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Le bras armé du destin - Ezeo
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Léo Reece
Messages : 679
Date de naissance : 23/08/1982
Occupation : Tueur à gages
Localisation : Quelque part loin des yeux de tous
Léo Reece
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Lun 17 Fév - 11:16
Le bras armé du destin - Ezeo Source-2

Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Les balles fusent. L'adrénaline agite furieusement le sang dans mes veines. J'approche de mon but. L'hémoglobine fuse dans les airs à chacun de mes tirs. Les corps claquent sur le sol, les uns après les autres. J'avance, mètre après mètre, étage après étage. Mes pas trouvent leur chemin à travers les cadavres qui s'amoncèlent sur ma route. Rien ne semble pouvoir m'arrêter. Ni les cris, les insultes, les provocations, la poudre qui menace de me faire rendre mon dernier souffle à tout instant. Le moindre mouvement inconscient, la moindre erreur me coûtera la vie pour de bon. Encore heureux, la mort ne me fait plus peur depuis longtemps. Plus encore depuis la dernière fois que mes yeux se sont posés sur mon ex mari.

Un mois s'est écoulé depuis le moment où la porte de la chambre de l'hôtel où nous nous sommes retrouvés à claqué dans mon dos, sans même que j'en ai le moindre souvenir. Le cerveau à cette capacité surprenante à se mettre en veille, à effacer ce qui semble bien trop douloureux pour l'esprit. Je me rappelle à peine de ce jour. Ce dont je me souviens parfaitement, c'est de la douleur, de l'agonie, qui m'a poursuivie depuis. Les litres d'alcool, les souvenirs qui s'agitent, les larmes coulées. Milo, pour garnir le tout. Jade, pour tenter de me sortir la tête de l'eau, le temps que la douleur passe, qu'elle s'estompe, pour ne plus laisser qu'un vide abyssal. Les contrats se sont enchainés. Le besoin d'oublier, de passer à autre chose dans les bras de Scylla. La survie, alors que je ne rêve plus que de me prendre la balle de trop, celle qui mettra un terme définitif à mon existence. La fatigue, qui m'enserre, qui me brûle. Fatigué de vivre et de subir. Le manque de courage de passer à l'acte moi-même, comme lors de sa mort organisée. Le destin en décide autrement. Les risques pris sont pourtant énormes. Seul contre la bande de Zayn, avec un simple flingue et un nombre incalculable de balles. L'arrêt au coeur. Tout détruire, juste pour la tête d'un seul homme. Le dernier contrat en date.

Le silence se fait entre les étages. Je les entends s'agiter au loin, crier au grand méchant loup à chaque fois que je recharge. Je ne me donne même pas la peine de ramasser leur armes, plus efficace que la mienne. Avancer, jusqu'à la cible, c'est la seule chose que j'ai en tête, qui m'obsède. Mon coeur m'a abandonné, mais pas les sensations grisantes dues aux meurtres, à la simple vue de la vie quittant leur corps. L'idée de croiser mon ancien amant m'effleure à peine, même si je sais qu'il est là, bien présent, quelque part dans les étages de cet immeuble qui tombe en miettes. Sans doute protégé, tout comme ma cible, l'informateur que je dois abattre pour toucher le million promis. Rien ne m'arrêtera. Pas même lui.

Ezekiel Reece
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Date de naissance : 25/08/1984
Occupation : Enfoiré de première
Ezekiel Reece
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Lun 17 Fév - 22:12
Une épaisse odeur de nicotine flotte dans la pièce. Elle rend l’atmosphère opaque et étouffante. Confortablement assis au fond du canapé en cuir, je tape distraitement la cendre incandescente de ma cigarette dans le cendrier. Mes yeux suivent le mouvement flegmatique de la fumée. Mais ça n’empêche pas mon attention de roder du côté de la conversation qui se tient là. Zayn ricane doucement en sirotant son verre d’alcool pur. Ses chevalières résonnent contre le verre alors qu’il agite ses doigts avec stratégie autour du récipient. Les négociations se déroulent pour le mieux. Zayn semble se satisfaire des échanges avec son interlocuteur. Une sombre ordure issue des bas-fonds d’un trafic d’armes. Je garde le silence tandis qu’ils peaufinent les détails de leurs magouilles. Y’a quelque chose qui ne me plaît pas dans ce que raconte ce fils de pute. Mais je n’ai pas encore réussi à mettre le doigt dessus. Alors je me tais pour l’heure. Mon avis aura tôt fait d’être demandé, lorsque le type aura débarrassé les lieux, et que Zayn aura fait tomber son rictus d’hypocrisie.

- C’est quoi ce bordel ?

Le chef a perdu sa joie d’apparence. Le verre d’alcool vide est abandonné sur la table basse en bois lustrée. Un vacarme assourdi vibre en arrière-fond sonore dans les étages inférieurs. Mon regard se relève. Ses yeux sans âme se vissent à la porte du bureau un quart de secondes avant que quelqu’un ne l’ouvre à la volée. Il faut avoir une foutue bonne raison pour venir interrompre Zayn sans s’annoncer.

- C’est la merde patron ! baragouine l’homme essoufflé. Y’a ce type, ce tueur à gage de merde ! Il est en train de descendre tout le monde !

Une courte seconde s’étire dans les airs, au cours de laquelle une incrédulité silencieuse s’étire dans la pièce. Un tueur à gage ? Ici ? Dans les locaux du réseau ? Je croise brièvement le regard du boss. Il n’en faut pas plus. Je hoche imperceptiblement la tête avant de quitter mon siège sans un bruit. Je sors de la pièce sans plus m’attarder. L’homme de main m’emboîte le pas si tôt la porte refermée dans mon sillage. Ses explications fusent à mes oreilles. Mais je l’écoute à peine. Mon esprit est déjà focalisé là-bas. Quelques étages plus bas. Là où l’écho des coups de feu se fait entendre plus précisément. Quelque chose s’est serré dans mes tripes. Je ne connais qu’un seul homme assez fou et assez doué avec un flingue pour tenir aussi longtemps dans une mission suicide de ce genre. Et tout le monde ici sait déjà ce que le tueur à gages veut. La tête de Jimmy. La vie de ce type qui garde au chaud, dans sa petite tête de rat opportuniste, une floppée d’info qui pourront servir les intérêts de Zayn. Et desservir ceux de ses concurrents. L’intrus ne doit pas parvenir jusqu’à lui. Cette crevure doit rester en vie.

