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You should see me in a crown. | Marion
Marion Marshall
Messages : 255
Date de naissance : 16/08/1983
Occupation : propriétaire des Naughty et Purple H, Dieu de la Barre, proxénète, ordure, criminel notoire et déchet de l'humanité à ses heures perdues.
Localisation : au Naughty H, au Purple, ou entre les cuisses d'une pute, l'un pouvant se combiner à l'autre.
Marion Marshall
Big bad wolf
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Date de naissance : 16/08/1983
Occupation : propriétaire des Naughty et Purple H, Dieu de la Barre, proxénète, ordure, criminel notoire et déchet de l'humanité à ses heures perdues.
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Sam 24 Aoû - 13:27

Marion Marshall

Open wide, now don't you waste it.

You should see me in a crown. | Marion 2E9voRY
NOM ET PRENOM : Marion Marvin Marshall. AGE : 36 ans. DATE ET LIEU DE NAISSANCE : 16 août 1983.  Pur produit de Brooklyn : conçu sur le capot d'une voiture miteuse dans les bas-fonds du quartier, pondu au Brookdale University Hospital and Medical Center. ORIGINES : Bâtard type pot-pourri : du sang américain, indéniablement, et quelques vieux relents d'Europe et de Mexique qu'il tiendrait de son géniteur. ACTIVITÉ : Propriétaire du Naughty H et du Purple H ; accessoirement Dieu de la Barre. Il masque plus ou moins bien - et plus ou moins volontairement - derrière la légalité de ces entreprises le commerce de chair qu'il tient à Brooklyn. Trafiquant sexuel, proxénète, PIMP, ordure et déchet de l'humanité à ses heures perdues. STATUT CIVIL : Il se considère constamment célibataire, sans jamais réellement l'être. Il y a toujours, pendue à son cou, une fille bien trop jeune et bien trop douce pour lui, qui n'a pas conscience qu'il se lassera bientôt de ses grands yeux clairs, de ses lèvres pleines et de la chaleur de ses cuisses pour aller trouver un autre trou dans lequel se vider régulièrement. D'un point de vue strictement légal, Marion est marié à son meilleur ami qu'il a épousé juste pour rire un soir d'idées lumineuses dans la Ville du Vice. Le divorce n'a jamais été prononcé. DATE ET CIRCONSTANCES D'ARRIVÉE DANS LE COIN : Né à Brooklyn, dressé au crime, élevé au vice. Il quittera le quartier entre quatre planches, crèvera d'un malheureux cancer, d'une mauvaise cirrhose, ou d'une balle bien méritée. GROUPE : Silver Dollar & Copycat You should see me in a crown. | Marion 1813033127

AVATAR : Rick Genest - fio

Il fume exclusivement des Gitanes sans filtre qu'il consomme à l'excès, en tous temps, et quel que soit l'endroit où il se trouve. ◈ Marion ne supporte pas qu'on pointe du doigt son alcoolisme. ◈ Il a une voix sombre et grave, rendue rauque et râpeuse par le tabagisme. ◈ Marion conchie les végétariens. ◈ Il joue de la basse depuis gamin. ◈ Il a une passion dévorante pour tout jeu de cartes incluant de l'argent et est pratiquement imbattable au poker comme au rami. ◈ Plutôt doué en mécanique, Marion aime entretenir sa vieille Boss 429 Mustang dont il avait racheté la carcasse et le moteur rouillé à un vieux du voisinage, à vingt ans à peine. Il a travaillé lui-même à la customisation de sa Harley hardtail aux accents de chopper. ◈ Il voue un culte secret et inavoué à son chien. ◈ Il a fait une croix depuis des années sur son désir enfoui de fonder une famille. Il y repense parfois, quand il est trop saoul, trop seul, quand la fille dans son lit dort profondément sans se soucier de ce qu'il peut bien ressentir. ◈ Il a une peur viscérale et maladive des voyages en avion, si bien qu'il n'a jamais mis les pieds dans un de ces engins. Marion aime mieux se casser le cul à manger des kilomètres de bitume plutôt que de le poser dans un cercueil de ferraille volant à plusieurs centaines de mètres au-dessus de son asphalte adorée. ◈ Il est fou de Julia Roberts, son amour d'enfance, la femme de sa vie. ◈ Lecteur invétéré, on s'étonne souvent de la bibliothèque immense qu'il a chez lui. Il raffole des grands classiques de la littérature américaine et anglaise. ◈ Maniaque pleinement assumé, il est capable de vriller pour une trace de verre laissée sur le zinc de l'un des clubs. ◈ Marion déteste la solitude. ◈ Tatoué sur la quasi-totalité de son corps, y comprit les zones interdites aux mineurs, il n'a qu'un seul tatouage en couleur : un cupcake sur la fesse droite. ◈ Amateur de modifications corporelles, toutes les zones pouvant être percées y sont passées. Il n'a plus aujourd'hui qu'un bridge entre les yeux, deux septums dans la cloison nasale, et une échelle sous le sexe. Sa langue est coupée en deux pour mieux lui donner l'apparence du serpent que certaines vieilles grenouilles de bénitier voient en lui quand elles le croisent. ◈ Il vit dans un petit entrepôt d'une centaine de mètres carrés tout au plus qu'il a transformé en loft. Il range sa voiture et sa bécane au premier niveau, aménagé en garage, et a fait de l'étage un lieu de vie à peu près correct. Une odeur d'essence, de café et de cigarette y règne en permanence.



►  CHIEN MÉCHANT ◄



Ordure.              Connard.              Enfoiré.              Salaud.              Crevure.
                    Violeur.            Fils de pute.          De chien.            De rien.


C'est une corne d'abondance d'insultes et de vérités qui vient à l'esprit quand on pense à Marion. Il les encaisse, ces jolis mots, un sourire suffisant insupportable planté sur la gueule pour toute réponse. C'est qu'elles ne le touchent plus, ces poésies-là. Les beaux vers du genre paraissent ternes quand on y a été élevé.

Marion, il appartient à cette partie sombre et crasse de l'humanité qui fait franchement tache dans le décor, celle que les guides touristiques cherchent à cacher et que les grands de la ville voudraient planquer sous le tapis. Pur produit des bas-fonds de la Grosse Pomme, vicié jusqu'à l'os, l'estampille Made in Brooklyn en plein milieu du front, c'est pas bien beau comme carte postale, ni comme carte de visite. Marion, il a des airs de cadavre dans le placard et de mauvaise histoire qu'on raconte aux gosses en pensant que ça les clouera au pieu la nuit quand ça ne fait que les garder éveillés, apeurés par la moindre ombre floue au plafond de leur chambre. Il a des allures de croquemitaine sous les draps ou dans les ruelles. Il est loin, le visage du charmant voisin qu'on ne craint pas de croiser de nuit. Marion, c'est le genre de connard qu'on ne souhaite pas même rencontrer au grand jour de crainte que sa gueule ne fasse calancher l'arrière-tante.

On se sent devenir écologiste quand on le voit, du genre à manifester pour le climat et la survie des ours polaires anorexiques sur leur banquise fine comme un papier calque. On se trouve pris aux tripes, le cœur au bord des lèvres, l'envie furieuse de se battre contre une sorte de pollution ambiante qui semble émaner spontanément de sa personne, comme si son être entier irradiait une obscurité visqueuse et écœurante qui file la nausée et colle aux basques comme un vieux chewing-gum écrasé au sol. Marion, il laisse un arrière-goût dégueulasse de crime, de vice et de crasse où qu'il passe. Ça fait crisser les dents et se serrer les poings à s'en blanchir les jointures.

Il a le sourire désagréable et le regard arrogant de celui qui mériterait qu’on le frappe à s’en ruiner les phalanges pour faire disparaître ces expressions insupportables de son visage. Mais des coups, il en distribue bien plus qu’il n'en reçoit. Ça fait bien longtemps qu’on ne lui cherche plus de merdes, car tout le monde sait la force avec laquelle il répond. Marion, il est instable, changeant, comme la lune, comme les saisons. Il peut rire aux éclats une seconde et s’emporter l’instant d’après au point de briser des mondes, sa susceptibilité et son irritabilité chronique aidant. Il a dans le sang une chaleur cuisante venue d’ailleurs, de ces origines inconnues qui le rattachent à un géniteur qu’il n’a jamais vu. Ça grogne, ça gueule, ça gronde dans ses veines. Ça s’emporte pour un oui ou pour un non, pour un rien, habituellement. Marion, il frappe d’abord, parlemente ensuite, et frappe encore si on tente de lui faire dire qu’il avait tort. Il n'a jamais tort. Et ceux qui disent le contraire finissent par entendre raison quand il gâche le décor à grand renfort de dents pétés et de nez éclatés.

