Maggy, de son vrai prénom Margherita, et le premier qui oserait faire référence à la pizza se retrouverait avec une fourchette plantée dans la carotide. Margherita, c'est le nom d'une Reine. La première Reine de l'Italie unifiée. La magnifique, charismatique, empathique Margherita, qui soulevait les foules, rassemblait le peuple. Les qualités pourraient être semblables, pourtant il n'est rien que Maggy fait de mieux que de diviser. Peut-on réellement la blâmer lorsqu'on sait que c'est dans la division qu'elle a été élevée ?

Parme, capitale gastronomique de l'Italie, où le fait même de manger est un acte religieux, où la cuisine de la mamma est considérée sacrée, où la famille est une sacro-sainte institution... Elle est née au sein de ce cocon privilégié, d'une famille modeste où les matriarches régnaient en maîtresses sur leur petit monde, les hommes étant trop souvent absents. Sa mère, Agata, n'échappait pas à la règle... Du moins tant que son mari était loin du foyer. Mariée trop jeune à Ivan, un russe dont elle pensait être amoureuse jusqu'à ce qu'elle découvre la vérité sur ses activités illégales, Agata était résolue à élever sa fille loin de l'influence paternelle. C'était sans compter sur les ambitions du père, et ses désirs de transmission peu importe le genre de sa progéniture. Bien-sûr, il aurait préféré un fils, mais Margherita resta fille unique et le poids de l'héritage familial reposait sur ses épaules.

Très jeune, elle est bercée par ces deux cultures que tout semble opposer, si l'Italie règne en maîtresse dans son coeur, elle sait pourtant parler russe couramment et se rend très régulièrement en Russie. Ce pays qui la fascine autant pour ses différences avec sa Parme natale que parce qu'il est le symbole de l'autorité d'Ivan. Sa mère lui apprend à cuisiner et à danser, son père à se battre et à manipuler son entourage. Elle oscille, constamment, entre douceur et violence, entre altruisme et opportunisme.

Malheureusement, comme dans tous les Disney (comment ça vous n'aviez pas compris qu'on était dans un conte de fées ?), la mère finit par disparaître du tableau. Oh, non, elle ne périt pas dans un accident de voiture ou d'une maladie grave. Elle rencontre quelqu'un d'autre et décide de se tailler au soleil avec son amant pour s'éloigner de la nocivité de son mari, abandonnant sa fille derrière elle aux bons soins de sa famille. Famille qui n'est pas en mesure d'empêcher Ivan d'emmener Maggy, âgée de 17 ans, en Russie. La colère face à l'abandon maternel entraîne la rébellion, la douleur aussi, et c'est assez facilement qu'elle se laisse enrôler dans l'organisation mafieuse dont son père fait partie.

Le groupe, dont le centre névralgique est en Russie, est aussi présent à Sarajevo, et elle s'arrange pour s'y rendre afin de s'éloigner de son père. Elle se révèle d'une efficacité redoutable et se fait remarquer rapidement, gravissant les échelons sans trop de mal. Vadim, le parrain de l'organisation, la remarque d'ailleurs un peu trop puisqu'il jette son dévolu sur elle. On lui fait très rapidement comprendre que le refus n'est pas une option, et a 25 ans, elle se retrouve mariée, et lieutenant par la même occasion. Malgré ses aptitudes pourtant évidentes, le rang que Vadim lui offre lui sert surtout à garder un œil sur elle.

A Sarajevo, elle rencontre Camenko Drazavic, fiche du chef de la mafia serbe, avec lequel elle entretient une relation adultère qui devient, rapidement, beaucoup trop sérieuse et passionnelle. Parallèlement, Vadim devient violent et l’envoie, deux fois, à l’hôpital à la suite de brutales altercations. Il sera finalement assassiné dans d’étranges circonstances à la fin de l’année 2019. Margherita, écartée des affaires russo-bosniaques, est envoyée à New-York pour prendre la tête du groupe criminel établi à Brooklyn. Elle est nommée à la direction du casino qu’ils possèdent, chargée de redresser la Barre et, à terme, d’éliminer la concurrence.