Mes pas avancent à travers les couloirs teintés d’un calme passager. Jimmy est planqué trois étages en-dessous de celui de Zayn. La crosse de mon arme pèse contre ma paume. Une vieille sensation familière. Ça gueule droit devant. Une tension meurtrière s’est installée entre les murs, au même titre qu’une écœurante odeur de sang. Les coups de feu explosent soudain de nouveau. Ma paume s’abat sur la porte d’une chambre à l’instant où les cris d’agonie reprennent de plus bel. C’est une hécatombe putain. Le panneau de bois claque dans mon dos. Le gosse fait un bond au fond de la pièce. Ses yeux de rongeur s’arriment à ma silhouette. Il sait ce qui est en train de se passer. Il sait que le mec qui est en train de butter tout le monde vient pour lui. Juste pour lui. Et il est en train de se chier dessus Jimmy. Probablement qu’il regrette d’avoir ouvert sa gueule désormais. Qu’il regrette d’avoir osé vouloir jouer dans la cour des grands.

- Ferme ta gueule, je lâche d’emblée en traversant la chambre sans ralentir. Planque-toi derrière le lit. Dès que tu vois une occasion de te tirer, fais-le. Tu n’en auras pas une deuxième.

Je le pousse sans ménagement à s’étaler derrière le sommier. Mes doigts relèvent le cran de sécurité de mon flingue. Le silence s’est fait de nouveau au dehors. Deux. Puis trois secondes. Mon bras se lève vers la porte. Celle-ci éclate dans une pluie de bois malmené. Une ombre noire et parsemée de rouge apparaît dans l’encadrement. Mes dents se serrent. Fort.

Evidemment. Evidemment que c’est Léo.

Qui d’autre hein ? Le destin a un humour sacrément dégueulasse. Le bout de mon indexe frémit sur la détente. Mes yeux se plissent légèrement, dans une supplique silencieuse. Chaque fibre de mon être m’interdit de tirer.

- S’il te plaît. Ne fais pas ça, je gronde tout bas entre mes mâchoires contractées.

Disparais, Léo. Disparais putain. Avant que Zayn ne comprenne que t’es là.
Léo Reece
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Mar 18 Fév - 9:29
Le bras armé du destin - Ezeo Source-2

Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Les morts s'amoncèlent sur mon passage. Les balles filent à travers les murs et les cris d'agonie. L'adrénaline m'aide à avancer, droit devant, sans jamais m'arrêter, même à cause des blessures qui ornent mon corps. C'est un putain de problème secondaire. Je recharge, encore et j'avance. Les têtes explosent, l'agitation se fait de plus en plus vive. Ils s'agitent tous comme des poules sans tête. C'est presque drôle à regarder. Et bon signe. J'approche de ma cible.

L'idée de tuer Zayn m'effleure à chacun de mes pas. En profiter pour abattre cette enflure. Je l'aurais sans doute fait, sans la moindre hésitation, il y a quelque temps de cela. Mais plus aujourd'hui. A présent, sa vie n'a plus aucune importance à mes yeux. Je ne gaspillerais pas une seule balle pour ce crevard pour la simple et bonne raison qu'il ne fait pas partie du contrat. Je ne toucherais rien de plus à exploser sa tête, quand bien même l'homme est proche, très proche. Ce serait facile, même si j'y perdrais la vie.

J'arpente un couloir sombre, menant droit à la porte qui m'intéresse. Je sais que c'est là qu'ils le planquent. Je le sais pour avoir étudier scrupuleusement les plans, encore hier soir. La porte se profile devant moi, derrière l'hémoglobine qui me noie presque la vue. J'ai un réflexe pour essuyer le sang de mon visage avant que mon pied ne parte s'éclater contre le bois, qui explose sous le choc. J'investi la pièce. Mes iris se posent sur ma cible, planquée derrière le lit, si peu discret à pleurnicher comme un rat sans défense. Mais le canon d'un flingue près de ma tête happe toute mon attention. Mon regard remonte pour se figer droit dans celui de mon ancien amant. Quelque chose s'agite furieusement dans ma cage thoracique. Les souvenirs se bousculent dans ma tête. Fais comme si j'étais resté mort. Mon bras se lève sous mon regard de glace, mon arme pointe sa tête. Je serre les dents. Il suffirait d'une balle, d'une seule, pour que tout s'arrête. En un instant.

Mon canon dévie, le tir part, le bruit de l'unique détonation se répercute avec force dans la pièce. Durant une seconde, le temps semble ce suspendre dans l'air. Ezekiel s'effondre, durement touché à l'épaule. La cible en profite. Elle tente de s'enfuir, de profiter du moment pour se barrer par la seule issue possible. Grave erreur. Ma main l'attrape à la gorge, le stoppe en pleine course. Je le repousse sur le sol. Je n'entends rien de ses pleures alors qu'il rampe, qu'il supplie de l'épargner. Les balles fusent. Trois balles dans le torse, une dans la tête. C'est fini. Il ne se relèvera pas.

J'attrape mon téléphone dans ma poche, photographie le corps sans vie de l'informateur refroidi pour l'envoyer à mon client sans attendre. Mon portable retrouve mon pantalon. Je pose un regard froid sur mon amant en sang avant de me détourner totalement de la scène. Mes pieds prennent le chemin inverse pour m'enfuir de l'immeuble le plus rapidement possible. C'est fini Eze. Tout est fini.