Marion, c'est un chien galeux, un rat enragé, un cafard increvable, une vermine intelligente. Il en serait pas là s'il avait été con, s'il n'avait pas eu un peu d'esprit et de jugeote. Ça étonne, d'ailleurs, qu'un type qui s'exprime principalement avec ses poings sache tenir des conversations philosophiques. Ça crève les tympans d'entendre ses lèvres cracher des références littéraires plutôt que des insultes. C'est pas naturel pour un gars des bas-fonds de savoir causer proprement et argumenter ses pensées dérangeantes. Mais il avait toujours aimé lire, Marion, ça avait aidé. Gosse, ça lui donnait l'impression de s'échapper ; adolescent, ça compensait l'école arrêtée trop tôt ; à l'ombre, ça permettait d'oublier les quatre murs qui l'étouffaient. Avec une histoire différente, il aurait pu exploiter son intelligence différemment. Il serait devenu quelqu’un de décent, un homme d’affaires avec un bon compte bancaire, une voiture hybride et une jolie femme. Une blonde, une vraie blonde. Petite et mince, la poitrine ferme et le ventre plat, un sourire d’ange et des doigts qui lui auraient fait oublier le monde. Il lui aurait fait un gosse, ou peut-être bien deux. Un garçon pour lui apprendre tout ce qu'il savait, puis une fille à protéger et à faire rire aux éclats en lui disant qu'il poserait un champ de mines et attendrait son premier copain la carabine entre les mains. Marion, il aurait fait un bon père s'il avait été quelqu'un de bien. Mais ça fait trop longtemps que c'est plus le cas.

Il est craquelé de vices et de pêchés, ça lui fait éviter soigneusement les églises de peur que le cureton se mette en tête d'ériger un bûcher pour l'en laver. Le reste de son âme a des airs d'amas visqueux nourri au cancer qui ne lui permet pas franchement de songer au paradis. Il attend la damnation, Marion, avec une appréhension propre aux ordures qui lui ressemblent, celles qui ne sont pas sûres de ce qu'elles trouveront après la mort mais qui savent que la leur ne sera pas douce. Il est un peu paranoïaque, Marion, par instinct comme par pragmatisme. C'est plus simple de se méfier du monde que d’y porter une confiance aveugle et risquer la trahison à la première occasion. Les couteaux dans le dos sont gênants pour se mouvoir. Ceux qui ont essayé de lui en planter un s'en rendraient compte s’ils n’étaient pas prématurément partis bouffer les pissenlits par la racine. Il n'accorde pas sa confiance facilement. Elle se gagne à force de peines et de sueur. C'est qu'il fait partie de ces hommes cartésiens qui jugent par les actes plus que par les mots. Ceux qui se trouvent directement sous ses ordres savent qu'ils doivent leur place à leur mérite plus qu’à leur zèle. Il les berce d'un ersatz d'affection fraternel mais ne les pleurera pas le jour où ils passeront l'arme à gauche. Difficile de chialer, il s'est cramé les glandes lacrymales sur la dernière pute qui lui a défoncé le palpitant.

La réputation et le nom qu’il a se sont construits facilement. Il avait rencontré les bonnes personnes et avait toujours réussi à nouer facilement des liens avec les gens qui l'intéressaient. Sa force de caractère et son ambition le poussaient à ne jamais se satisfaire de ce qu'il avait, à vouloir toujours plus. Il veut tout, Marion. Et tout ce qu'il veut, il l'obtient. Ce n’est pas évident de lui dire non. Non, c'est d'ailleurs un mot qu'il n'accepte pas pour réponse. Non, c'est l'hésitation avant de flancher et de lui dire oui, de plier, de courber l'échine, de se mettre à genoux et d'ouvrir grand. Marion n’aime pas qu'on lui tienne tête. Il enfonce toujours et encore dans le crâne de ceux qui ne veulent pas l'entendre sa manière de voir les choses. Il impose son respect, ses règles, dans son monde, son empire, son quartier. Et tant pis si ça brise quelques dignités ou heurte certaines sensibilités dont il se fout royalement.

Marion, c'est le genre d'ordure repoussante qui attire irrémédiablement. Il a ce charisme, ce petit truc en plus qui perce son aura écœurante et donne envie de l'approcher, par simple curiosité, par connerie. Pour comprendre si oui ou non c'est le monstre qu’il donne l’impression d’être. Sa gueule pourtant, sa peau encrée, crient qu’il n’est pas quelqu’un de bien, pas une belle personne, encore moins une bonne personne. Marion, c'est le type d'enfoiré trop occupé à briser les reins, les cœurs et les gueules pour se soucier d'autre chose. Mais il a ce sourire charmeur, provocateur, carnassier, qui donne envie aux gonzesses et les fait regretter à l'instant où il se retire après s'être vidé en elles. Elles avalent difficilement l'évidence qui sautait pourtant aux yeux. Elles se sentent connes, humiliées, honteuses quand il se rhabille après les avoir tringlées, après leur avoir fait entendre qu’elles étaient rien de plus qu’un vide-couilles, et certainement pas le meilleur qu’il ait connu. Marion, il a toujours été trop franc, d’une franchise vulgaire, cynique et brûlante qui donne envie de l’insulter et de lui faire ravaler sa fierté et son orgueil. De ce dernier, il en a tant qu’il pourrait en revendre et faire pleurer Midas et Crésus. Il lui a joué plus d’un tour, a laissé quelques cicatrices. Mais il les a recouvertes de tatouages, comme chaque fois que son corps gardait une marque.

C'est facile de jouer les méchants quand on a la gueule de l'emploi. C'est plus simple que d’admettre qu’il y a encore une part d’humanité derrière le masque. Elle a une sale tronche, l'humanité. Atrophiée, prostrée, elle le fait parfois chialer la nuit, lorsqu’il il est seul, saoul, que son connard d'esprit se met à ressasser les vieilles querelles et événements enfouis. Il chiale encore. Comme un gosse. Malgré ses trente décennies passées et la quatrième qui lui fait signe au bout du chemin. Il repense à sa génitrice et à tous les mots qu'il aurait dû lui dire, à ceux qu'il aurait dû ravaler. Il repense à la Puce, à son sourire doux, à ce qu'il aurait dû faire pour l'empêcher d'encaisser tout ce qu'elle n’avait pas mérité. Il repense à cette fille, avec ses lèvres amoureuses, qu'il aurait dû demander en mariage quand il en avait l'opportunité. Il repense à ce pote qu'il a laissé canner sans broncher, parce qu'il y en avait d'autres à protéger. Toutes ces conneries le hantent. Les souvenirs, les fantômes des Noëls passés, les erreurs commises et celles qui auraient pu être évitées. Mais il les tait. Il ferme sa gueule, Marion. Il décuve, se rappelle qu'il a toujours raison, qu'il ne sert à rien de regarder en arrière, et se replonge dans l'alcool pour oublier.

Il a dans les veines une violence terrible qui infuse, une colère sourde qui gronde dans son âme et éclate à la moindre occasion. Marion, il aime provoquer, être impoli, balancer des crasses pour le plaisir de voir la personne s'offusquer, serrer les poings, serrer les dents, et ne rien faire de plus que ça. Parce qu'on ne fait pas grand-chose contre lui. On se fait petit lorsqu’on a plus d'un mètre quatre-vingt-douze de criminel notoire en face de soi. On détourne le regard et on avale sagement, on tend l'autre joue ou le cul, et on attend que l'instant passe, en priant pour que sa main de squelette ne vienne pas caresser trop violemment sa mâchoire ou que sa queue ne s'enfonce pas trop profondément sans la moindre douceur. Il a besoin de ça pour se sentir exister, pour avoir encore l'impression d'être là, de ressentir quelque chose. Marion, il est mort depuis longtemps, à tel point qu'il est même plus capable de se souvenir s'il a un jour été vivant.
Halloween
You should see me in a crown. | Marion FzOCp1ba_oYou should see me in a crown. | Marion FzOCp1ba_o
Marion Marshall
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Date de naissance : 16/08/1983
Occupation : propriétaire des Naughty et Purple H, Dieu de la Barre, proxénète, ordure, criminel notoire et déchet de l'humanité à ses heures perdues.
Localisation : au Naughty H, au Purple, ou entre les cuisses d'une pute, l'un pouvant se combiner à l'autre.
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Occupation : propriétaire des Naughty et Purple H, Dieu de la Barre, proxénète, ordure, criminel notoire et déchet de l'humanité à ses heures perdues.
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Sam 24 Aoû - 13:28

 EXPLICIT CONTENT
Certaines scènes décrites peuvent heurter la sensibilité.




CHAPTER ONE.
I'm sorry Mama, I never meant to hurt you.


Marion n'était pas prévu. Sa génitrice n'avait pas les épaules pour être mère ; elle n'en avait que les hanches, suffisamment développées pour faire rêver les hommes lorsqu'ils s'y accrochaient fébrilement en la prenant dans les toilettes d'un bar ou d'une salle de concerts. Holly était une jolie fille. Une grande brune à la silhouette élancée, aux yeux sombres, dont le rire faisait s'enamourer les dieux. Une belle plante qui rêvait secrètement, derrière le comptoir du café où elle travaillait, de devenir chanteuse. Elle collectionnait les musiciens ratés dans l'espoir d'atteindre les sommets, qu'ils l'emmènent dans leurs tournées et lui fassent découvrir ce monde auquel elle aspirait tant. Elle refrénait ses larmes lorsqu'ils remontaient dans leur camion, continuaient leur misérable vie de grandeur en laissant la jolie Holly sur le carreau, sur le trottoir.

