A nouveau, je lui souris. Je resterais au moins jusqu'à demain alors. Pour le reste, j'imagine que nous verrons au jour le jour. Je resterais le temps qu'elle voudra, tant qu'elle aura besoin de moi. Je l'observe se mouvoir en silence, tirant doucement sur le bâtonnet de nicotine qui traine à mes lèvres. Chacun de ses gestes s'avèrent être douloureux, tout son corps le montre, ainsi que son souffle.

« Attends.. Va doucement. »

Je me relève en me décidant à l'aider à se déshabiller comme il se doit, abandonnant la cigarette dans le cendrier. Avec précaution, sans la moindre arrière pensée une fois n'est pas coûtume, je l'aide à ôter patiemment ses vêtements. D'abord son haut, que je fais lentement passer au dessus de sa tête avant d'attaquer son pantalon. Ce n'est que lorsqu'elle est presque nue que je la quitte le temps d'attraper son peignoir accroché à la porte, laissant trainer mon regard sur elle sans pouvoir m'en empêcher.

« Tu seras plus à l'aise avec ça. »

Je l'habille alors à nouveau, puis me rasseoit à ma place. Ainsi, elle n'aura pas froid non plus. Je veille à ce qu'elle ai tout ce qui lui faut en l'observant. C'est seulement lorsque je suis certain que tout est parfait que je reprends ma cigarette égarée.

« Ça te plairait que je nous commande à manger pour après la douche ? Je t'avoue que pour une fois, je n'ai pas la foi de cuisiner. »

L'idée du repas semble lui plaire, même si elle me semble être à bout de force. Elle a besoin de manger avant de pouvoir dormir, cela l'aidera à récupérer ses forces. Un faible sourire déforme mes lèvres prisent par la cigarette, avant qu'elle ne la repousse, pour m'offrir une douce caresse. Ma peau frémit sous son contact avant même que mon regard ne trouve le sien. Ce que j'y lit, couplé à ses murmures, réveille les battements de mon coeur trop chahuté ses derniers temps. Je la laisse m'embrasser, lui rendant son baiser avec la même douceur mêlée de fermeté. Un léger soupir m'échappe contre sa bouche alors que je prend toute l'ampleur de l'intensité du baiser qu'elle m'offre. Ça fait du bien. Un bien fou, de la retrouver ainsi. De pouvoir me laisser aller ainsi. Et l'embrasser comme je le souhaite. Ma main libre se presse lentement contre elle, l'entourant sans oser la serrer contre moi par peur de lui faire mal. Enfin, ma bouche la relâche en douceur, je retrouve l'éclat de ses iris fatiguées.

« Merci de m'avoir appelé. »

L'esquisse d'un sourire s'étire sur mes joues. Elle aurait pu demander tout ça à Nikolaï, après tout. Je suis certain qu'il aurait prit soin d'elle aussi bien que moi. Mais qu'elle ai préféré passer ce temps avec moi me réchauffe le coeur. Ainsi, j'ai l'impression que je pourrais ne plus jamais quitter le refuge de son appartement. L'envie de me perdre dans ses bras, loin de tout, refait surface dans mes pensées, avec tout l'amour que je lui porte. Mon coeur s'anime dans des battements réguliers trahissant tout ce qu'elle me fait vivre, rien qu'avec un regard. Rien qu'avec un baiser.

Je la relâche doucement, à regret, la laissant se dégager de ma prise alors que j'ai l'impression de planer sur un nuage de coton. Je la contemple de mon regard amoureux, avant d'hocher finalement la tête lorsqu'elle me rappelle la salle de bain et le besoin d'une douche.

« Je vais commander notre repas et je te rejoins. »

Je me relevais pour attraper mon téléphone dans ma poche, pianotant rapidement sur l'écran en glissant mon regard sur elle, juste pour m'assurer qu'elle est capable de se lever et de marcher jusque là sans problème. Je porte le combiné à mon oreille, passant commande à mon restaurant chinois préféré, pour changer un peu. En espérant qu'elle aimera ce que je commande pour elle. Une fois l'appel passé, je l'aide à finir sa route jusqu'à la salle de bain en volant un baiser sur sa joue.

« J'ai commandé chinois. J'espère que tu aimeras. Sinon je commanderais autre chose. »

Je la laisse ôter son peignoir et se débarrasser de son dernier vêtement avant d'enfin m'occuper de moi. Je déboutonne un à un les boutons de ma chemise, préférant ne pas lever les bras tant que c'est possible. Je grimace sous le tissu qui frotte sur mes bandages en la glissant finalement sur mes épaules.

« Tu veux bien m'aider à les enlever ? »

L'eau met bien trop de temps à chauffer à mon goût, si bien que je ne tarde pas à la prendre dans mes bras pour espérer réchauffer un peu nos corps. Je laisse mes mains prendre place sur elle là où je suis certain qu'elle ne souffrira pas avant de lui offrir un léger sourire. Elle me connait un peu trop bien, on dirait.

