AVATAR : Boyd Holbrook + chrysalis.
Inventé ou non : Scénario de "@Magdalena Azarova"
Elliott a quatre soeurs biologiques. Il avait un grand frère, mais il ne l’a jamais connu, celui-ci ayant été emporté par une leucémie bien avant sa naissance. Mais Elliott a aussi eu d’autres frères et soeurs : maman a commencé à être assistante familiale lorsque la plus grande est partie à la fac. La plupart des enfants placés étaient de passages, mais certains sont restés assez longtemps pour laisser une trace indélébile dans les coeurs des Chamberland et une place définitive à leurs repas de famille. + Elliott fait une fixette sur les rides qui ont commencé à se creuser sur son front. Il a trente-cinq ans, mais parfois l’impression d’en faire dix de plus. + Il fume. Trop. Mais en cachette de sa femme, qui l’a forcé à arrêter il y a six mois, parce qu’il n’a pas franchement d’énergie à mettre dans une énième dispute. S’il peut en éviter quelques unes... + Il a un éléphant tatoué sur le poignet droit, comme sa femme, faits pour leur premier anniversaire de mariage. L’amour ne donne pas que des idées brillantes… + Il a de bonnes notions de langue des signes, pour avoir partagé son foyer avec un garçon sourd et muet de son âge pendant plus d’un an. + Elliott a eu une période gothique pendant tout le lycée et une bonne partie du collège. Il a fait semblant d’être embarrassé quand ses parents ont ressorti les photos le jour de son mariage, mais au fond, il aime toujours ce style. Ce n’est pas pour rien qu’il lutte si farouchement contre le costume-cravate avec ses vieilles vestes en cuir. + Il a déserté le lit conjugal pour le canapé du salon depuis déjà une semaine. Il essaie encore de cacher la situation à leurs filles, mais quelque chose est définitivement brisé dans son couple. Il est terrifié à l'idée de ne pas en avoir la garde s'il demande le divorce, et c'est encore la seule chose qui le retient.
05.31.2002
Le cœur battant à s’en rompre les côtes, Elliott laissa son regard glisser sur la silhouette d’Erin, découpée devant lui par la lumière du soleil couchant. Un sourire illuminait son visage, ses grands yeux clairs admirant l’horizon qui s’étendait à l’infini à leurs pieds. Elle était belle, comme toujours - et Elliott sentit son coeur se réchauffer à l’idée de partager le reste de sa vie avec elle. C’était le moment de poser la question, il sentait cette évidence de tout son être - l’heure de déposer son coeur à ses pieds. Le souffle court, il posa un genou à terre et dévoila la bague pour laquelle il avait économisé depuis près d’un an, attendant anxieusement qu’elle se retourne. Il était sûr de lui. En fait, il l’avait été dès le jour où leurs lèvres s’étaient frôlées pour la première fois, à quatorze ans. Il savait que les gens diraient que c’est trop jeune pour se marier, dix-huit ans, mais il s’en foutait, Elliott. Et il savait qu’Erin en ferait tout autant. Il n’avait connu qu’elle et ne voulait connaître qu’elle. Il voulait s’endormir dans ses bras, se réveiller contre la chaleur de sa peau, grandir et vieillir avec elle. Il ne pouvait pas se tromper : un amour comme celui qui enflammait leurs cœurs adolescents était forcément éternel.
IL N'EST PAS DE RÊVE, QUELQUE IDÉAL QU'IL SOIT, QU'ON NE RETROUVE PAS AVEC UN POUPARD GLOUTON SUSPENDU AU SEIN ;
02.21.2015
Le coeur serré, Elliott jeta un oeil à l’écran de son portable. Sept appels en absence. Les choses avaient forcément dû évoluer, pour qu’Erin ait essayé de le joindre un tel nombre de fois.
Il n’en revenait pas. Il n’en revenait pas de rater ça. Ce n’était pas la première fois que le travail s'immisçait entre lui et sa vie personnelle ; mais cette fois-ci, il aurait donné n’importe quoi pour pouvoir planter ses collègues et rejoindre sa famille. Pour lui, pour Erin. Pour le bébé.