Marion n'était pas prévu. C'était l'accident bête, une stupide erreur. Il avait suffit d'un coup de reins de trop, d'un râle de plaisir étouffé dans le cou de la petite serveuse qui, paniquée, avait brutalement repoussé le corps du Mexicain qui l'avait faite jouir quelques secondes plus tôt. La jolie Holly avait remonté sa culotte, le cœur au bord des lèvres, et s'était éloignée en lui hurlant qu'il n'était qu'un connard. Lui, il s'était contenté de la traiter de putain, de reboucler sa ceinture et de tracer son chemin, fier de s'être vidé les couilles, ignorant tout du rejeton qu'il ne connaîtrait jamais.

La jolie Holly avait continué à travailler dans son petit café jusqu'au dernier moment de sa grossesse. Elle avait essuyé les hochements de tête moralisateurs des clients qui trouvaient révoltant qu'une gamine seule se soit laissée foutre en cloque. Elle avait ignoré les commentaires écœurants que son patron susurrait à son oreille chaque fois qu'il maintenait sa tête fermement pressée sur son bureau et inscrivait furieusement des mouvements de va-et-vient entre ses cuisses frêles. Elle avait laissé son ventre s'arrondir quand la maigreur creusait chaque semaine un peu plus le reste de son corps. Elle avait attendu, léthargique, que la poche des eaux se rompe, que son corps se déchire pour mettre au monde cet enfant dont elle ne voulait pas. Elle avait même poussé un soupir de soulagement en entendant le silence salvateur qui suivit son dernier cri de douleur. Car Marion était né tout bleu, déjà mort. Tout aurait été plus simple pour la jolie Holly si le médecin qui l'avait accouchée ne s'était pas mis en tête de ramener son fils à la vie.

Marion était la résultante accablante d'un malheureux faux pas. Et la jolie Holly s'en accommoda de la plus belle des manières : elle continua sa petite vie bancale sans prendre en compte le dommage collatéral qu'était le gamin. Elle nouait jour après jour son tablier autour de sa taille trop fine, persévérait dans ses relations avec des artistes minables qui se contentaient de rejeter sa jupe avant de la laisser en paix avec ses larmes, continuait d'aspirer à sa carrière de chanteuse qui ne viendrait jamais quand elle était incapable de fredonner un simple air pour aider son propre gosse à dormir. Ce n'était pas qu'elle le haïssait. C'était qu'elle était incapable de l'aimer, tout simplement. Maigre nuance qui suffisait pourtant.

Marion n'aurait jamais dû survivre. Il aurait dû se noyer dans la merde dans laquelle sa génitrice le laissait, s'étouffer dans le vomi qu'elle n'essuyait jamais au coin de ses lèvres, se dessécher par manque du lait maternel qu'elle ne lui accordait pas alors qu'elle laissait la bouche de tous les hommes du coin s'affairer brutalement sur ses seins. Mais Marion ne canait pas. Le gamin se contentait de pleurer et de vivre. C'était mieux que rien. Pire que tout.
Les enfants intelligents s'élèvent seuls. Et Marion était de ces progénitures-là, de celles qui ont suffisamment de jugement et d'adresse pour comprendre rapidement et s'adapter à leur environnement, aussi branlant soit-il. Il avait appris à marcher sans qu'on ne l'aide pour s'éloigner des pieds trop grands des amants de sa mère, qui ne faisaient pas attention à ses mains quand il jouait au sol. Il avait assimilé la marche à suivre quand il retrouvait la jolie Holly qu'il aimait tant échouée dans l'allée devant leur mobile home délabré parce que ses jambes n'arrivaient plus à la porter. La faute à l'alcool, la faute à la drogue. Il frappait sagement à la porte d'un voisin ou d'un autre et attendait qu'on vienne relever le nez de sa génitrice de la boue pour la poser dans son lit, et parfois retrousser sa robe pour s'enfoncer entre ses cuisses émaciées sans qu'elle n'en soit pleinement consciente.

Et Marion qui n'était pas prévu grandissait, devenait un gamin teigneux qui menaçait de briser les chicots de tous les salauds qui touchaient la jolie Holly et l'entretenaient au crack. Il serrait les dents quand il se prenait des claques de la part de tous ces beaux-pères dont il n'avait même pas le temps de retenir le prénom. Il ne savait pas encore ses tables de multiplications mais usait déjà de ses petits poings pour intimider ses camarades d'écoles et leur soutirer ce qu'il pouvait. Il était incapable de réciter de tête une poésie mais connaissait toutes les insultes possibles, qu'il crachait à la gueule des flics qui le ramenaient par le col jusqu'au seuil de leur petite maison en ruines. Ils se contentaient de hocher la tête, moralisateurs, quand ils voyaient la jolie Holly récupérer son marmot et fermer la porte. Ils tournaient les talons en marmonnant qu'elle n'était décidément qu'une putain de camée alors qu'ils lui étaient passés dessus plus de fois que Marion ne pouvait le compter sur ses petits doigts.





CHAPTER TWO.
I'm one step closer to the edge, and I'm about to break.

Marion avait cessé de compter les fois où il avait claqué la porte de la maison après une énième dispute, priant pour que ses murs s'écroulent une bonne fois pour toute sur ceux qui y restaient. La jolie Holly, qui ne l'était plus tant, ne bronchait jamais quand son rejeton finissait plaqué contre un mur par le connard de dealeur qui la ramonait chaque soir parce qu'il en avait assez de se branler seul. Lui, il souriait, attendait que le souffle de Marion se coupe, que ses yeux s'embuent de larmes pour le relâcher et le traiter de pédale. Le gamin devenu adolescent terminait toujours de la même manière : il rabattait sa capuche sur son visage tuméfié, traçait son chemin jusqu'à la maison de son meilleur ami et demandait dans un grommellement s'il pouvait y pioncer pour une nuit. Stew le laissait toujours entrer, lui servait un peu du ragoût que sa mère faisait en trop grande quantité parce qu'elle sentait quand Marion passerait, et attendait que la nuit se transforme en pluriel, en semaines.

Marion enchaînait les petits boulots minables pour pouvoir payer ses cigarettes qu'il crapotait en se pensant grand ; les cordes de sa basse qu'il usait trop vite tant il en jouait ; les places de cinéma pour emmener les filles qui lui plaisaient voir un mauvais film en espérant leur soutirer un baiser quand les lumières seraient éteintes, parfois plus. Il s'assumait lentement, seul, par tous les moyens en sa possession, pour compenser l'argent de poche qu'il ne percevait pas de sa génitrice. Il faisait payer ses coups de poings dans la cour du collège et se battait à la place de ceux qui donnaient le plus ; récoltait quelques deniers en échange de services divers ; vendait une fortune des dragées qu'il faisait passer pour de la drogue à ses camarades qui lui juraient le lendemain avoir vécu le trip de leur vie ; refourguait contre une belle poignée de dollars les magazines pornographiques du connard de dealeur qui se tapait la jolie Holly, qui ne l'était plus tant. Il rêvait secrètement, en lavant les voitures de riches ou en tondant leurs pelouses, de devenir artiste. Sa passion pour la musique était bien la seule chose que sa mère lui avait transmise. Et il était persuadé qu'elle ne l'avait même pas prémédité, qu'elle regrettait de lui avoir refourgué ce don héréditaire qui lui cassait les oreilles quand elle voulait dormir, trop crevée par son crack et par les coups de reins de son connard de dealeur.

Sa génitrice n'avait pas prévu la Puce. Un nouvel accident bête, une erreur qu'elle n'avait pas résolue assez tôt. Il avait suffi d'un va-et-vient de trop, d'un râle de plaisir dans le cou de la camée qui, trop faible, n'avait pas réussi à repousser l'Américain qui ne l'avait pas faite jouir quelques secondes plus tôt. La jolie Holly, qui ne l'était plus tant, avait remonté le drap sur sa poitrine fébrile, le cœur au bord des lèvres, s'était retournée dans son lit en murmurant à celui qu'elle disait aimer qu'il n'était qu'un connard. Elle avait attrapé sa pipe, allumé son crack, et s'était laisser happer par la drogue. Lui, il s'était contenté de la traiter de putain, d'essuyer sa queue sur son cul et de tracer son chemin jusqu'au frigidaire, fier de s'être vidé les couilles, fier de savourer la bière qu'il pensait bien méritée.