« Honnêtement, ça va. Mes plaies me font mal mais j'en ai vu d'autres. Psychologiquement... Disons que j'ai mal dormi ses derniers jours. J'ai été un peu sous le choc. »

Pour m'ébranler, il en fallait beaucoup. Mais je devais avouer que ça, je ne m'y étais réellement pas préparé. L'explosion, la fête se transformant en cauchemar, toutes les victimes. J'ai beau côtoyer la mort au quotidien, on est jamais prêt pour vivre ce genre de chose. Et je n'étais pas prêt de m'en remettre.

« Je pense sincèrement ce que j'ai dit. Je veux profiter d'être avec toi pour me reposer. J'en ai besoin. Je le sais. »

Même si j'étais toujours vivant, j'avais cette impression de stagner entre deux mondes. Etre là sans réellement l'être. Flotter un peu au travers de ma propre vie en me laissant porter, à tenter de retrouver une vie normale. On ne sort pas d'un truc pareil sans conséquences. Mais lorsque j'étais avec elle, je pouvais me permettre de relacher la pression et d'être juste moi-même, même si j'avais du mal à m'exprimer, comme à mon habitude.

« Ça me fait un bien fou de te retrouver, vraiment. Cet attentat m'a d'autant plus prouvé à quel point tu étais importante pour moi. A quel point j'ai besoin de toi. »

Je laisse mes doigts remonter vers son visage, effleurer sa mâchoire avant de fondre dans sa nuque. Mes lèvres viennent piéger les siennes doucement, tendrement, appuyant mes propos.

Fidèle à elle-même, elle tente de me rassurer, me tirant un faible sourire désolé. Ça ne me rassure pas du tout, en vérité. J'aurais préféré être le seul à devoir porter ce fardeau et ses cauchemars, cet état de choc dans lequel nous avons été plongé. Mais je ne dis rien, laissant mes caresses le long de sa peau parler à ma place. L'idée de la cellule psychologique me ferait presque doucement rire, tant je ne nous imagine pas nous y rendre, l'un comme l'autre.

« J'espère que ça pourra aider certaines personnes à passer au dessus de cette tragédie. »

Parce que s'en était une, réellement. Tant de morts, et pour quoi au final ? Juste pour qu'un connard puisse donner un avertissement au dirigeant de la Barre. Une démonstration de moyens et une belle connerie. Comme si les gens d'ici avaient besoin de ça, avec tout ce qu'ils vivent déjà au quotidien. Néanmoins, j'arrête rapidement de penser à tout cela pour profiter du moment présent et de ses lèvres auxquelles je suis incapable de résister plus longtemps. La détresse de notre baiser me chahute autant que les mots qui sortent ensuite de sa bouche. Elle m'apaise, à nouveau, fait se rendormir doucement toutes les inquiétudes et les doutes. La douleur et le désespoir d'avoir à nouveau failli perdre quelqu'un de cher à mon coeur. Je me risque à la serrer un peu plus contre moi, lui rendant son étreinte. Ça va aller. Je le sais.

« Fais attention, après ça je risque de ne plus vouloir te lâcher. »

Je mime un sourire, voulant alléger un peu le moment. A force de trop passer de temps avec elle, je vais devenir de plus en plus dépendant, je le sens au fond de moi. Je retrouve son regard, une pointe d'amusement brillant dans le fond de mes iris.

« Avoue, tu me dis tout ça juste pour que j'ai envie de ne plus repartir, hum ? »

Mon sourire se mêle à mes mots. Puis, je me détache d'elle pour attraper le savon et commencer mon oeuvre sur elle, passant sur son corps avec autant de douceur dont je suis capable.

Je lis dans son regard toute la gravité de ses mots. J'y lis à nouveau toute la douleur qu'à pu provoquer mon absence, lorsque j'ai choisi de disparaitre de sa vie. J'ai voulu lui épargner une vie dangereuse, à mes côtés. Autant que mon mariage foiré, auquel je fais en sorte de ne pas penser le plus souvent possible. Parce que je ne sais pas comment je gérerais la situation, si Ezekiel revient un jour avec la promesse d'une vie heureuse telle que nous l'avions avant sa disparition. Il y a trop de peine, trop de mensonges et de douleur entre nous pour même l'imaginer. Si ce sont mes sentiments qui m'ont fait revenir vers Scylla, bien plus forts que la quelconque raison qui m'a poussé à partir, je ne veux plus lui faire le moindre mal. Je ne veux plus partir et enterrer l'amour que je lui porte. Je ne veux pas qu'Eze se mette entre nous ou même qu'il se venge sur elle, comme il en est totalement capable. Il n'aura pas d'autre choix que de l'accepter.

