Anecdotes / Caractère

Magda, elle a ce qu'on peut appeler un caractère de merde. Elle dit qu’elle est difficile à cerner, mais soyons franc, c’est une chieuse de première catégorie. Par moment, elle peut être tout à fait joyeuse et agréable… Même si c’est plutôt rare tellement qu’elle est aigrie de la vie… Et la minute d'après, elle peut vous envoyer chier à cause d'une raison quelconque. Mais vraiment pour rien du tout, un regard qui lui a déplu ou juste une poussière sur son chemin. Elle a un petit côté bipolaire, ce qui fait que beaucoup de personne l’évite, ne voulant pas se prendre la tête avec elle. Mais à vrai dire, comme elle le dit si bien “elle s’en baleeeeeeeeeek totalement”. On peut cracher sur sa gueule, grand bien leur fasse, elle, ça ne lui fera pas un deuxième trou du cul. Elle se débrouille bien mieux toute seule, quand elle n'a pas de personnes dans ses pattes pour lui péter les couilles. Elle n'a pas beaucoup d'amis et peut les compter sur les doigts de la main. Mais elle sait qu'ils seront toujours là pour elle et inversement. On ne dirait pas comme ça, mais Magda, elle est prête à retourner paradis et enfer pour faire plaisir aux gens qu’elle aime, peu nombreux qu’ils soient.

Magda a beaucoup de choses à raconter. Et elle aime les exprimer de manière forte. Grande gueule, elle n'hésite pas à hausser le ton pour faire valoir ses idées. Et ne venez surtout pas la contredire, elle est persuadée d’avoir toujours raison sur tout. Elle est affreusement têtue et aura toujours le dernier mot. Vous pouvez en être sûr ! Et puis, Magda, elle est incapable de parler sans jurer. Elle a un vocabulaire pour le moins fleuri et original…

Elle aime aussi montrer ses valeurs. Mais ces dernières sont très simples. Magda ne demande pas grand choses dans la vie. Du moment qu'elle a un toit, de la nourriture et de quoi se couvrir, cela lui suffit. De plus, la jeune femme est très économe. Elle ne voit pas à quoi cela sert de gaspiller son argent dans des futilités comme une huitième paires de chaussure par exemple. Pour sa part, elle en trois et elle trouve déjà que c'est trop ! Toujours sur des questions de valeurs, elle est très attachée aux traditions. Même les plus petites ! Comme celle de fumer une cigarette sur son balcon tous les matins. Par tous les temps, la jolie blonde fera ce geste qui est devenue son habitude. Et si jamais elle ne le fait pas, elle sera de mauvaise humeur pour toute la journée (et déjà qu'elle l'est généralement ...).

Magda est très terre à terre. Elle sait comment sont les gens, comment est le monde. Elle ne s'est jamais imaginé de grandes histoires ... Elle n'en voit pas l'intérêt. Passer son temps à rêvasser ? Tout cela est tellement une perte de temps et c'est surtout désillusoire. On finit toujours déçu quand on descend de son petit nuage. C'est comme tous ces gosses de riches par exemple ... Magda en a toujours eu horreur. Elle les déteste tout simplement. Ces personnes qui vivent grâce à la carte de bleue de papa, qui se croient tout permis et qui se lamente sur les difficultés de la vie ? Elle n'a envie que d'une chose c'est d'arracher leur sourire d'éternel satisfait de leur visage.

La jeune femme a encore beaucoup de défauts. Elle est extrêmement impulsive. Elle dit ou fait toujours ce qui lui passe par la tête, sans prendre vraiment le temps de se demander si c'est la meilleure solution.

Mais pourtant, tout ce côté agressif, n'est qu'une carapace. Quand on la connait bien et qu'on arrive à sympathiser avec elle, on peut s'apercevoir que Magda est une personne charmante. Certes, elle restera toujours un peu bougon, mais elle n'hésitera pas à parler ou rire avec les gens qu'elle apprécie. Elle préfère juste rester sur ses gardes et se montrer désagréable au premier abord pour éviter de tomber sur de mauvaises personnes. Mais une fois qu'on est ami avec elle, c'est pour la vie et on accepte ses petits défauts, on finit même par remarquer qu'elle peut se montrer comique ! Elle dit souvent qu'elle aime personne, mais c'est totalement faux, c'est juste pour se protéger, trop s'attacher et souffrir.