Ezekiel Reece
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Occupation : Enfoiré de première
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Mer 19 Fév - 12:30
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Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Les yeux sombres de Léo se fondent dans les miens alors que la trajectoire de nos deux armes se croisent de la plus mortelle des manières. Ce que j’y décèle me tord les tripes. Il y a quelque chose de mort dans le fond de ses pupilles. Quelque chose qui n’existait pas la dernière fois que nous nous sommes vus. Quelque chose qui n’avait même jamais vu le jour, avant que je ne le quitte. Ma prise se presse imperceptiblement sur la crosse de mon flingue. Mes dents se serrent, alors que le silence s’étire dans une seconde presque éternelle. Il pourrait me tuer. Il pourrait me flanquer une balle entre les deux yeux. Ça serait facile, si facile. Parce que je sais que je ne pourrais jamais appuyer sur la détente. Je ne saurais même pas répliquer. Il esquisse un mouvement. Mon regard dévie de son visage. Son bras vacille. Je le vois clairement changer son angle de tir. Un quart de seconde plus tard, la douleur explose dans mon épaule. La violence de l’assaut me pousse en arrière et me déséquilibre. Le choc assomme mes idées et m’empêche de crier. Mon dos s’écrase contre le mur le plus proche. Un grondement sourd grince entre mes dents. Léo disparaît de ma vue. Il n’y a plus que du rouge dans mon champ de vision. Du rouge dans mon odorat. Du rouge dans mon esprit. J’ai vaguement conscience du bruit de mon arme claquant contre le sol. Mes doigts se pressent contre la plaie. Putain ! Mon corps hurle de souffrance. De nouveaux coups de feu retentissent. Le cadavre de Jimmy danse brièvement devant mes yeux. Mes mâchoires se serrent alors que ma main appuie de toutes ses forces contre la blessure. Ça fait un mal de chien ! J’arrive pas à y croire. Léo m’a tiré dessus. Cet enfoiré m’a troué la peau ! Mon ancien amant tourne les talons après avoir lancé dans ma direction un regard aussi chaleureux que la mort. Je roule piteusement sur le côté pour trouver l’appui du mur. Un silence fragile est retombé dans l’immeuble. Un bourdonnement sourd vrille à mes oreilles. La balle logée dans ma chair me lance. La douleur me submerge en un flot de vagues continues. Je me redresse maladroitement, ma prise serrée autour de mon épaule dégueulante de sang. Mon attention retombe sur le corps sans vie à deux pas de là. Mort de chez mort.

- Fait chier ...

Des pas se font entendre non loin. Le renfort arrive, bien trop tard de toute évidence. Zayn va être furieux. Comment un seul type a-t-il pu s’infiltrer ainsi sur son territoire et en ressortir vivant ? Mes doigts récupèrent mon cellulaire dans la poche de mon pantalon. J’appelle le boss, alors que de nouveaux hommes investissent les lieux. Il décroche au bout de deux sonneries. « Jimmy est mort ». Le mafieux peste au bout du fil. Il vient de perdre une bonne occasion de ramasser un paquet de fric. Je raccroche sans un mot de plus. Zayn n’a pas besoin de détails supplémentaire. On tourne autour de moi. Les hommes de main s’agitent de me voir me vider de mon sang contre un pan de mur. Un regard noir de ma part les repousse silencieusement.

- Nettoyez cette merde, je grogne en quittant mon appui pour sortir de là.

Je grince des dents à chaque pas. La balle m’envoie une onde de douleur à chaque mouvement que je fais. Je n’ai plus le moindre coup d’œil pour le reste de la scène. Je n’ai plus rien à foutre ici. Le gosse s’est fait tuer. Et j’ai une putain de blessure à soigner.


◘◘◘

La porte de la planque claque dans mon dos. Je force sur mes yeux pour garder mes paupières ouvertes et contraindre ma vision à cesser de voir en double. Je renverse un meuble et les bibelots qu’il contient en avançant un peu au hasard dans la pièce. Je tâtonne à la recherche de la salle de bain. Je gronde tout bas. Une sale fièvre commence à poindre le bout de son nez. Je pensais avoir plus de temps avant que mon organisme ne se mette à paniquer face au corps étranger qui me scie l’épaule. Mes doigts ouvrent les placards et cherchent sans délicatesse la trousse de soin. Il y en a toujours une dans les planques. Un soupir m’échappe lorsque j’arrive enfin à foutre la main dessus.

Je n’ai pas pu me résoudre à rentrer directement chez moi. D’une part parce que la plaie est beaucoup trop vilaine pour me laisser conduire jusque là-bas. D’autre part parce que je ne veux pas que Milo voit ça. Je me suis également refusé à me soigner dans les locaux de Zayn. Je veux éviter les questions. Je veux éviter les doutes et les accusations. J’ai encore l’espoir de me dire qu’il n’aura pas vent de l’identité de celui qui a abattu la moitié de ses rangs. Alors je me suis rabattu sur l’un des nombreux studios possédés par le gang. Ces endroits sont souvent utilisés pour se planquer en cas de besoin, ou pour toutes sortes d’opérations illégales. C’est un besoin lié à notre business. Aujourd’hui, ça ne servira que mes propres intérêts. Cet enfoiré de Zayn me doit bien ça.

Je me laisse asseoir comme une masse contre le mur de la petite pièce. Mon cœur bat à tout rompre contre mon torse. Je prends quelques instants pour reprendre mon souffle et pose enfin mon attention sur la blessure suintante. Il me faut un temps de dingue pour retirer le garrot de fortune que je me suis fait, ainsi que le reste de mes fringues totalement fichus. La blessure est crade. Toutefois je n’ai pas l’impression que la balle ait touché l’os. C’est encore un foutu miracle. Je déchire sans attendre un nouveau morceau de ma chemise pour faire un second garrot et limiter la perte d'hémoglobine. Mes mains poisseuses de sang se saisissent alors de la trousse pour en sortir le matériel, et tenter de déloger la sale petite pute en métal qui s’est logée dans mon épaule.