« Je ne te lâcherais pas. »

L'amusement s'éteint dans mes iris pour faire place à tout le sérieux qui m'habite. Non, je ne la lâcherais pas. Je ne partirais pas. Je ne ferais pas une croix sur tout ça. Les mots reflétant mes sentiments me brûlent les lèvres, mais c'est finalement un sourire qui revient, lorsqu'elle fait allusion à un autre moyen de me retenir que ses belles cuisses.

« Hum, hum... Je vois. Je me demande bien ce que tu vas trouver d'autre pour me convaincre. »

Mon sourire mutin réponds au sien, alors que mes gestes s'appliquent déjà à la laver. Le savon glisse sur sa peau tandis que je la laisse s'appuyer contre mon torse, embrassant doucement son front et ses cheveux. Mes mains passent sur ses seins, mes doigts s'amusant à faire durcir ses mamelons quelques instants avant de parcourir son ventre lentement. D'un léger mouvement, je la repousse, me laissant le loisir de m'accroupir devant elle pour poursuivre mes caresses. Mon regard la scrute, s'attardant sur ses bleus alors que mes doigts s'égarent entre ses cuisses, remontant puis redescendant jusqu'à ses pieds, attentif au moindre mouvement, à la moindre crispation de douleur.

Lentement, mes doigts se perdent dans les caresses, attentif à son corps que je connais sur le bout des doigts, à ses soupirs et à son épiderme qui se hérisse sur mon passage. Je souris en sentant la tension émaner d'elle, le désir grandir et se perdre le long de son corps sous mon touché. Même si elle osait dire que toutes mes attentions ne provoquent aucun plaisir, ses réactions prouvent le contraire, si bien que je ne suis pas le moins du moins surpris lorsqu'elle me fait sa demande. Mes yeux se relèvent vers elle, retrouvant son visage et ses yeux brillants déjà, brûlante d'en avoir plus. Je laisse mes doigts rejoindre son entre-jambe, la décorant de savon, m'amusant de ses réactions quelques instants avant de me relever pour attraper le pommeau de douche. Méticuleusement, je chasse la mousse de son corps, sans la lâcher du regard un seul instant, entretenant cette délicieuse tension entre nous. Ce n'est pas raisonnable, mais je ne l'ai jamais été, de toute façon. L'eau roule sur ses épaules, le long de ses seins qui appellent ma langue, puis se perd sur la courbure de ses fesses. Je ne résiste pas longtemps, lui offrant ma bouche le long de sa poitrine dressée vers moi, rien que pour moi. Je prend mon temps, me délecte de l'instant en glissant le jet entre ses cuisses, avide de lui arracher d'autres soupirs de plaisir, de pousser sa frustration jusqu'à ce que je me décide à reprendre ma place entre ses jambes.

Elle ne résiste pas à ma langue qui la caresse, la redécouvre, lui fait doucement perdre pieds alors qu'elle se cambre pour m'en donner plus libre accès. Un grognement sourd m'échappe lorsqu'elle m'emprisonne dans sa prise à son tour. Je me fais violence pour rester doux, pour poursuivre mes caresses et lutter contre cette envie grondante qu'elle fait monter dans mon bas-ventre. Je me soule de ses soupirs de plus en plus entêtants, quittant sa poitrine pour retrouver ses lèvres entrouvertes laissant échapper son plaisir montant en flèche. Je l'embrasse fougueusement, avec toute la passion qu'elle m'inspire, avant de quitter son visage à nouveau. Je reprend ma descente, cette fois sans m'arrêter sur la peau tendre de son ventre pour glisser ma bouche entre ses cuisses et délaisser le jet qui tombe au sol. Je m'arrache à sa prise pour l'emprisonner sous mes bras qui entourent ses jambes, la maintenant contre moi avec douceur mais fermeté, la dévorant sans retenue, avide de lui arracher son plaisir.

Peu à peu, je la sens s'abandonner complètement, se perdre dans le plaisir que je lui offre sans consession. Je ronronne en sentant sa prise se ferme de plus en plus ferme sur mes cheveux, en l'entendant prononcé mon nom de la plus entêtante des manières. Mes mains se font plus possessive encore sur ses cuisses, mes yeux remontant le long de son corps pour espérer admirer son visage tendu par le plaisir, sa bouche ouverte laissant passer ses gémissements qu'elle ne retient même pas, m'offrant une vue des plus érotiques. La voir ainsi, complètement offerte à mes attentions, m'excite à outrance, si bien que je redouble d'efforts lorsque je sens son sexe gonfler sous ma langue, jusqu'à l'emporter dans un orgasme qui me fait sourire contre sa chair. Je la laisse reprendre ses esprits lentement, détachant mes paumes de sa peau avant de me relever en essuyant vaguement mes lèvres pour lui offrir un sourire conquis. Je ne me laisserais jamais de la voir dans cet état grâce à moi.