La Puce avait quinze ans de moins que Marion, et elle n'était pas vraiment sa sœur, pas pleinement sa sœur. Mais il l'aimait, cet imprévu, cette erreur stupide qui illuminait un peu ses journées et rendait la maison moins monotone. Ou en tous cas plus viable. Elle était jolie, la Puce, avec ses grands yeux innocents qui n'avaient pas encore compris la vie et ses joues roses de poupon. Il était seul à s'en occuper, pour compenser l'attention et l'amour que lui n'avait jamais reçus, pour lui éviter l'enfance qu'il avait connue. Il courait chaque fois à en perdre haleine pour rentrer à temps lors de sa pause déjeuner, la nourrir, et usait à nouveau ses poumons sur le chemin du retour vers l'école. Marion n'avait pas tenu ce rythme bien longtemps et avait abandonné les bancs scolaires une fois l'âge obligatoire passé pour pouvoir rester plus longtemps près de ce petit bout d'être qu'il aimait tant, ce petit bout de rien.

Marion avait négocié un emploi misérablement payé dans un garage trois pâtés de maisons plus loin. Il faisait son travail correctement, était formé décemment par un vieux Portoricain, et parfois payé un peu plus quand il mentait aux flics qui venaient l'interroger sur les choses anormales, illégales, qu'il voyait passer dans cet endroit qui puait l'essence, le gaz d'échappement et la corruption. Il jouait de temps à autres les petites frappes, recevait son obole, rentrait à la maison et attendait que le connard de dealeur qui avait engrossé sa mère lui fasse les poches et le portrait. Et il répétait à la Puce, quand il la changeait, quand il la berçait, qu'il ferait tout pour qu'elle devienne quelqu'un de bien, qu'il serait toujours là pour la protéger.

Vint le jour où le connard de dealeur qui avait tronché la jolie Holly, qui ne l'était plus tant, frappa un peu trop fort. Et Marion, qui avait tu tant de temps la colère qu'il gardait au fond de son être avait répondu, comme un imbécile. Il avait pourtant tenté de faire des efforts, au moins pour la Puce. De ravaler sa haine viscérale, de ne rien montrer de ses états d'âme pour ne pas paraître faible face à cet homme qui lui demandait si gentiment de l'appeler Papa chaque fois qu'il lui mettait une correction qu'il ne méritait pas. Et la mère qui ne bronchait habituellement pas, qui regardait faire, menaçait parfois dans le vent d'appeler la police, avait haussé la voix en voyant son rejeton faire voler quelques dents, quelques gouttes de sang de son connard de dealeur.
Marion s'était retrouvé à la rue pour toute récompense. Congratulé de ses efforts. Alors il avait enfoui ses mains dans ses poches, rejeté sa capuche sur sa tête pour masquer son arcade ouverte, sa lèvre éclatée, son nez brisé pour la centième fois, et avait filé jusqu'au garage pour supplier son patron de le laisser dormir là pour la nuit. Le vieux Portoricain lui avait donné les clés de la petite salle de repos derrière la réserve en lui disant qu'il pourrait rester aussi longtemps qu'il le souhaiterait, aussi longtemps qu'il travaillerait pour payer l'électricité et l'eau qu'il consommerait.

Marion faisait en sorte que son boulot soit irréprochable. Il effectuait sagement les missions qu'on lui confiait. Celles qui n'avaient rien à voir avec le métier de mécanicien, mais qui tachaient tout autant les mains et enseignaient les rudiments de la vie qu'il avait, de celle qu'il se figurait. Le vieux Portoricain l'envoyait souvent remplir quelques courses dans un bar à filles à l'autre bout de Brownsville. Un bar à putains. Où il voyait danser dénudées des femmes qui avaient le regard plein de rêves et la maigreur d'Holly, du temps où elle était encore jolie. Parfois, il attendait que Van, le proxénète et propriétaire des lieux, lui en offre une à son goût. Une blonde, toujours. Une vraie blonde, petite et mince, avec des yeux lumineux et des lèvres à s'en damner. Et Marion rentrait après l'avoir tringlée, s'être accroché furieusement à ses hanches, vidé dans un râle, après avoir rebouclé sa ceinture et immédiatement oublié son nom. Il retraversait le quartier, retournait arpenter les rues malfamées et allait frapper à la porte de sa génitrice pour passer un peu de temps avec la Puce.

La Puce ne parlait pas, malgré ses trois ans. Elle disait parfois son nom, et c'était bien le seul mot qu'elle prononçait. Marion était fier de ça. Fier de sa sœur, fier d'être son frère. Fier d'elle quand elle grimpait sur son vélo et qu'elle le conduisait comme un chef sur le goudron de la rue, sans les petites roues qu'il avait retirées un peu plus tôt. Fier du regard interloqué, amusé, ébahi qu'elle jetait aux tatouages dont il commençait à recouvrir son corps parce qu'il avait compris qu'il n'y avait rien de plus efficace pour masquer les cicatrices. Rien de plus efficace pour attirer le regard des gens et grappiller un peu de l'attention qu'on ne lui avait pas portée gamin.
Marion lui promettait avant de partir qu'il reviendrait bientôt, qu'elle n'avait rien à craindre, qu'il serait toujours présent pour la protéger. Il s'en allait en serrant les dents, serrant les poings, en recouvrant ses oreilles du casque de son walkman pour ignorer les insultes grasses du connard de dealeur qui baisait la jolie Holly, qui ne l'était plus tant, pour ne rien entendre du silence pesant qu'imposait sa génitrice, pour ne pas subir les cris de la Puce qui répétait son nom en pleurant.





CHAPTER THREE.
The smartest shit I did was take the bullets outta that gun.

Marion avait quitté le garage, le vieux Portoricain et sa salle de repos pour investir un studio miteux dont le parquet grinçait au moins autant que les ressorts de son matelas ; dont les murs étaient si fins qu'il entendait son voisin chier et la fille d'à côté mordre son oreiller quand un gars qu'elle ramassait dans un bar ou un autre la baisait. Il l'aimait bien, la fille d'à côté. Au point d'aller frapper à sa porte certains soirs où elle était seule pour lui tenir compagnie de l'unique manière qu'il connaissait. Elle ne le rejetait jamais, parce qu'elle cherchait autant que lui à boucher le trou béant qu'elle avait dans le cœur. Elle n'avait simplement pas compris qu'elle s'y prenait mal en acceptant que n'importe quel enfoiré bouche les trous qu'elle avait ailleurs. Marion se fichait pas mal de ça, satisfait d'avoir un coup facile à tirer chaque fois qu'il le voulait.

Il s'était rapproché du club pour se blottir un peu plus sous l'aile de Van, ce proxénète de malheur qui jouait les mentors et parfois les pères un peu chieurs. Il cumulait les affaires louches et les tatouages en nuances de gris, s'occupait docilement des besognes douteuses que le maquereau lui confiait, devenant tantôt videur, tantôt barman, souvent homme à tout faire, et le meilleur homme de main que Van ait jamais eu dans les siennes. Marion bossait bien, rapidement, sans piailler, sans minauder. Il distribuait les coups qu'on lui demandait de donner sans sourciller, apprenait à ne jamais prendre non pour réponse et faisait cracher à qui il voulait ce qu'il voulait bien entendre. Il était grand, suffisamment pour être intimidant malgré son âge. Il avait une hargne dans les yeux, une violence dans le souffle et une manière de se tenir qui intimait à ceux qui se trouvaient en face de lui de se tenir à carreau s'ils ne voulaient pas que lui les mette sur le carreau. Et quand il avait terminé son travail, Marion retournait au bar, les jonctions entre ses métacarpes et ses phalanges ouvertes à force d'avoir brisé des mâchoires et des arcades. Il s'asseyait dans un fauteuil et attendait que sa régulière vienne le saluer.

Il fricotait avec une des danseuses, une des putains. Une blonde. Une vraie blonde, petite et mince, qui se suspendait à son cou pour l'embrasser avec toute la passion que son âge lui permettait encore. Elle l'aimait, était folle de lui. Lui, il adorait son rire, son corps. Ses hanches saillantes auxquelles il s'accrochait avec virulence, ses lèvres qu'il écrasait de sa main pour étouffer ses gémissements par peur que Van les surprenne quand il la prenait rapidement avant qu'elle ne monte sur scène. Parfois, Marion la regardait danser, se déhancher autour de sa barre. Et il se fendait d'un rictus satisfait quand il la voyait serrer les cuisses durant ses petits numéros pour retenir le sperme qui menaçait de lui couler entre les jambes.
Elle avait un prénom de merde qui collait parfaitement à l'ironie de sa situation : Faith. Comme s'il y avait encore un peu de foi à avoir pour une fille comme elle, une gosse qui faisait le tapin mais se disait artiste parce qu'elle était trop conne pour réaliser qu'elle aurait pu percer dans une profession moins dégradante. Marion avait pensé plusieurs fois à lui passer la corde au cou, la bague au doigt. Mais il s'en empêchait. Parce qu'elle l'exaspérait ; qu'il avait trop souvent envie de la cogner pour lui faire ravaler ses caprices et ses crises de jalousies quand elle le surprenait à ramoner d'autres conduits que les siens ; et parce qu'elle n'aimait pas les gosses, au point d'avoir du mal à encadrer la Puce.