Nerveusement, ses doigts cherchèrent la touche de rappel, priant pour avoir de bonnes nouvelles. Pour que les choses se soient bien passées. Pitié.
« J’espère qu’au moins vous les avez chopé. » La voix de sa fille de onze ans résonna dans le combiné, réchauffant instantanément le coeur du policier. Son regard glissa sur la pile de pochons de drogues qu’ils venaient de perquisitionner, avant qu’il ne s’en détourne, un léger sourire glissant sur ses lèvres. « On peut dire ça », répondit-il. Ils n’avaient pas réussi à attraper la personne à la tête de ce réseau, seulement des petits poissons. C’était déjà ça. Mais ça restait étonnant, que le boss ait pu déjouer ce plan. C’était à se demander s’il n’y avait pas un pourri dans les rangs de l’unité. Cela préoccuperait Elliott, mais plus tard. Il y avait bien plus important pour lui en cet instant. « C’en est où alors ? Comment va Erin ? » « Le bébé est né à 11h05. Maman va bien, elle se repose, là. » Le soulagement l’enlaça dans ses bras chauds.
Il était papa. Il était papa, une deuxième fois.
Ému, il lui fallut quelques secondes pour se reprendre. « Il faut que je rédige mon rapport, et j’arrive, ok ? Tu l’as vue ? » « Le bébé ? Ouaip’. Tout rose et tout sale. » Elliott eut un rire. Bon dieu, qu’il était pressé de rencontrer enfin ce petit être. « Dis à maman que je l’aime. » Et dire que, quelques mois plus tôt, leur couple avait battu de l'aile à un point où il avait songé à partir. Au lieu de ça, ils en étaient là. Erin était tombée enceinte, et lui offrait à nouveau le plus beau cadeau du monde.
IL N'EST PAS DE RETRAITE, DE MAISONNETTE SI DÉLICIEUSE ET SI IGNORÉE...
10.25.2018
« Et ensuite… Il m’a forcé à prendre une douche. » Les dents d’Elliott s’étaient serrées. Sale chien. Ce connard avait vraiment tout fait pour ne pas laisser de preuves derrière lui. Les chances de voir un violeur puni étaient déjà infimes de base ; mais s’il avait supprimé toutes les preuves, la victime n’était pas prête d’obtenir justice. Sauf qu’Elliott ne pouvait pas dire ça. Il ne pouvait pas se permettre de le penser non plus. Les flics qui ne croyaient plus en la justice étaient les plus mauvais ; il était hors de question de devenir comme ça. Alors, finissant de noter l’information, il avait reposé ses yeux sur la jeune femme, répondant doucement : « De l’ADN est peut-être encore présent malgré tout. Je vais t’accompagner à l’hôpital pour te faire examiner… Ce n’est pas une étape agréable, mais c’est vraiment important pour l’enquête. Est-ce que ça va aller pour toi ? » Il l’avait alors vu acquiescer, ses grands yeux sombres se remplissant de larmes, brisant à nouveau le cœur du lieutenant. Non, ça n'irait pas, il le savait très bien ; mais ce n'était pas comme si elle avait vraiment le choix.
« Bonjour, papa. T’as encore travaillé toute la nuit ? » Ce fut la voix de Faith qui l’avait ramené sur terre ; loin des mauvais souvenirs de la nuit. « Oui… Bien dormi ? » « Bof… Jamais trop quand t'es d'astreinte. » Un sourire glissa sur ses lèvres alors qu’il la regardait s’assoir face à lui pour prendre son petit déjeuner. Il y avait quelque chose d’apaisant dans la présence de l’adolescente. Erin avait toujours eu peur que toutes les horreurs qu’il voyait dans la police finissent par le rendre amer et cynique, comme son père à lui - mais ses filles avaient toujours eu ce pouvoir étrange de l’en préserver. Après tout, si la vie lui avait donné la chance d’avoir deux enfants aussi merveilleux, le monde ne pouvait pas être si pourri que ça.