Je ne sais pas exactement combien de temps passe avant que la pince à épiler rougie ne tombe sur le sol. Inutile. Vaincue. Mes doigts tremblant glissent sur mon visage en sueur. La fièvre m’assèche la gorge. J’ai chaud et froid en même temps. Mes yeux ne parviennent plus à rester ancrés sur un point précis. Mon rythme cardiaque résonne de plus en plus fort à mes tympans. Je perds peu à peu mes moyens, victime des conséquences de la balle incrustée trop profondément dans mon épaule pour que je puisse la retirer moi-même. Et je sais ce que ça veut dire. Je suis lentement en train de m’enfoncer vers un chemin mortel. Il y a deux possibilités, si je ne parviens pas à me soigner. Soit la fièvre aura raison de moi. Soit je crèverais en me vidant tout simplement de mon sang. Ma tête retombe en arrière, contre le carrelage du mur de la salle de bain. Je déglutis. Que faire putain. Mes idées peinent à retrouver un ordre cohérent. Appeler mes hommes ? C’est bien trop risqué. J’ai peu confiance en eux depuis plus de trois ans. Les secours ? Plutôt mourir. Ce serait signer pour un voyage sans retour en taule. Milo alors ? Non. Non, impossible. Il doit y avoir une autre solution. Mon esprit patine. Le seul visage que mon ultime instinct déploie sous mon crâne est celui de Léo. Il t’a tiré dessus, Eze. Réfléchis. Mais j’en suis devenu incapable. C’est le seul qui me vient en tête. Celui qui soignait mes plaies auparavant. La voix au fond de mon crâne qui m’interdit pourtant de le faire ne parvient plus à percer le voile opaque qui est tombé sur ma rationalité. Mes doigts plein de sang parviennent je ne sais comment à retrouver le numéro de Léo dans mon téléphone, que je n’ai jamais pu me résoudre à effacer. Mon pouce appuie sur la touche verte, avant que je ne colle l’appareil à mon oreille. Mes paupières se ferment alors que les tonalités froides vibrent dans les airs. Il me semble un instant être partie, avoir quitté la réalité pour m’enfoncer dans un nuage confortable et terriblement dangereux. Mais quelqu’un décroche. Mes yeux se rouvrent. Puis un rictus sans joie étire mes lèvres arrides.

- Jusqu’à ce que la mort nous sépare, hein, Léo, je souffle d’une voix éraillée. J’suis en train de crever grâce à toi. Tu seras sûrement ravi de l’apprendre.

Je peine à avaler ma salive. Il n’y a pas de reproche dans mes paroles. C’est juste un putain de constat. J’ai du mal à comprendre ce que je suis en train de faire. Tout ce dont j’ai plus ou moins conscience, c’est de suivre les chuchotements éperdus de l’organe vital qui saigne et se désintègre au creux de mon buste.

Léo Reece
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Mer 19 Fév - 19:53
Le bras armé du destin - Ezeo 3df14ded56c3aebe0f88564d9606e8fb

Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
[justify]J'étais rentré chez moi ce soir là sans la moindre émotion, ni le moindre regret. Tel un automate, j'avais passé la porte de l'appartement. Jade m'avait accueilli chaleureusement comme à son habitude, à l'aide de la boite à pharmacie. Je l'avais échappé belle cette fois. Heureusement, mon nouveau costume renforcé avait fait des miracles. Pas une balle ne m'avait réellement traversée. Une belle victoire face à la mort. Et un million en plus. Si l'on oubliait la présence d'Eze, cette journée était un sans faute. C'est seulement lorsque je fus confortablement installé dans mon salon que mes pensées valsèrent sur ce qui s'était passé. La balle tirée, son bras en sang, son visage ravagé par la douleur. Je m'efforçais de ne pas y penser. Il était dans le chemin. Il savait que je ne m'arrêterais pas. Je grognais en avalant une gorgée de whisky. Je ne devrais même pas avoir la moindre pensée pour lui. D'autant plus que le clan de Zayn à surement des hommes pour s'occuper de lui. Aucune raison de m'inquiéter pour ce connard.

Jade était déjà couchée depuis plusieurs heures lorsque je me décidais enfin, moi aussi, à bouger jusqu'à ma chambre. Aidé de l'alcool, la fatigue m'emporta pour une fois sans trop de problème. Je plongeais dans un sommeil sans rêves, guidé par les nombreuses heures de sommeil que mon corps déclamais depuis des jours. Mon portable vibra douloureusement à mon oreille. Je l'entendis à peine à travers le nuage opaque qui enveloppais ma tête. Mon bras s'abattit sur le combiné alors que j'ouvrais péniblement un oeil. Eze ? Je fronçais les sourcils. Je devais être en train de rêver. Trop endormi pour avoir le minimum de lucidité, je décrochais dans un grognement en me retournant sur le dos. Sa voix grillée souffla dans mon oreille avant même que j'ai pu décrocher un mot. Sa phrase mit du temps à trouver sa place dans mon esprit, les mots plus encore à comprendre le moindre sens à ce qu'il raconte. Mais putain, il était complètement hight ou quoi ?

« Crever ? T'exagères. Si je voulais vraiment te crever tu ne serais plus là pour m'appeler à cinq heures du mat'. »

Je grognais encore, la voix encore rauque avant d'émerger un peu plus. Y'avait quand même un truc qui clochait dans sa voix. Et si il était sérieux ? Je me relevais, m'asseyant entre mes draps.

« Me dit pas que vous avez pas de médecin, dans la bande de Zayn. Ou bien que t'es assez con pour avoir voulu te débrouiller seul ? »
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Mer 19 Fév - 20:44
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Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Le timbre grave et bourru de Léo grésille dans le téléphone. Sa réponse met un temps de dingue avant de trouver écho dans mon esprit embrumé. J’exagère ? Un léger rire me secoue. Ce que je regrette presque aussitôt. Mon épaule me lance furieusement en réponse à ce frémissement qui traverse mon corps. Je halète de douleur. Quel connard. Pourtant entendre sa voix me fait du bien. Ça apaise les battements fous de mon cœur. Et ça semble me faire oublier un tant soit peu les températures extrêmes de mon être.

- Alors pourquoi tu m’as tiré dessus, je réponds dans un sourire crispé par la douleur.

Mon esprit tourbillonne. Je lutte pour ne pas sombrer dans un sommeil de mort. Je remercie silencieusement la présence du mur dans mon dos, qui soutient mon poids inerte. Sans lui, j’ai bien l’impression que j’aurais perdu un équilibre précaire depuis longtemps. Cinq heures du matin ? C’est bien de qu’il vient de dire ? Déjà ? Ou ... seulement ? J’en sais foutrement rien.

- Je ne fais plus confiance à Zayn, ni à qui que ce soit agissant en son nom. C’est pas être con, c’est juste de l’instinct de survie.

Ma main libre glisse sur mon visage pour tenter de me réveiller. Parler est épuisant. Mais je n’ai pas envie d’arrêter.