La Puce, il allait la voir régulièrement, la choyait comme la princesse qu'elle était à ses yeux. Il lui offrait des vêtements neufs, propres, l'emmenait parfois manger une glace qu'elle croquait avant de grimacer parce qu'elle lui glaçait les nerfs et la cervelle, la posait sur le siège conducteur de sa Mustang dont il retapait le moteur et la regardait essayer de tourner le volant en riant. Il la laissait tracer du bout de ses petits doigts les os qu'il avait fait encrer sur le dos de ses mains, jusqu'aux poignets, parce qu'il était persuadé que ces parties de son corps vieilliraient avant les autres à force de les user sur la gueule de ceux qui le méritaient plus ou moins. Il avait même ouvert un compte pour elle, à la banque, qu'il approvisionnait de quelques deniers en se disant qu'elle irait un jour à l'université, pour ne pas terminer comme Faith. Ou comme lui. Marion aurait tout donné pour que la Puce ne finisse pas comme la carcasse en putréfaction qu'il devenait lentement ; au point d'attendre avec impatience le jour de ses vingt-et-un ans, et celui où il pourrait enfin l'arracher à la jolie Holly, qui ne l'était plus tant, au connard de dealeur qui lui servait de géniteur, et au taudis en ruines qu'ils squattaient plus qu'ils n'habitaient.

Marion n'avait pas prévu que tout dérape et que son plan se brise en autant de morceaux que les os du connard de dealeur qui tronchait de moins en moins souvent la jolie Holly, qui ne l'était plus tant. Il avait arpenté les rues froides et lugubres du quartier de son enfance pour aller frapper à la porte de sa mère et faire acte de présence le soir de Noël, cette fête à la con qu'il ne célébrait que pour la Puce. Il avait vu rouge en la voyant prostrée sur le canapé, avec son ventre qui criait famine parce qu'elle n'avait rien avalé depuis plusieurs jours, dans son pyjama sale, sans chaussettes alors qu'il faisait tout aussi froid dans la maison délabrée qu'à l'extérieur, sans cadeau qui l'attendait au pied du sapin. Marion avait vrillé, viscéralement. Dans une colère monstre comme il ne s'en était jamais connue, il était allé chercher sa génitrice et l'enfoiré qui la ramonait pour l'attraper par le collet et le réveiller à grands coups de poings dans la gueule. Il s'était étonné que cette ordure soit en mesure de répondre vu l'était lamentable dans lequel il se trouvait. Il avait rit hystériquement quand son poing de camé s'était écrasé sur son visage qu'il avait tant de fois frappé. Pour couper court à toute discussion, Marion avait sorti son arme à feu, tiré une première fois à quelques centimètres du connard de dealeur, l'avait finalement braquée entre ses yeux en lui hurlant de lui donner une raison, une seule raison de ne pas le descendre de suite, devant sa mère qui pleurait toutes les larmes de son corps, le suppliait à genoux de ne rien faire de stupide. Jamais sa génitrice ne s'était mise dans cet état pour la Puce ou pour lui. Jamais la jolie Holly, qui ne l'était plus tant, ne s'était intéressée à autre chose qu'à son foutu dealeur, cet homme ingrat qui l'enfonçait jour après jour et lui faisait perdre la vie.
Il avait ravalé sa colère en entendant la Puce sangloter son nom, effrayée. Il l'avait regardée, dans son pyjama sale, sur le canapé taché, la tête dans les genoux et les mains sur ses oreilles pour se protéger du vacarme assourdissant qu'il faisait tant il gueulait. Il avait rangé son arme, la gorge nouée, l'estomac serré, le cœur martelant ses côtes. Il s'était doucement approché de la Puce, l'avait attrapée et était sorti en trombe de la maison en la tenant contre lui. En lui répétant d'une voix blanche et brisée que tout irait bien, qu'elle était en sécurité à présent. Qu'il ne s'énerverait plus jamais, qu'elle n'avait pas besoin de pleurer ou d'avoir peur de lui.

Il avait à peine eu le temps de la nourrir, de lui donner un bain et des vêtements propres, de la faire rire que déjà la police frappait à sa porte pour lui réclamer la gosse. Les condés avaient dû s'y mettre à quatre pour le maintenir en place et l'empêcher de récupérer la Puce qui s'éloignait dans les bras d'une assistante sociale en couinant son nom. Elle n'était pas présente lors de sa comparution devant le juge. Il n'y avait dans la salle que le connard de dealeur et la jolie Holly, qui ne l'était plus tant, qui avait enfilé sur ses os de droguée une belle robe du dimanche probablement achetée pour l'occasion. Jamais encore, en deux décennies, Marion n'avait vu sa génitrice faire un effort de ce genre. Il avait ricané en la voyant maquillée, l'avait grassement insultée avant d'être calmé par l'ordonnance restrictive et les six mois de séjour à l'ombre que son Honneur lui avait assignés. Avec son historique de gosse instable, sa gueule de malfrat arrogant et les tatouages qui rongeaient ses mains autant que ses bras, Marion n'avait jamais eu aucune chance. Il n'avait même pas pu s'expliquer. Il s'était alors contenté de serrer les dents en voyant l'enfoiré jubiler à l'idée que le petit merdeux qui lui avait fait un ravalement de façade, l'épine qu'il avait dans le pied depuis des années, le rejeton de sa catin, ait enfin la correction qu'il avait toujours rêvée de lui flanquer.





CHAPTER FOUR.
Now shut the fuck up and get what's comin' to you.

Il était sorti de prison avec sa fierté et sa virginité anale intactes. Marion avait repris le chemin du club où Van, Stew et d'autres compagnons l'attendaient pour fêter sa libération. Ils avaient tant bu ce soir-là que le proxénète décréta une semaine de fermeture du bar à putains, le temps nécessaire à ce qu'ils recouvrent tous de leur gueule de bois. Et quand les vacances furent terminées, Marion reprit le cours de sa petite vie torve et délictueuse. Il retourna régler les affaires délicates de son mentor, celles qui tachaient chaque fois un peu plus ses mains recouvertes d'encre, parce qu'il n'avait rien retenu de la leçon que le juge avait probablement voulu lui donner en l'envoyant derrière les barreaux. Son Honneur n'avait pas compris qu'il n'y avait plus rien de bon à tirer de lui. Il s'enfonçait jour après jour dans ses travers en essayant d'oublier sa sœur, qui pourrissait à l'autre bout du quartier sans qu'il n'ait le droit d'intervenir. Hanté par une rage que rien ne parvenait à calmer, il lui arrivait souvent de déraper. D'aller un peu plus loin que ce qu'on lui avait demandé. De cogner un peu trop fort, au point que sa victime ne se relève pas du tout. De rire trop grassement face aux coups qu'on lui rendait. Ils ne l'atteignaient pas et ne le heurtaient plus. On pouvait difficilement faire souffrir quelqu'un qui se sentait mort.

Marion purgeait ses passions, ses humeurs et ses démons en en devenant un. Il ornait son corps de nouveaux tatouages cathartiques qui lui faisaient perdre son physique. Marion ne se ressemblait plus. Ni à ce gosse qu'il avait un jour été, ni à la jolie Holly, qui ne l'était plus tant, et dont il avait certains traits. Les fissures sur son menton, c'était sa mâchoire qui se craquelait un peu plus chaque fois qu'on essayait de la lui déboîter et de lui faire perdre des molaires. Le cerveau au sommet de sa tête, c'était son crâne qui menaçait d'imploser sous ses excès de colère et de violence. Le masque de Mort sur son visage, c'était la Camarde qui venait lui souffler dans le cou jour après jour pour le faire frissonner de dégoût. Les chairs putréfiées sur son buste et dans son dos, c'était son propre corps qui pourrissait parce qu'il ne savait pas l'entretenir décemment. Il avait sa routine immonde qui le laissait en ruines, en déchet de l'humanité. Le réveil, la dizaine de cafés, la centaine de cigarettes ; le travail, les trop nombreux verres d'alcool, les coups de reins dans une des danseuses ; l'appartement, le dernier verre avant d'aller se coucher, pour finalement glisser dans un sommeil sans rêves, comme on meurt.