Voilà, Magda est une chieuse. Mais c'est comme ça qu'on l'aime.

Histoire

Le rêve américain. On en entend parler depuis des années, sans jamais que ça vieillisse. Quelques soit la décennie, il y a toujours quelque chose qui pousse quelqu'un à quitter son pays natal pour rejoindre cette soi-disant terre sacrée. Mikhail et Sonya Azarov faisaient partis de cette population à vouloir une vie meilleure. Ce qu'ils savaient de ce pays, c'était ce qu'ils voyaient à travers leur petit écran de télévision : une jeunesse libérée, du soleil, de l'argent, de l'abondance... Du bonheur. Ils ne se doutaient pas que tout cela n'était que la partie immergée de l'iceberg et que ce n'est qu'une image dorée qui est vendu pour faire envier les plus nécessiteux. En soit, ils n'étaient pas malheureux dans leur petite bourgade de la Russie, mais l'herbe est toujours plus verte de l'autre côté du pré et ils voulaient y goûter. Des passeurs, ce n'était pas ça qui manquaient. Des gars qui prenaient une fortune pour faire traverser des passagers clandestins au fond d'un vieux cargo puant la morue. Le couple y avait mit toute leurs économies, mais ils y trouvèrent une place et après quelques semaines en mer, ils posèrent enfin un pied à New York. Ils allaient pouvoir commencer leur vie de rêve.

Ils s'installèrent dans le quartier de Brooklyn, Brownsville plus précisément, pour commencer. Sans papiers, sans argent et sans travail, ils ne pouvaient pas vraiment se permettre autre chose. Mais tout cela ne serait que temporaire... Si seulement. Mikhail eu un job, en tant que livreur de journaux. Même s'il avait eu un joli diplôme de professeur dans son pays, sa condition d'immigré le rendait invalide. Sonya resta à la maison, car elle était enceinte et voulait rester s'occuper de son enfant. La jolie Kathy pointa son nez un soir de novembre et même si leur situation ne s'était pas régularisée, le couple était heureux comme jamais. Mikhail bossa dur pour pouvoir améliorer leur situation, même si leur rêve américain avait mit les voiles depuis bien longtemps. Maintenant, ils ne se contentaient plus de se hisser au top, mais juste de survivre. Ce fut 6 ans et demi après la naissance de Kathy que Magdalena pointa le bout de son nez. Une grossesse pas vraiment prévue, vue trop tard pour avorter, mais une enfance qui ne manqua pas d'amour. Magda grandit entourée de ses parents, sa grande soeur, chacun essayant de prendre ce qu'il y avait de mieux dans la vie et montrant à la plus jeune qu'il fallait rester positifs malgré les emmerdes.

Etre positif, c'est bien beau, mais la jeune Magda eu six ans quand elle comprit la notion d'injustice. Elle se souvenait parfaitement de ce jour, et s'en souviendrait sûrement jusqu'à sa mort. Sa soeur était sortie traîner avec des amis, sa mère préparait le repas pendant que le père regardait la télévision et que Magda essayait de faire ses premières additions. Un tableau banale d'une famille classique. Si ce n'est que tout bascula quand la police de l'immigration débarqua chez eux. Un connard de voisin raciste avait dénoncé les parents de Magda, disant que c'était des immigrés clandestins. Même s'ils étaient présents sur le territoire américain depuis longtemps, leur situation n'était pas régularisée. Aux Etats-Unis, on aime que ceux qui ont leurs papiers. Les parents ne purent même pas avoir d'avocats, ils ne purent pas se défendre. On les mit de force dans un avion. Retour à la case départ. Magda n'avait que six ans à l'époque, mais elle ressenti cette notion d'injustice, de colère, de déception et dans sa petite caboche, elle commençait à se dire que le monde n'était pas aussi beau que ce que ses parents disaient.