- Un truc dont tu ne dois pas être doté d'ailleurs. S’inviter seul chez Zayn ... T’es complètement ravagé, putain, j’ajoute dans un souffle fiévreux.

Un temps dont je ne saurais juger l'ampleur s'étire dans le combiné. Je déglutis. Mes doigts pressent de nouveau la plaie sanglante qui éventre ma chair. La gravité de la situation me rattrape peu à peu, malgré ma torpeur.

- J'peux pas me permettre de mourir, Léo, je grince alors non sans une certaine nervosité.

L'image de Milo danse au fond de mon crâne. Ce gamin ne me le pardonnerait jamais. Et celle de Zayn aussi. Je n'ai pas le droit de quitter ce monde avant ce fils de pute. Il est impossible pour moi de crever ce soir.  


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Mer 19 Fév - 22:00
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Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Un rire le secoue à mes paroles, rapidement coupé par un grognement significatif de douleur. Je frotte mes paupières fatiguées, passant une main sur mon visage d'un geste blasé. Comme si j'avais besoin de ça.

« T'étais dans mon chemin... »

Et pour le même prix, j'aurais aussi pu juste lui foutre une balle dans la tête. Mais non, je l'avais épargné, évidemment. Parmi toutes les victimes que j'avais pu faire aujourd'hui, il était le seul encore en vie et il trouvait encore le moyen de faire chier pour ses conneries.

Un sourire étire néanmoins mes lèvres lorsqu'il me traite de ravagé, pour se faner ensuite, avant que je n'ouvre la bouche pour lui répondre.

« Possible. En même temps on peu pas dire que les hommes de Zayn soient des pointures. »

Même si je ne devais ma survie qu'à ma chance. Une putain de bonne étoile qui veillait sur moi quoi que je fasse, même si je rêvais de crever. Tu parles d'une aubaine. Une foutue malédiction. Je soupirais en me rallongeant, le portable toujours vissé à l'oreille, refusant de raccrocher même si il ne méritais que ça. Sa voix, même raillée, m'avait manquée. Beaucoup trop. Mon regard rencontra le plafond.

« Et donc tu t'es dis que ce serait une excellente idée d'appeler ton ex à la rescousse pour te sauver les fesses ? T'es un vrai génie ma parole. »
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Mer 19 Fév - 22:49
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Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Je l’entends vaguement bouger de l’autre côté du téléphone. Léo méprise la faiblesse des hommes de Zayn. Mais il n’a pas tout à fait raison. C’est lui, qui est particulièrement doué avec un flingue. Mais je crois que la réponse ne traverse jamais mes lèvres engourdies. Ses sarcasmes me font soupirer. Un vrai génie hein. J’aurais plutôt dit un sale type avec un karma de merde.

- Mon ex ? je répète d’une voix essoufflée. Aux dernières nouvelles, toi et moi, on est encore mariés.

Une vague de glace me submerge. Une série de frissons fuse en travers de mon corps. Un mouvement nerveux de mes mâchoires menace de faire claquer mes dents sous le froid qui raidit soudain mes muscles. Pourtant ma peau transpire à grosses gouttes. Qu’est-ce que je disais déjà ? Je m’agite pour tenter maladroitement de trouver une position plus confortable, et moins douloureuse, sur le carrelage.

- Et qui d’autre veux-tu que j’appelle ? Milo ? Y’a que toi qui sais soigner ça.

Ma tête repart contre le mur. Mes yeux se ferment, et cette fois je n’arrive pas à lutter contre. Juste un instant. Un petit instant. Le temps de me reposer un peu.


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Jeu 20 Fév - 7:52
Je grogne sans pouvoir me retenir. Il se fou de ma gueule, c'est pas possible autrement. Comment peut-on avoir si peu de considération pour les autres au juste ? Je crache mon venin au téléphone sans pouvoir m'en empêcher.

" Tu m'as plaqué je te rappelle ! Mariés ou pas, c'est juste une question de temps avant que tu ne fasses plus partie de ma vie."

Qu'il me fasse seulement regretter de ne pas déjà avoir agit en ce sens. Je serre les dents alors que mon coeur tambourine douloureusement dans ma poitrine. C'est ce qu'il voulait, de toute façon. Que je ne fasse plus partie de sa vie. Qu'il disparaisse de la mienne. Il avait fait son choix. Il n'avait qu'à assumer.

" C'est pas mon problème Eze. Démerde toi !"

Je suis sur le point de raccrocher mais quelque chose m'en empêche. Il ne répond plus. J'entends sa respiration faiblir, se régler doucement. Ne me dites pas qu'il va claquer au téléphone. Je fronce les sourcils en me relevant d'un coup.

" Eze ? Eze ! T'endors pas putain !"

Je grogne encore. Je suis vraiment trop bon. Et trop con.

" Ça va, t'as gagné, j'arrive ! Reste avec moi bon sang, parle moi ! Dis moi où tu te trouves !"

Le combiné reste vissé à mon oreille tandis que je me lève d'un bon pour enfiler mes fringues de la veille à la va vite. Ce mec est un véritable enfer. Mais il ne claquera pas maintenant je l'interdit.

Ezekiel Reece
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Ezekiel Reece
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Jeu 20 Fév - 8:14
C'est juste une question de temps avant que tu ne fasses plus partie de ma vie. Je ne te le fais pas si bien dire, Léo. Il n'a probablement jamais eu autant raison qu'à ce moment là. Pourtant je sais qu'il ne parle pas de mon état lamentable et de mon corps transit de fièvre en train de lâcher. Il attaque sur un terrain sentimental et bien plus intime. Cette fois, ça m'atteint avec force. Mon ventre se serre, mais mes lèvres n'ont plus tellement la force d'argumenter. Mes idées volent en désordre dans mon crâne, comme une volière d'oiseaux totalement fous et désordonnés. Mon âme crève de lui dire à quel point je n'ai jamais voulu de cette situation. De lui dire tout ce que m'a coûté cette putain de décision. Je me sens sombrer. Mes pensées virevoltent de plus bel. Sa voix m'a manqué. Chaque jour. Chaque soir. A chaque instant silencieux. Je me raccroche à ce timbre nouvellement gravé dans ma mémoire. C'est réconfortant, dans ce merdier phénoménal dans laquelle patauge mon existence.