Stew n'était jamais bien loin. Il avait toujours dans son frigidaire un peu du ragoût que sa mère faisait encore en trop grande quantité pour qu'il puisse le partager avec Marion chaque fois qu'il passait. Par moments, son meilleur ami lui parlait de la Puce, qu'il croisait quand il retournait voir sa maman. Il lui disait qu'elle avait bien grandi, qu'elle devenait une jolie gosse, souriante. Il lui épargnait une description plus détaillée qui aurait révélé la maigreur, la crasse, les cheveux sales et les vêtement tachés. Marion, lui, se contentait de sourire, nostalgique, de ravaler l'aigreur que lui inspirait cette situation. Il continuait à déposer un peu d'argent sur le compte bancaire qu'il avait ouvert pour elle, quelques années plus tôt.
Marion aurait volontiers épousé Stew s'il avait eu autre chose qu'une énorme paire de couilles entre les jambes. Ils étaient inséparables, insupportables, pire encore que lorsqu'ils étaient gosses. Des siamois que rien ne séparait, qui s'étaient juré fidélité quinze ans plus tôt et refusaient de rompre leur pacte. Et comme les deux cons qu'ils étaient, ils avaient décidé d'officialiser leur amour fraternel, un soir d'idées lumineuses, alors qu'ils se perdaient dans la Cité du Vice. Ils avaient trouvé un prêtre, un sosie d'Elvis Presley. Marion avait enfilé sur son corps de mort-vivant une robe longue et blanche qui lui seyait un peu trop ; Stew un costume si serré qu'il en fit sauter les boutons au premier éclat de rire. Ils se passèrent la bague au doigt et la corde au cou. Et la régulière de Stew faillit l'égorger en entendant cela ; elle qui attendait qu'il la demande en mariage fit ses valises et le quitta le lendemain.

La Puce avait manqué ne pas reconnaître Marion quand elle avait frappé à sa porte un soir, à l'âge de neuf ans. Elle avait remonté les rues froides de Brooklyn après que la jolie Holly, qui ne l'était plus tant, l'ait foutue dehors en l'accusant d'avoir volé son argent. Ce n'était pas la première fois que sa génitrice lui réservait ce sort ; mais c'était la première fois qu'elle préférait s'abriter quelque part plutôt que de dormir dehors et de retourner dans leur maison en ruines le lendemain, en espérant que l'histoire s'oublie. Trois ans qu'il ne l'avait pas vue. Trois ans qu'il avait eu la sensation de ne plus exister dans son monde alors qu'elle n'avait jamais réussi à l'oublier malgré ce que le connard de dealeur qui lui servait de géniteur lui répétait. C'est quelle peinait à effacer de sa mémoire son frère, son unique parent, ce mauvais gars qui l'avait élevée et s'était toujours occupé d'elle.
Il l'avait prise dans ses bras en lui chuchotant que tout irait bien à présent. Qu'elle n'avait pas besoin de pleurer, pas besoin d'avoir peur. Qu'il serait là pour la protéger. Qu'elle pourrait venir le rejoindre chaque fois qu'elle le désirait tant qu'elle ne le disait à personne.

Il ne ramenait plus de filles chez lui par peur que la Puce se rende compte de l'ordure qu'il était avec elles. Marion, malgré son alliance d'argent à l'annulaire, ne pouvait s'empêcher de voir ailleurs. Son époux n'était pas bien fidèle, de toute manière. Il attirait le regard avec le masque de squelette qui lui recouvrait le visage. Il intriguait, effrayait, plaisait aux jeunes femmes qui aimaient vivre dangereusement et fréquenter ce qu'il y avait de plus sombre dans les bas-fonds de New York en espérant ressentir le grand frisson. Il plaisait à cette gosse effrontée qui n'était majeure que sur sa fausse carte d'identité et en profitait pour se noyer dans l'alcool tous les week-end au point de ne plus réussir à sortir du rade où elle traînait sans tituber. Elle venait chaque fois se placer devant lui quand il passait commande au bar, collait ses fesses contre son bassin et ondulait discrètement jusqu'à le faire bander. Elle le laissait caresser sa cuisse, soulever doucement l'ourlet de ses robes trop courtes, s'aventurer jusqu'au bord de ses culottes en dentelle. Elle attendait qu'il se rapproche un peu plus d'elle pour récupérer son verre et s'enfuir loin de lui, comme la foutue peste qu'elle était. Elle terminait sa soirée sur les jambes d'un autre, n'importe quel inconnu qu'elle embrassait en plantant son regard provocateur de petite merdeuse dans celui de Marion, qui rêvait de la prendre sauvagement sur le comptoir pour lui apprendre à se tenir en présence de grandes personnes.
Il l'avait retenue un soir, avant qu'elle ne lui échappe et qu'elle aille rejoindre celui qui devait la troncher. Il l'avait attrapée par la taille, forcée à se retourner et avait furieusement dévoré ses lèvres. Elle avait hoqueté de surprise et joué les mijaurées quand il l'avait entraînée à l'arrière du bar, dans la salle de stock. Elle avait gloussé quand il l'avait calée contre une rangée de fûts, s'était mordue la bouche quand il avait imprimé de la sienne une série de baisers sur sa peau clairsemée de tâches de rousseur. Elle s'était offusquée quand il avait écarté sa culotte du bout des doigts pour aller les perdre dans sa chatte trempée. Elle s'était débattue quand il l'avait maintenue en place en lui susurrant qu'il savait pertinemment que c'était ce qu'elle demandait depuis le début, malgré ses mots qui le suppliaient à présent de la lâcher. Elle avait même tenté de crier avant qu'il n'écrase ses lèvres de sa paume pour la faire taire, fourrant de sa main libre sa queue entre ses cuisses tremblotantes. Elle n'avait pas dit oui, mais n'avait pas non plus dit non. Pas clairement. Et si elle l'avait dit, il ne l'avait pas entendu. De toute manière, Marion ne savait pas prendre non pour une réponse.

Il avait remonté sa braguette après s'être vidé en elle, l'avait laissée en pleurs sur les fûts de bière et avait quitté le bar pour retourner au club boire l'un des bons whiskies que Van et lui se gardaient pour les occasions spéciales.

Trois semaines de tranquillité lui furent accordées avant que les flics ne viennent le cueillir. Marion avait fait cracher trois dents au premier des condés qui avait posé la main sur lui, lui avait plié le nez en deux angles différents et refait le portrait façon Picasso, en bon artiste qu'il était. Il avait fallu plusieurs coups dans l'estomac et une décharge de taser pour le maîtriser et pouvoir l'embarquer au poste. Ses poignets de squelette avaient été menottés, son cul vissé sur une chaise de métal où il avait attendu de savoir à quelle sauce il allait être mangé : s'il était ici à cause des affaires du club, d'une pédale qui avait ouvert sa gueule parce qu'il ne la lui avait pas suffisamment démolie, ou à cause du connard de dealeur qui avait foutu en cloque la jolie Holly, qui ne l'était plus tant, qui avait compris que la Puce venait parfois lui rendre visite.
Marion s'était fendu d'un rictus en voyant la photo de la rouquine effrontée qu'il avait tringlée comme elle le lui avait demandé soir après soir. Il avait déchanté en apprenant qu'elle portait plainte contre lui et qu'il risquait de prendre quelques longues et belles années vu son âge. Elle avait seize ans et un joli prénom qui rimait avec erreur d'une vie : Kathy.

Son Honneur avait frappé de son marteau en dictant la sentence. Neuf ans à pourrir derrière les barreaux. Sept ans pour Kathy. Un an pour le flic à qui il avait refait le portail façon clavier de piano. Un an de plus pour l'arme qu'il portait ce soir-là, malgré l'interdiction d'en posséder qui accompagnait l'ordre de restriction envers la Puce. Marion avait affiché sur son visage de Mort un sourire mauvais et s'était levé sous l'impulsion des gardiens qui l'avaient empoigné aux épaules pour le forcer à les suivre. Il s'était arrêté quelques secondes devant Stew pour lui demander s'il l'attendrait. Et son trou du cul de mari, son meilleur pote, avait posé ses doigts sur sa joue et lui avait dit, de son air faussement amoureux, qu'il patienterait jusqu'à ce qu'ils soient réunis à nouveau, qu'il répondrait bien évidemment présent lors des visites conjugales. Il en avait souri, amusé, l'estomac soudainement moins piqué par l'acide qui lui vrillait les entrailles depuis le début de la séance.





CHAPTER FIVE.
I take a look at my life and realize there's nothin' left.

Le retour en cellule ne se fit pas sans encombre. Si c'était une chose de finir au violon pour avoir démoli la gueule d'un dealeur qui ne savait pas s'occuper de sa gosse, c'en était une autre de prendre neuf ans pour avoir violé une gamine arrogante qui n'avait pourtant voulu que ça. Marion s'était retrouvé enfermé dans une cellule de quatre : un vieux croulant qui puait déjà le sapin, une pédale qui lui avait tendu son cul à peine arrivé, et un quadragénaire qui avait une fille de l'âge de Kathy et s'était senti pousser des ailes de héros vengeur en entendant la raison d'incarcération de leur nouveau compagnon de chambrée. Il avait alors essuyé sans broncher plusieurs côtes cassées et une épaule luxée ; rien qu'il n'ait déjà subi par le passé.
Marion avait attendu de se rétablir pour enfoncer son poing dans la gorge de son colocataire, lui chatouiller les cordes vocales, et lui faire entendre qu'il avait tout intérêt à filer droit, selon son bon vouloir, s'il ne voulait pas finir avec une voix de fillette qui lui attirerait la sympathie des prisonniers les mieux montés. Le quadragénaire avait acquiescé autant qu'il l'avait pu, les larmes aux yeux.

