“C’est parce que tu lui a foutu un nom de gonzesse que ton fils est une putain de pédale !”

Les cris leur parvenaient clairement à travers les murs en papier mâché de leur appartement. Solveig savait très bien que ses parents se disputaient à cause de lui, encore, et il faisait son possible pour ne pas les entendre. Alors il chantonnait doucement pour lui-même, Laetitia et Matteo tout en jouant avec Isabella. Il ne pouvait cependant s’empêcher de laisser sa langue courir sur la coupure sur sa lèvre supérieur, toujours surpris par le vague goût métallique.  La blessure, avec le bleu autour de son oeil et ceux sur sa poitrine, qui était la cause de ses cris.

“MON FILS ?! C’est NOTRE fils Alonzo. Et comment-tu peux lui reprocher ça ? T’es un vrai psychopathe ma parole !”

Solveig s’était fait tabassé en sortant de l’école, comme ça arrivait souvent quand il n’avait pas le temps de s’enfuir à toutes jambes. Il était très rapide, une nécessité quand on se faisait passer à tabac autant de fois que lui, mais il ne parvenait pas toujours à échapper aux roustes. Le garçon avait l’habitude de tout ça et franchement, il s’en sortait toujours. Mais cette fois, ça avait été trop près de l’école et l’équipe administrative était tombé sur ses bourreaux comme la misère sur le pauvre monde. Ils avaient tous été punis, ce qui était cool, et ses parents avaient été prévenu, ce qui était moins cool. Surtout parce que son père était présent pour une fois et il était d’avis que son fils était beaucoup trop chochotte et qu’apprendre la vie à la dure lui ferait le plus grand bien. Et il était aussi furieux que Solveig n’ai même pas essayé de se défendre ! On s’en foutait qu’ils étaient 5 et lui tout seul parce qu’il galérait à se faire des potes, un Cerreti ne pliait jamais ! Et bla bla bla.

Solveig espérait simplement que ça finirait vite, le soir approchait et il devait encore donner leurs bains aux petits et faire le dîner.


Solveig était à l’hosto. Hum … Qu’est ce qui s’était passé au juste ? Il n’ouvrit qu’un oeil, vu que l’autre ne lui répondait plus pour le moment apparemment, et observa la pièce autour de lui. Maman s’était endormie sur une chaise, Milena et Isabella sur les genoux, tout aussi K.O. Laetitia et Matteo discutaient sur une chaise et Nonna lui tenait la main, celle qui n’était pas dans le plâtre. Alonzo était M.I.A.  Sans blague, il s’était passé quoi, il se souvenait de rien et …

Une minute …

Oh … Oh !

Okay !  Il se souvenait maintenant. Son coming-out. Waw, il n’avait jamais imaginé que ça en finirait là. Bon, en fait il mentait, il s’en doutait un peu mais il avait espéré. S’il s’en souvenait bien, tout le monde l’avait bien pris, sauf peut-être Matteo avec ses idées machos et Laetitia avait “su depuis des années, quel scoop Sol !”. Nonna aussi l’avait bien pris, étonnement. Par contre son père, pas du tout. Solveig ne pouvait pas dire qu’il était réellement surpris. Il n’avait jamais été tabassé comme ça. Y avait une vrai différence entre des gamins prépubères et un homme adulte. Il ne se souvenait pas avoir été viré de chez lui en revanche ce qui était plutôt une bonne nouvelle.

Putain, ça allait lui mettre des semaines à récupérer un visage normal. Il espérait qu’il y aurait au moins quelques infirmiers mignons.


Insomnie. L’horreur. C’était le genre d’épisode qu’il traversait pas mal, incapable de dormir parce qu’il stressait à mort pour tout. Et dans ces cas là, il se plantait devant son ordi et laissait Tinkerbell ou Berlioz, selon son humeur, prendre la suite. C’était comme ça qu’il avait appris à coder d’ailleurs et à hacker ensuite. Il était peut-être con mais il était loin d’être stupide et il ne se risquait pas à aller zieuter les dossiers du FBI ou du Vatican sur ce PC là. Il se contentait de voguer sur le Deep Web et de tester les pare feux du système informatique de community college (à savoir, nul à chier, c’était comme du gruyère la dedans).  Il était peut-être temps pour les Aristochats de tenter un autre coup ?

C’était plus intéressant que de réviser pour sa chimie de toute façon.