Et puis soudain il me hèle. Léo hausse le ton. Je fronce les sourcils, tiré par son intervention hors du sommeil de plomb qui plane autour de moi. Mes yeux se rouvrent. La salle de bain se rematérialisé devant moi. Je mets un temps énorme avant de saisir sa question. Ma voix est enrouée lorsque j'arrive à retrouver la réponse, perdue quelque part dans les abysses de mon esprit engourdi.

- À Brownsville.

Je force sur mes souvenirs. Quelle est l'adresse de ce foutu trou déjà ?

- 18 rue de la liberté, je crois ...
Léo Reece
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Jeu 20 Fév - 8:25
L'adresse saute à mon oreille alors que je suis déjà habillé. J'attrape mon kit de secours dans la salle de bain, suivi de cachets et d'une bouteille d'alcool que j'enfourne dans un grand sac en me ruant vers la sortie.

" Ok, je vois ou c'est. Je serais là dans quinze minutes. Tiens le coup."

Je dévale les escaliers comme je ne l'ai jamais fait auparavant. La porte de l'immeuble pourri claque dans mon dos. Je saute dans ma voiture, démarrant une seconde plus tard, le téléphone toujours vissé à l'oreille.

" Eze ? Eze continue de me parler. "

Je serre les dents en appuyant furieusement sur l'accélérateur. Peu importe la circulation, les feux rouges. À cette heure heureusement, les rues sont calme. Je trace la route sans faire attention à ce qui se passe autour de moi. Seul sa survie compte. T'as pas intérêt à claquer Eze, sinon je te jure que je te botterai le cul en enfer.

" Milo. Parle moi de Milo. Comment est-ce qu'il va ?"

Parle moi de n'importe quoi. Tout pour te maintenir éveillé le temps que j'arrive. Absolument tout.
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Jeu 20 Fév - 9:44
Le timbre de Léo change. Il y a de l'urgence dans ses mots. Mais ça ne parvient plus à avoir un quelconque impact sur moi. La fatigue est bien trop importante pour que sa nervosité me contamine. Sa voix m'empêche de sombrer pour de bon. Pourtant je n'attends plus que ça. Juste quelques minutes. Léo s'agite à l'autre bout du fil. Je l'entends comme un vacarme vaguement lointain. Il me demande de parler, mais je suis incapable d'aligner deux mots au hasard. Il y a trop de choses qui tourbillonnent sous mon crâne. Sa question me permet de me focaliser sur un visage. Mon fils. Milo. Comment va-t-il ?

- Tu lui manques, je souffle en fronçant douloureusement les sourcils.

Je serre les dents pour les empêcher de claquer. La sensation de froid revient de plus bel. Je frémis de haut en bas, malgré ma peau brûlante là où mes doigts s'attardent.

- Il m'a parlé de toi l'autre fois. C'était la première fois depuis presque trois ans.

Mes souvenirs s'emmêlent maladroitement concernant cette fameuse soirée. Milo qui avait fugué de chez sa mère. Milo en colère. Milo en pleine incompréhension. Je crois que la séparation l'a affecté, indirectement, tout autant que nous.

- Il n'a jamais compris tou ça ... toute cette merde ...
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Jeu 20 Fév - 9:59
Un douloureux sourire s'étale sur mes lèvres lorsqu'il me répond enfin. Milo va bien. Je lui manque. Les informations défilent dans ma tête sans vraiment que je m'y accroche, trop pressé par l'urgence de la situation. Qu'il parle, même pour raconter des conneries, c'est tout ce qui compte.

" Ça ne m'étonne pas. Il s'est pointé chez moi y'a quelques semaines, comme si de rien était. J'ai vite compris que tu n'avais pas eu les couilles de lui dire la vérité."

Je serre les dents sur mon ton accusateur sans le vouloir. Pour une fois, ce n'est pas mon but de l'enfoncer dans sa merde, même si je ne peux pas m'en empêcher.

" C'est un sensible ton gosse tu sais. J'ai bien vu que toute cette histoire l'avait bouleversé."

Encore cinq minutes. Cinq petites minutes avant que j'arrive. Accroche toi Eze.

" Parle moi. Qu'est-ce qu'il t'a dit à propos de moi ?"

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Jeu 20 Fév - 11:08
Ce qu'il m'explique réveille quelque peu mes esprits endormis. Mes sourcils se froncent alors que mes yeux parviennent à se rouvrir. Milo est allé chez lui ? Une voix lointaine au fond de mon crâne grommelle à cette idée. Ce satané gosse. Voilà pourquoi il était aussi à cran. Voilà pourquoi il m'a posé toutes ces questions marquées d'incompréhension. Mais qu'est-ce qui lui passe donc par la tête ?

- Évidemment.

Je puise dans mes ressources pour me tourner sur le côté, et appuyer mon épaule valide contre le mur pour soulager mon dos. Je gronde ma douleur entre mes mâchoires crispées.

- Évidemment que je n'ai rien dit. Il a autre chose à gérer. Savoir qu'un sombre fils de pute projette de le tuer n'est pas sain pour un gosse de dix-sept ans, putain ...

Je tente de déglutir, mais ma langue reste indubitablement sèche.

- Je ... Je sais plus, Léo. Que je souriais comme un con ou ... ou je ne sais plus quelle connerie.

Ma mémoire refuse de coopérer. Je soupire fébrilement.

- Et toi ? Qu'est ce qu'il t'a dit ?
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Jeu 20 Fév - 13:40
Le bras armé du destin - Ezeo 3df14ded56c3aebe0f88564d9606e8fb

Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Je ne peux pas m'empêcher de lever les deux au ciel avant de soupirer. Ce gosse n'en est plus un. L'épargner de la sorte est pire que bien à mon sens, mais je retiens mes mots. J'arrive dans sa rue, j'ai un faible sourire en entendant à peine ce qu'il me dit alors que je me gare en catastrophe que le trottoir, juste en face de l'adresse qu'il m'a indiqué. Il sourit comme un con. Exactement ce que Milo m'a dit, au final. Une connerie, comme il le dit si bien.

« Ouais, il m'a dit ça aussi. Il s'est mit dans la tête qu'on allait se remettre ensemble parce qu'on s'était revus. »

Ça aussi, s'en était une belle, de connerie. J'ouvrais la portière à la volée en récupérant mon sac de ma main libre. L'empressement guidait mes gestes alors que je passais la porte de l'immeuble, le coeur battant à tout rompre.