Marion s'était rapidement fait sa petite réputation ; la même que celle qu'il avait au dehors. Il était respecté, craint, détesté. Avec sa dégaine de squelette et sa sale manie de faire cracher un oui à tous ceux qui lui disaient d'abord non, cela n'avait pas été bien compliqué d'obtenir le petit confort dont tout rebut de la société avait besoin : une cellule à deux avec le taulard de son choix, des cigarettes à tarif préférentiel, une bonne bouteille de scotch de temps à autres, et un peu de neige pour saupoudrer le tout et faire en sorte que sa peine passe plus rapidement. Van s'assurait constamment qu'il ne manque de rien. Le proxénète avait suffisamment de ressources pour que son protégé obtienne tout ce dont il avait besoin ; et le bras assez long pour l'enfoncer dans le cul de certains officiels et aller leur titiller la luette au sujet d'une éventuelle réduction de peine. Une bonne moitié de ses camarades carcéraux avait déjà traité de près ou de loin avec le maquereau. Certains lui devaient une fière chandelle qu'ils rendaient en exécutant chaque ordre que Marion leur donnait. Tout en devenait étonnamment plus facile.
La seule ombre au tableau était celle d'une petite salope de maton qui l'avait pris en grippe parce qu'il avait une gueule qui ne lui revenait pas et un sourire trop fier pour quelqu'un qui allait passer la prochaine décennie loin du monde extérieur. Le gardien prenait un malin plaisir à comparer sa virilité à celle du détenu, qui se contentait de lui cracher dessus, à défaut de pouvoir répondre autrement.

La Puce lui écrivait parfois des lettres auxquelles il n'avait pas le droit de répondre. Une à deux fois par mois, il s'entretenait avec Stew, qui venait remplir son devoir d'époux aimant en lui rendant visite. Il se tenait à carreau, agissait correctement, se conduisait décemment en espérant pouvoir grappiller quelques années. Il avait osé demander, au bout de cinq ans, une conditionnelle qu'on lui avait accordée quelques mois après qu'il en ait rempli le formulaire. Son cas avait été examiné, Kathy concertée sur cette affaire. Lui, il avait été interrogé par une commission puis par un psychologue qui l'avaient jugé apte à retourner à la civilisation, pourvu qu'il se comporte cette fois comme un bon petit citoyen : la queue en laisse, et le trou du cul dilaté par celle de son agent de probation. On lui avait remis ses affaires, son alliance, son droit d'exister en dehors de la prison d'État, et on l'avait chassé de là à grands coups de pied au cul. La petite salope de maton l'avait raccompagné jusqu'à la sortie, congratulé d'un rictus moqueur et avait susurré à son oreille qu'il avait hâte de le voir replonger. En d'autres circonstances, Marion lui aurait à coup sûr fait manger ses valseuses. Mais il s'était contenté de lui grimacer un sourire, de lui demander de lui rappeler à quelle adresse ils vivaient, sa femme et lui, et de tailler jusqu'à la voiture de Stew qui l'attendait de l'autre côté de l'allée.

La fête qui avait suivi son retour au bercail avait été si mémorable qu'il en avait oublié la moitié. Marion s'était réveillé sur la scène du club, une haleine de whisky dans la gueule, un marteau-piqueur dans le crâne, avec une des danseuses qui lui pompait le dard quand ses petites copines dormaient encore, entièrement nues, à côté de lui. Il avait râlé d'aise, pleinement satisfait de ce petit traitement de faveur qui concluait idéalement un lustre sans toucher la chair d'une femme. Il s'était relevé quand elle eut terminé son affaire, l'avait remerciée d'une claque sur les fesses avant de reprendre le chemin de son petit studio, qu'il ne tarda pas à abandonner pour un vieil entrepôt à quelques rues du bar, qu'il réaménagea en loft. Il y gara sa Mustang, s'acheta même une Harley pour fêter sa libération. Il reprenait lentement le rythme de sa vie déconstruite, suivant de près les affaires de Van qui commençait à radoter qu'il lui laisserait sa petite entreprise quand il canerait.

Par simple besoin de se venger, parce qu'il restait une pourriture, Marion s'était débrouillé pour obtenir l'adresse de la petite salope de maton qui lui avait pourri plus d'une fois la vie en prison. Il avait une femme rondelette, une brune aux seins chauds et à la beauté ingrate - un léger détail qui ne se remarquait pas en levrette. Il avait réussi à tirer son coup, un miracle étonnant vu la ferveur qu'elle mettait à crier le nom de son mari quand il lui avait assené des coups de boutoir. Il avait rebouclé sa ceinture, enfilé ses grolles, l'avait copieusement insultée et s'était rapidement tiré de là avant qu'elle ne lui jette une assiette à la gueule ou pire, avant qu'elle n'ait l'idée de remettre le couvert avec ce zombie qui l'avait faite jouir comme une truie. Il s'était immobilisé avant de claquer la porte et lui avait conseillé de transmettre ses salutations à son époux. Ce qu'elle avait très probablement fait vu la réaction du cocu qui avait poussé les portes du club avec la nette volonté d'aller sonner les cloches de l'ancien détenu. Il ne s'était probablement pas attendu à être arrêté par les videurs de l'endroit, à se faire passer à tabac pour finir le nez éclaté sur le pavé, sous le regard amusé de Marion qui fumait à quelques centimètres de lui. Et pour le féliciter de son courage autant que pour le congratuler de cet élan de virilité, il lui avait écrasé sa cigarette sur la joue avant de la jeter.

La Puce n'avait pas encore pris la peine de lui rendre visite depuis sa libération. Lui n'avait pas eu le temps de s'en inquiéter vu la montagne de travail qu'il avait à régler. Mais il avait tout abandonné en lisant le message qu'elle lui avait envoyé, un soir de juillet. Il était monté dans sa voiture et avait dépassé toutes les limitations de vitesse pour rejoindre le mobile home branlant dans lequel il avait grandi. Il n'y avait pas remis les pieds depuis ce fameux Noël où tout était parti en vrille et était surpris de voir la clôture debout, le fronton toujours en place, le toit encore attaché à la carcasse de bois de l'habitation. Marion avait attrapé doucement la mâchoire de la Puce qui sanglotait sur les marches des escaliers. Il l'avait forcée à lever le menton pour constater l'ampleur des dégâts : son arcade ouverte, sa lèvre éclatée, sa pommette saignante. Il avait serré le poing, lui avait ordonné d'aller l'attendre dans la voiture et l'avait ignorée quand elle l'avait supplié de ne rien faire de stupide, parce que le connard de dealeur qui lui servait de géniteur ne l'avait pas fait exprès, elle le jurait.
Il était entré silencieusement, avait vu par la porte entrouverte de la chambre sa mère qui dormait, les cuisses écartées, le cul à l'air. Il avait ravalé la nausée inspirée par cette image, avait calmé la colère monstre qui lui dévorait les entrailles et s'était rendu au salon pour découvrir le beau-père, avachi dans le canapé. Il l'avait saisi à la gorge, avait attendu qu'il le reconnaisse pour lui assener un premier coup. Un autre. Encore un. Il avait frappé tant de fois, avec tant de force, qu'il s'était étonné que la tête de cet enfoiré qui avait engrossé la jolie Holly, qui ne l'était plus du tout, ne saute pas de ses épaules. Il avait déformé son visage, enfoncé son nez dans son crâne, éclaté en un millier de morceaux ses pommettes, brisé toutes ses dents, fermé ses yeux de coquards, à tel point que sa propre mère n'aurait plus été en mesure de le reconnaître. Il s'était arrêté quelques secondes avant d'aller trop loin, malgré l'envie qui lui ravageait furieusement le cœur et le corps, quand sa génitrice l'avait tiré en arrière pour libérer son connard de dealeur. Marion s'était relevé, l'avait attrapée au collet, soulevée à plusieurs centimètres du sol et l'avait longuement regardée. Il l'avait reposée violemment, sèchement. Son genou était parti embrasser ses côtes qu'il avait ravagées de ses rangers coquées lorsqu'elle s'était écroulée au sol.

Il était sorti de la maison en vitesse, avait attrapé la Puce, restée plantée dans l'allée comme une potiche, par l'anse de son sac et l'avait traînée de force dans la voiture, sans prêter attention aux cris de protestation qui lui déchiraient la gorge. Il l'avait assise brutalement sur le siège passager, avait claqué la porte et s'en était allé, la mâchoire crispée, les jointures de ses mains rougies d'un sang qui n'était pas le sien. La Puce pleurait à côté, lui hurlait de s'arrêter, de lui parler, de lui raconter ce qu'il avait fait. Elle l'avait insulté, menacé de le renvoyer au trou, de se foutre en l'air s'il ne ralentissait pas, de sauter de la Mustang s'il ne lui disait pas où ils allaient. Il avait fini par lui ordonner de la fermer, de s'écraser, parce qu'il ne parvenait pas à réfléchir quand elle s'égosillait de la sorte.
La Puce s'était tue, contentée de sangloter silencieusement tandis que son frère songeait à la meilleure manière de se tirer de la merde dans laquelle il venait de les fourrer tous les deux. Il avait finalement fait marche arrière et était parti frapper à la porte d'un des hommes de main de Van, qu'il avait sous sa coupe, et qui s'apprêtait à quitter New York pour rejoindre sa blonde dans une autre ville. Il l'avait supplié de prendre la Puce avec. Parce qu'il lui devait bien ça. Parce qu'elle serait plus en sécurité avec lui. Marion lui avait laissé sa sœur, le cœur en vrac. La Puce ne lui avait même pas accordé un regard avant qu'il tourne les talons.