Kathy et Magda auraient pu rentrer en Russie avec leurs parents, elles pouvaient aussi rester sur le sol américain, étant nées ici. Elles n'eurent pas le loisir de prendre cette décision, car un juge jugea qu'il était plus judicieux pour elles qu'elles aillent en famille d'accueil. Les familles d'accueil, c'est un peu comme la roulette russe, tu as cinq de bien pour une de merdique. Les filles n'eurent pas de chance sur ce coup. Elles étaient tombées sur une famille qui accueillaient juste quelques gosses paumés en l'échange d'un beau chèque de l'état. Elles apprirent rapidement à se débrouiller par elle-même et surtout à se forger un caractère. Quand on vit dans une jungle avec cinq autres gamins, on ne doit pas se laisser marcher sur les pieds. Souvent Kathy sortait, moins elle passait du temps au domicile, mieux elle se sentait. Quand elle rentrait, elle trouvait souvent Magda, postée dans son coin, parce qu'un plus grand lui avait encore fait des crasses. C'est sa grande sœur qui lui apprit à se battre, à lui montrer comment utiliser ses poings pour qu'elle arrête d'être une victime. Plus le temps passait, plus la personnalité de Magda s'affirmait. De petite fille pleine de rêve, elle devint une ado détestable, insolente, vulgaire et pleine de désillusion. Il y avait surtout ce sentiment d'injustice, qui ne la quittait jamais.

L'injustice n'avait pas fini de frapper à la porte des soeurs Azarova. Kathy, c'était une gamine adorable, mais une gamine imprudente, qui aimait se frotter aux mauvaises personnes, au sens figuré, comme au sens propre. Elle aimait jouer aux grandes filles, aller traîner avec des personnes bien trop vieux pour elle, se faisant passer pour une fille qu'elle n'était pas. Kathy, elle aimait bien attirer les regards, faire naître des envies. Il a suffit une fois où elle a joué un peu trop, un connard qui ne sait pas prendre non pour une réponse, des repousses qui n'étaient pas assez fortes pour que la vie de Kathy soit changée à jamais. Il n'y a rien qui justifie un viol et pourtant, certains disaient qu'elle l'avait bien mérité, cette sale petite connasse. Magda n'avait que neuf ans à l'époque, mais encore une fois, elle fut remplie de haine et de sentiment d'injustice pour voir la manière dont on traitait sa sœur. Heureusement, le connard qui avait fait ça finit en taule, mais c'était trop tard, Kathy était brisée.

Kathy n'était plus que l'ombre d'elle-même. Alors qu'avant c'était une jeune femme souriante et fougueuse, elle s'isolait des journées entières. Les rôles ont été inversés et cette fois-ci, c'est Magda qui s'occupait de sa sœur, la protégeant des autres gosses de la famille d'accueil l'insultant de tout les noms. Quand Kathy eut 18 ans, elle fut virée de la famille d'accueil. Elle avait bien quelques sous en poche, le peu que l'aide sociale à l'enfance lui donnait, mais ce départ fut difficile. Surtout pour Magda qui se retrouva séparée de sa soeur. Cependant, elles s'arrangeaient toujours pour se retrouver. Magda dormait de moins en moins au domicile, squattant plutôt l'appartement de sa sœur. Ensemble, elles discutaient pendant des heures, jusqu'à ce qu'elles en tombent de sommeil.

2013, une autre année qui allait changer la vie de Magda. Marion, le connard violeur, demanda une conditionnelle. Kathy devait parler, donner son accord. Pour Magda, il était clair et net que ça allait être un refus. Ce connard méritait de rester en taule. Neuf ans, ça n'était pas assez. Il avait le profil du gars qui n'avait pas fait ça qu'à une seule fille, le profil de gars qui partout où il passe, détruit de vie. Contre tout attente, Kathy accepta la libération de Marion. Magda ne comprenait pas. C'est bien des années plus tard qu'elle découvrit que c'était Van, le mentor du tatoué, qui avait fait pression sur sa sœur, sans quoi, Magda pourrait mourir. Kathy était déjà fragile psychologiquement. Savoir que Marion était de retour à la liberté, qu'il pourrait reposer ses mains sales sur de nouvelles filles. C'était trop pour elle. Elle choisit la fuite, la mort et fini par se passer la corde au cou.