« Je suis là Eze, tiens bon. »

Je passais la porte droit vers les étages, montant les marches quatre à quatre jusqu'à arrivé sur son palier. La porte se profila devant moi. Ouverte bien heureusement. J'investi l'appartement en raccrochant enfin, posant mon sac au sol.

« Eze ! T'es où bon sang ?! »

Mes pas pressés firent le tour de l'appartement avant de lui tomber enfin dessus. A sa vue, mes dents se serrèrent alors que je déglutis. Il était salement amoché. Mais, quel idiot d'être resté comme ça aussi longtemps ! Je me jetais presque sur lui, le visage grave. T'as pas le droit de me faire ce coup là Eze, pas après tout ce que j'ai enduré pour toi.

« Eh ! Réveille toi ! Debout ! »

Ma main parcourait son visage pour tenter de le maintenir éveillé. Il était brûlant de fièvre et pâle comme un mort. Il fallait agir tout de suite. Je me glissais sous son épaule pour le soutenir jusqu'au salon. Il fallait agir tout de suite. Mais pas ici, pas dans cette salle de bain minuscule. Je l'installais sur une chaise, veillant à ce qu'il puisse rester en place.

« Me fait pas ce coup là. Si je t'ai laissé en vie c'est pas pour que tu crèves maintenant ! Tu m'entends !? »

Une colère sourde mêlée d'inquiétude animait mes lèvres alors que je me détournais de lui pour aller récupérer une table, d'où je balançais le contenu à même le sol avant de prendre un siège pour moi. J'allais chercher le sac non loin, installant le kit sur la table. De la lumière pour y voir plus clair, un verre de whisky pour lui faire avaler le médoc en premier.

« Avale ça. Ça va faire tomber ta fièvre. »

Je lui tendais les pilules en premier avant de me mettre à l'ouvrage. L'ôtais ma veste pour être plus à l'aise avant de m'installer sur mon siège, prêtant enfin un oeil plus attentif à la blessure. C'était moche. Atrocement moche. La balle était toujours là, bien enfoncée dans sa chair. Il pissait le sang. Il fallait enlever la balle avant d'espérer pouvoir arrêter l'hémorragie.

« T'as vraiment espéré enlever ça tout seul ? Jesus. T'es vraiment borné Eze. »
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Jeu 20 Fév - 19:59
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Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Une voix zone à mes oreilles. Des mains me tirent. Je quitte plus ou moins le nuage sombre derrière lequel mes yeux se sont réfugiés. Eh ! Réveille-toi ! Debout ! On me lève vers le haut, on me hisse et m’entraîne hors de mon trou. Ma blessure s’indigne. La douleur irradie au loin, derrière le voile opaque qui enveloppe mon esprit. Mon corps lâche un grognement faiblard, accusant la colère réveillée de mon épaule en sang. Le visage de Léo apparaît devant moi, alors que je retombe sur une nouvelle surface dure. Je fronce les sourcils et cherche mon air. Qu’est-ce qui s’est passé ? J’entendais sa voix au téléphone. Et à présent ... à présent il est vraiment là. Mon cellulaire a disparu. Putain. Je n’ai pas la moindre foutue idée de ce que j’en ai fait. Il parle. Il me parle. Je prends durement sur moi pour émerger. Peu à peu je reprends contact avec la réalité. Un verre m’est collé entre les mains. Les cachets glissent sur ma langue. J’avale le liquide cul sec, avec de tousser violemment. L’alcool me brûle la trachée. Et pour le coup, ça a le mérite de me réveiller. Le récipient claque sur la table alors que je le repose un peu trop brutalement.

- Sers moi en un autre, je croasse en avalant difficilement les dernières gouttes de whisky.  

Les doigts de mon mari courent sur la peau amochée de mon bras. Je tressaille. Il gronde. Il m’engueule. Ça m’atteint à peine. J’ai du mal à croire qu’il est vraiment là. Mon buste s’avance à sa rencontre alors qu’il étudie l’ampleur des dégâts. Mon front part s’abattre contre son épaule pour y trouver un nouvel appui salutaire. Son odeur envahit mon odorat jusqu’alors saturé par les effluves de sang. J’ai tellement envie de croire qu’il est réellement ici. Dans ce petit appartement miteux. Même mourir m’apparaît bien plus agréable désormais. Comme ça. En sentant sa présence irradier sous mon front.

- C’est ta faute ... je proteste tout bas.

Il m’a tiré dessus ... non ? Qu’est-ce qu’il fait là ? Pourquoi est-il venu ? Mes lèvres gardent ces questions muettes. J’ai trop peur qu’il s’en aille. Trop peur que le mirage se volatilise, lorsque mon esprit aura percé à jour l’illogisme de la scène.

- J’ai cru que ça irait, j’explique maladroitement. J’ai déjà vu pire.

Mes yeux se ferment brièvement alors que je soupire contre son épaule.

- Mais c’est comme pour tout le reste ... Tout ce que tu m’apportes, ça reste définitivement coincé en moi. J’arrive pas à m’en débarrasser. Même lorsqu’il s’agit d’une foutue balle de merde.


Léo Reece
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Jeu 20 Fév - 20:40
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Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Il tient à peine debout sur la chaise. Je lui sers un nouveau verre de whisky, espérant que cela lui suffira à garder les yeux ouverts. Au moins, il parle. Il me répond. Ses paroles n'ont pas grand sens, mais il parle. Il explique. Je ne suis même pas sûr qu'il réalise que je sois vraiment là. Peu importe. Je ne perd pas de vue mon objectif.

« Tu dis n'importe quoi Eze. Tu délires complètement. »

J'ouvre le kit et déballe toutes les affaires sur la table. Je commence par nettoyer la plaie pour arriver à y voir plus clair. J'attrape un tissu en me tournant vers lui, relevant sa tête appuyée contre mon épaule. Mon regard transit d'inquiétude tombe dans le sien.