CHAPTER SIX.
I can't live a normal life, I was raised by the street.

Van avait fini par passer l'arme à gauche. Son palpitant l'avait lâché un soir, et il s'était écroulé au beau milieu du club, son verre de single malt s'écrasant sur le carrelage, les filles descendant de scène en hurlant pour s’attrouper autour de lui. Il avait cané aussi subitement que cela. Tombé du rideau, fin de l'histoire. Et Marion avait franchement chialé à son enterrement, au même titre que la plupart des gros bonnets qui étaient venus rendre un dernier hommage à ce grand gars. Ça avait été quelque chose, de voir autant de petites frappes et de requins se moucher en chœur, avec les danseuses au maquillage waterproof qui leur frottaient les biceps en leur chuchotant qu'elles étaient désolées, qu'elles comprenaient leur chagrin.

Marion avait écopé du club, tout naturellement, et de toutes les putes qui traînaient sur les trottoirs du quartier. Son trou du cul de mentor avait beau lui avoir répété qu'il lui laisserait l'affaire, il se trouvait bien con, une fois devant le fait accompli. Il avait alors ordonné ses papiers, fermé l'établissement le temps de le remettre à neuf, fait le ménage dans les filles et les hommes de main, trié les priorités dans le sale boulot à accomplir, libéré certaines prostituées qui souhaitaient une vie meilleure. Il avait attendu quelques semaines que les choses se calment, que le quartier cicatrise la plaie béante que Van avait laissée en décidant de rejoindre le Créateur. Et il avait servi à Brownsville le Naughty H : bar à bières, à whisky, à danseuses trop peu vêtues, à putains. Nouvelle décoration, nouvelle direction, nouvelles règles. Ses règles.

La Puce ne lui donnait plus de nouvelles. Il espérait qu'elle ait mis à bon escient l'argent qu'il avait accumulé tout au long de sa vie pour l'envoyer à l'université. Parfois, il fixait son plafond, incapable de dormir, et songeait à tout ce qu'il aurait dû faire différemment pour lui éviter la vie qu'elle avait eue. Il finissait par se retourner dans son lit, glissait ses mains autour de la taille de Liz, la petite blonde qui dormait à côté de lui, et ses doigts entre ses cuisses. Il se collait à elle et la prenait en espérant que son parfum lui fasse oublier tous les démons et fantômes qui lui mordaient la conscience chaque fois qu'il réfléchissait un peu trop.
Il l’aimait un peu, cette fille-là. Mais elle n’était pas restée bien longtemps. Il avait fini par la casser, avec sa jalousie maladive. Parce qu'elle avait regardé ce gars, dans un bar, d'une manière un peu trop insistante. Elle lui avait rendu son sourire, l'air mièvre, et avait replacé une mèche de ses cheveux derrière son oreille avec une innocence qui ne lui allait pas. Marion l'avait laissée faire, la mâchoire crispée, le regard noir. Il lui avait attrapé le poignet un peu trop sauvagement quand ils étaient rentrés, lui avait hurlé dessus en lui conseillant de ne pas recommencer son petit cinéma devant lui. Un ordre risible compte-tenu du fait qu'il était incapable de garder sa queue dans son pantalon lorsqu'elle n'était pas là. Elle avait eu le bon réflexe : celui de ramasser sa culotte, son sac à main, et de partir de chez lui en claquant la porte. Elle s'était tirée rapidement en lui laissant son chiot, et n'était jamais venue récupérer son bestiau par la suite. Probablement pour éviter de recroiser l'ordure qu'il était. Ça l'arrangeait bien, au fond. Parce qu'il s'était attaché à cette carpette à quatre pattes sur laquelle il avait d'abord eu envie de s'essuyer les pieds. Il l'appréciait, le Sac à Puces, avec sa gueule écrasée, ses yeux de poisson télescope et ses ronflements de merde chaque fois qu'il faisait une sieste. Liz lui avait donné un petit nom ridicule qui l'avait castré sans avoir à passer par la case vétérinaire ; Marion ne l'utilisait pas. Il se contentait de congratuler le Carlin d'une flopée d'insultes, selon son humeur, quand il avait besoin de l'appeler. Ça fonctionnait tout aussi bien, et ça brouillait les pistes quant à l'affection qu'il portait à ce clebs.

Liz, il l’avait remplacée par d’autres. Par des gamines à peine majeures qu’il trompait chaque fois. Elles cautionnaient parce qu’elles l’aimaient, pleuraient et insultaient quand elles comprenaient qu’il ne changerait jamais. Marion avait pourri jusqu’à l’os, jusqu’à la moelle, et il gangrénait ces filles quand il les touchait, chaque fois un peu plus. Il les détruisait par nécessité, par besoin de contrôler et de ruiner une vie encore belle, pour ne pas se sentir seul dans son lit trop grand, durant ses nuits trop longues. Elles finissaient toujours par se tirer en lui crachant à la gueule des vérités qu’il connaissait déjà par cœur et qu’il récitait avec elles pour les rendre plus amères encore.

Marion, dans son quartier, était craint autant qu’il était respecté. Rien ne pouvait plus se passer à Brownsville sans qu’il n’en soit au courant. Aucune pute ne pouvait tapiner sans lui devoir des comptes, et lorsque les filles manquaient ou se faisaient vieilles, il en achetait de nouvelles qu’il faisait venir du sud de la frontière, parfois d’Outre-Atlantique. Il leur vendait une vie meilleure qui leur tirait les larmes aux yeux, les faisait pleurer pour de bon lorsqu’elles réalisaient la merde dans laquelle elles s’étaient fourrées en lui cédant leur âme. Il ne les épargnait pas, les choyait encore moins, ni elles, ni les danseuses du club qu’il forçait à vendre leur cul comme Van le faisait auparavant. Il gérait d'une main ferme son affaire, imprimait toujours à coups de poings l’estime qu’il attendait, graissait certaines pattes pour que les condés détournent le regard, se chargeait de faire taire ceux qui avaient dans l’idée de le trahir. Il gouvernait les bas-fonds comme l'empereur qu'il avait toujours voulu devenir, étant gosse, bien avant de songer à une vie de crimes. Et il s'érigea au rang de Dieu quand ses petites affaires, plus florissantes que jamais, le menèrent au pied d'une tour qu'il renversa pour mieux s'y hisser. La Barre, qui jetait son ombre immonde sur le quartier entier, qui le narguait depuis gamin, qui lui avait tant de fois craché au visage quant il avait voulu s'en emparer, plia finalement l'échine, offrant à ses jeux de vice et de dépravation une dimension nouvelle, plus proche du ciel. Il inaugura le Purple H à l'automne deux-mille dix-sept, crucifiant son nom et sa réputation à Bed-Stuy.
Magdalena Azarova
Messages : 1248
Date de naissance : 18/08/1999
Occupation : Etudiante en droit, elle veut devenir une avocate spécialisée dans le droit des étrangers. Elle bosse aussi, à son plus grand malheur, comme strip-teaseuse (et forcée à se prostituer) au Naughty H, sous le pseudo de Kat', pour pouvoir payer ses études, mais aussi dans le but de planifier une revanche. Elle est également indic' pour Elliott.
Localisation : Brownsville, born and raised.
Orientation sexuelle : Hétérosexuelle
Magdalena Azarova
Sale chieuse
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Mar 27 Aoû - 17:36
You should see me in a crown. | Marion 348964669
Charlie Marshall
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Date de naissance : 10/02/1998
Occupation : Serveuse pour le moment
Localisation : The hole à East NY
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Charlie Marshall
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Jotem You should see me in a crown. | Marion 3458331597
Marion Marshall
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Date de naissance : 16/08/1983
Occupation : propriétaire des Naughty et Purple H, Dieu de la Barre, proxénète, ordure, criminel notoire et déchet de l'humanité à ses heures perdues.
Localisation : au Naughty H, au Purple, ou entre les cuisses d'une pute, l'un pouvant se combiner à l'autre.
Marion Marshall
Big bad wolf
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Mer 28 Aoû - 2:09
Mag : You should see me in a crown. | Marion 1813033127 You should see me in a crown. | Marion 3359285671 You should see me in a crown. | Marion 4207209866

Puce : mooooh, je t'aime aussi. You should see me in a crown. | Marion 3359285671
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