

Scylla l'avait donc aidé. Sacrément aidé visiblement. Je ne manque pas de remarquer son regard lorsqu'il parle d'elle. Il hésite, sourit comme un bien heureux. Je n'ai aucun mal à croire qu'il est amoureux d'elle, tout comme elle l'aime aussi. Une pointe de jalousie m'enserre le torse à cette simple constation, bien qu'une partie de moi est vraiment heureux de constater que les sentiments de Scylla à son égard son réciproque. Après tout, je lui avais fais beaucoup de mal, à ma Scylla. Beaucoup trop. Et je m'en mordais encore les doigts aujourd'hui. Au moins, lui avait été là pour la ramasser, pour lui offrir l'amour que j'avais été incapable de donner. Comment pourrais-je lui en vouloir ?

« Je vois ce que tu veux dire. »

Notre Scylla est spéciale, comme il dit. Je ne pourrais pas dire le contraire. Pas après tout ce que j'ai vécu avec elle, tout ce qu'elle a accepté de moi. J'étais même encore étonnée d'encore avoir le privilège de pouvoir partager sa couche, après tout ça. Alors de quel droit est-ce que je pourrais lui demander une quelconque exclusivité ? Sans parler de ma propre relation avec mon mari. Tout cela était un bordel sans non.

Je l'invite finalement à prendre place en terrasse pour pouvoir être libre de fumer tranquillement, m'asseyant face à lui en croisant mes jambes par habitude. Je fais signe au serveur pour qu'il vienne prendre nos commandes, levant les yeux vers lui après avoir ôter quelques boutons de ma veste pour être plus à l'aise.

« Un café. Long, noir, merci. »

Je le laissais prendre sa propre commande tout en tapant ma cendre dans le cendrier prévu à cet effet, prenant enfin le temps de répondre à sa question.

« Je n'ai pas eu le choix. J'ai aussi eu de gros problèmes. J'ai dû quitter mon appartement en urgence. J'aurais voulu rester auprès d'elle, croit-le bien. »

Mon regard se perd sur les traits de son visage marqué par le passé. Ce gars peu être le plus gentil du monde – ça se sent – je lis facilement tout ce qu'il a dû traverser. Entre fracassés, on se reconnait généralement assez vite.

« Qu'est-ce que tu fais dans la vie du coup ? »

PS:

Je souris quand il dit qu'il voit en quoi Scylla est spéciale. L'est-elle à ses yeux autant qu'aux miens, je ne veux pas entrer dans ce jeu de la comparaison. Nous avons chacun nos raisons propres de la voir particulière. Le point commun étant dans nos sentiments. Je sais bien que de nos jours, on cherche à tout rationaliser, mais j'ai tendance à penser que les sentiments ne s'expliquent pas toujours par une implacable logique ni par une succession d'arguments massue.

Quand le serveur arrive et après que Léo ait opté pour un café, je commande un coca-cola. Je suis surpris qu'il me parle de problèmes. A son allure, son attitude, il me semble glisser avec une telle facilité dans la vie que je suis étonné que quelqu'un comme lui puisse avoir des ennuis. Peut-être est-ce parce que j'ai toujours cette impression de galérer dans la vie, de devoir constamment me battre pour faire un pas quand les autres connaissent les règles du jeu. Je demande avec une empathie empreinte sans doute de trop de cette candeur qui prête à moquerie ou à indulgence selon les cas "et ça va mieux maintenant ?" J'ai vu Scylla souffrir de son absence et même si cette dernière m'a permis de me rapprocher d'elle, aujourd'hui je me sens en porte-à-faux avec son retour. J'ai longtemps nié le problème moral que ça me pose mais me voilà face à face avec mes contradictions. C'est déroutant, d'autant plus que je le trouve sympathique et tout à fait assorti à Scylla. Me voilà à penser qu'ils doivent former un joli couple. Le fait qu'il puisse penser que j'ai volé sa place me dérange et me mets mal à l'aise.

Heureusement sa question me sauve et je souris avec franchise soupoudrée d'une once de soulagement. J'aime mon travail même s'il parait dérisoire et je suis plutôt content de l'avoir trouvé, en partie grâce à Maggy. "Je fais le ménage à l'hôpital. A la laverie souvent ou pour les poubelles." Je n'ai pas de qualifications reconnues ici, et de toute façon, j'ai été trop longtemps en dehors du système pour prétendre à autre chose, sans compter que je parle mal anglais. Mais au moins, à l'hôpital, j'ai la sensation d'un travail utile, comme celui de la plus humble fourmi participant à la bonne marche de la fourmilière. Et puis les horaires me conviennent. Je passe bien sur sous silence mes arrangements délicats avec Maggy et la Bratva pour m'intéresser à Léo. "Et toi ?"

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