Magda n'avait plus ses parents, plus sa sœur et plus d'espoir. Elle avait toujours ce même sentiment d'injustice qu'elle n'arrivait pas à faire passer. Allez savoir pourquoi elle avait choisit avocat comme voie. Magda, elle parlait haut et fort, c'était une gueularde. Alors, elle se disait qu'elle pouvait mettre sa grande gueule à disposition de ceux qui en avait vraiment besoin. On ne pouvait plus rien pour elle, mais ce n'est pas pour autant que d'autres personnes devaient être dans la merde. Peut-être était-ce une manière d'essayer de retrouver un minimum d'espoir, tapi au fond d'elle ? Elle-même ne le savait pas. Elle était très jeune quand elle avait fait ce choix de carrière, mais elle n'en changeait pas et se concentra sur ses cours, plutôt que d'aller fumer des joins sous les gradins du stade et flirter avec Pete, le joli footballeur.

Quand t'as dix-huit ans et que tu vis en famille d'accueil, tu as deux cas de figures. Soit la famille t'aide encore un peu, soit t'es mis à la porte. Mais bon, on a déjà vu auparavant que Magda n'avait pas eu de la chance avec ça. A peine avait-elle souffler les bougies, qu'elle n'avait pas vraiment eu, elle était flanquée à la porte, ses fringues miteuses dans un sac poubelle. Elle avait l'argent de l'aide sociale pour se payer un loyer dans un appart miteux, un début de bourse... Mais c'était tout. Elle était bien dans la merde pour ses études de droits.

Une vieille pote du lycée l'avait rencardé sur un plan pour trouver de la thune facilement. Le patron d'une boite de strip tease cherchait de nouvelles poules. C'était au Naughty H. La boite de Marion. Elle préférait crever que bosser pour cette merde. Pourtant, maintenant que l'idée avait été envisagée ne serait-ce qu'une micro-seconde, Magda réfléchissait. Depuis la mort de sa soeur, elle réfléchissait à un moyen pour faire payer Marion. Elle ne savait pas comment, elle ne savait pas quand, mais elle voulait le faire. Ne dit-on pas qu'il faut être proche de ses amis et de ses ennemis encore plus ? Magda, c'était le genre de fille qui prenait les dictons au pied de la lettre. C'était idiot comme manière de procéder, mais parfois, le désespoir pousse à faire des choses stupides. La première fois qu'elle l'a vu, elle avait envie de le planter. Mais elle avait retient ses pulsions et passer son entretien. Ce connard n'avait même pas capté qu'elle avait le même nom de famille que Kathy, il devait s'en foutre. Obtenir un emploi là bas ne fut pas très compliqué et dès le lendemain, Magda pu y travailler. Elle osa même frôler l'insolence en choisissant Kat' comme nom de scène. Sa manière à elle de continuer à faire vivre sa sœur.

Les années passent lentement et Magda vient juste de fêter ses vingt ans. Le jour, elle est une étudiante en droit comme les autres. Elle évite de trop se mêler aux autres élèves, se contentant de faire son travail et de le faire bien. Elle a choisit le droit des étrangers comme spécialité, pour pouvoir permettre à certains d'avoir la chance que ses parents n'ont pas eut. En parlant d'eux, elle est souvent rentré de nombreuses fois en Russie, pour les voir. Elle a souvent songé à rester, mais d'une manière ou d'une autre, elle finit toujours par s'y ennuyer et revient à Brooklyn. Concernant son boulot de strip-teaseuse, elle n'a toujours rien fait pour mettre Marion dans la merde. Elle se contente juste de le faire chier le plus possible en l'envoyant se faire foutre chaque fois qu'il lui demande de faire plus que de l'effeuillage. Ça lui récolte souvent quelques bleus, qu'elle sait cacher comme il faut. Les jours passent et sa rancœur ne fait que grandir. Son désespoir aussi. Magda commence à se dire qu'elle n'arrivera jamais à sortir d'ici.