« Oooh, regarde June, papa est là ! » La petite fille accouru pour lui faire un câlin. Passant un bras autour d’elle, il termina nerveusement son café, pendant que Faith levait les yeux au ciel en soupirant bruyamment. A sa voix aiguë, ils l’avaient compris tous les deux : Erin était en train de filmer.
Elle avait commencé à faire ça six mois après la naissance de June. Au début, c’était juste des tutoriels de cuisine. Elliott l’avait encouragée, voyant que ça l’aidait à aller mieux, à surmonter la dépression post-partum qui l’accablait. Et puis, sa chaîne youtube avait commencé à bien marcher. Alors, elle en avait voulu plus, et s’était mise à vloguer leur vie de famille. Elliott s’y était opposé. Il ne pouvait pas s’afficher, avec son métier, et il ne voulait pas non plus qu’elle expose leurs enfants. C’était une source de conflits constante dans leur couple, mais ça ne l’arrêtait pas. Tout ce qu’elle avait accepté de faire, c’était de flouter son visage à lui. Rien d’autre.
Et maintenant, elle gagnait de l’argent. En affichant l’intimité de leur famille aux yeux du monde. Cette idée le rendait malade.
Elle tourna la caméra vers elle. « Alors, aujourd’hui, c’est le week-end pour tout le monde, on a prévu d’aller se balader tous ensemble. Pas vrai ? » Mais Elliott et Faith avaient quitté la pièce avant que l'objectif ne se pose à nouveau sur eux.
QUE LA PIOCHE NE VIENNE ABATTRE.
09.15.2019
Vingt-cinq ans. C'est un peu l'âge qu'on a attendu toute sa vie, celui où le monde entier est à ses pieds, celui où on n'a pas encore enterré tous ses rêves et enfin les moyens de les poursuivre vraiment. Vous savez, c'est jeune vingt cinq ans.
Surtout pour mourir.
Les mâchoires serrées à s'en péter les dents, le cœur au bord des lèvres, Elliott détourna les yeux pour ne pas voir le cercueil de sa partenaire glisser en terre. Cela faisait six mois - six mois qu'ils partageaient la même bagnole dix heures par jour, six mois qu'il lui sortait toutes les blagues nulles qui lui passaient par la tête juste pour voir un sourire dessiner ses lèvres, six mois qu'il avait appris à la connaître et à lui faire confiance comme il n'avait jamais eu confiance en d’autres partenaires auparavant. C’est court mais ça compte, six mois, quand ils sont passés ensemble cinq jours sur sept dans deux mètres cubes de ferraille, quand ils sont habités d’épreuves qui dépassent si souvent l’humanité qui les anime qu’ils ne se retrouvent seuls à pouvoir comprendre ce que ressent l'autre. Oui, ça compte, six mois. Il aurait dû la connaître mieux que ça, il aurait dû voir que ça n'allait pas, mais Heather, elle était douée pour faire semblant. Lui qui se pensait observateur n’avait rien vu venir. Elle était juste partie de ce monde comme ça.
La gorge écrasée de chagrin, Elliott fit un pas en arrière. Son regard glissa alors sur sa femme, légèrement en retrait de l’assemblée. Elle semblait porter peu d’attention à la cérémonie qui se déroulait sous ses yeux, visiblement trop occupée à regarder quelque chose sur son téléphone. Il fallut une seconde au lieutenant pour comprendre que c’était pire que ça : elle était en train de filmer.
Le sang d'Elliott sembla soudainement s'enflammer. Il franchit les quelques mètres qui les séparaient d'un pas résolu. Il attrapa le téléphone, et, sans un mot, le jeta violemment contre une pierre tombale. L'appareil explosa, et l'assemblée endeuillée vit les dernières miettes du respect qu'ils se portaient se répandre sur le sol.