« Mord ça le plus fort que tu peux. Ça va faire mal. »

J'embrasse la naissance de ses cheveux dans un réflexe que je ne contrôle pas après lui avoir glisser le chiffon en bouche. Il va me haïr pour la douleur que je vais lui infliger, mais on a pas le choix. Je n'ai pas ce qu'il faut pour diminuer sa peine. Il faut qu'il reste conscient jusqu'au bout.

« Accroche toi. »

Mes doigts attrapent la pince. Sans hésitation, méticuleusement, je la glisse à la rencontre de la balle coincée au coeur de son épaule. Je passe outre ses hurlements de douleur, outre tout ce que je peux ressentir à cet instant pour accomplir ma tâche. La balle fini par venir. Enfin, je la sors de sa peau pour la jeter sur la table.

« Je l'ai eu. Le plus dur est passé. »

Je lui offre un sourire trahissant mon soulagement, rapidement décimé par le sang qui recommence à couler le long de son bras. Les compresses se chevauchent pour arrêter l'effusion d'hémoglobine le plus rapidement possible. Il faut le recoudre à présent. Mes gestes habitués s'emparent des ustensiles. Je m'applique, en douceur. Je veille à lui faire le moins de mal possible. Il va s'en sortir. Une fois que la fièvre sera tombée, il sera totalement sorti d'affaire.

« Ça va aller maintenant. Quelques points et on en parlera plus. »
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Jeu 20 Fév - 21:40
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Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
L’éclat particulier de ses yeux a un écho unique au fond de moi. Tu délires complètement. Ouais. Je sais. Je crois. Pourtant je lutte pour rester accrocher à ses prunelles sombres. C’est dans cette obscurité-là que j’ai envie de m’enfoncer. Ses instructions glissent à mes oreilles. Je déglutis lentement. Je le laisse faire et glisser un bout de tissu entre mes dents. Quelque part au fond de moi, ma lucidité sait ce qui va se passer. Les lèvres de Léo effleurent mes cheveux humides. Mon dos retourne contre le dossier froid et inconfortable. Le monde semble tourner tout autour de moi. Mes yeux se ferment lorsque les doigts de mon amant tombent plus fermement sur mon bras. Il parle encore. Accroche-toi. Ma main libre se referme au hasard sur lui. J’empoigne son tshirt lorsque la pince m’effleure. Mon corps se tend et mes mâchoires se crispent. Une douleur folle se met à hurler dans mon épaule. Mes dents mordent furieusement dans le linge qui étouffe mes cris incontrôlables. Putain. De. Connard. L’image de son regard froid un quart de seconde avant qu’il ne me tire dessus réapparaît dans ma tête. La souffrance s’imprime plus sévèrement encore dans ma chair brûlante. Et puis d’un coup, elle s’essouffle. La saloperie logée sous ma peau disparaît. La blessure irradie toujours, chaude et boursouflée sous l’épreuve qu’elle vient d’endurer. Mais le plus dur est passé. Le plus dur est passé. Mes pensées trouvent leurs jumelles dans la bouche de Léo. Ma prise un peu tremblante le relâche pour retirer le chiffon. Je prends de grandes respirations, pour chercher à calmer mon cœur essoufflé par ce qui vient de se passer. La fièvre tonne toujours dans mon organisme. Un instant, j’ai l’impression que je vais rendre le contenu de mon estomac à mes pieds. Mais mes reins ne décollent même pas du creux de la chaise. La pièce tourne encore un peu devant mes yeux, avant que le monde ne se stabilise plus ou moins. Léo n’a toujours pas disparu. Il est toujours là. Il poursuit son travail sur mon bras dégoulinant de sang. Je tressaille malgré moi. Encore. Je lui fais une confiance aveugle. Il pourrait très bien m’achever sur le champ, que je ne le verrai pas venir. Et peut-être même que j’accepterai la sentence sans broncher.

- Pourquoi tu ne m’as pas collé une balle dans le crâne tout à l’heure ?

Me sourcils frémissent. Un instant je ne suis même pas certain que ma langue se soit activée pour prononcer ces mots. Mais oui, pourquoi ? Il allait le faire pourtant. Juste avant de décaler sciemment son angle de tir.
Léo Reece
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Jeu 20 Fév - 22:03
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Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Mon regard veille sur lui, analyse ses réactions, tout ce qui se produit sur son visage tout en m'activant sur sa plaie. Le fil passe et repasse sa peau, aussi doucement que possible. Il faudra mettre de la glace dessus ensuite, le temps que cela dégonfle. Et beaucoup de repos. Après, il sera comme neuf, ou presque. Il en gardera très certainement une jolie cicatrice.

« Tu me le demande vraiment, Eze ? »

Je souffle en tournant ma tête vers lui. La lueur froide qui se reflétait dans mon regard a disparue, troquée par la lassitude face à sa question. Le tuer, je n'aurais jamais pu. Appuyer sur la détente, en finir une bonne fois pour toute. Après tout ce qui s'est passé, tout ce qu'il a pu dire ou faire. J'aurais dû agir. J'aurais dû le laisser crever. Et pourtant je suis encore là, à recoudre sa peau meurtrie, comme si on ne c'était jamais vraiment quitté. Mon coeur crie, à l'agonie. Il se transforme en pierre alors que je fais un noeud dans le fil au bout de ma pince.

« Je veux pas que tu crèves Eze. C'est si difficile à comprendre ? »


L'idée même de le voir partir me révulsait totalement. Mon corps entier rejetait cette idée avec force. Le savoir en vie, même loin de moi, était mieux que rien. Savoir qu'il était là, encore vivant, quelque part. Même si c'était foutrement douloureux. Même si je me devais de mettre mes sentiments de côté pour toujours. Me refuser à l'aimer. Me faire à l'idée qu'il ne voulait plus de moi. Milo avait besoin de lui. J'avais, besoin de lui. J'avais besoin qu'il vive. Même si ça me crevait de l'admettre encore.

« J'ai fini. Il n'y a plus qu'à attendre que la fièvre tombe. »

Je délaissais mes ustensiles sur la table avant de m'essuyer rapidement mes mains pleine de sang. Je me levais, disparaissant dans la salle de bain pour faire disparaitre la trace de son sang comme il se devait. Lorsque je réapparu, je vérifiais à nouveau son état, m'abaissant à hauteur de son visage.

« Tu as besoin de repos maintenant. On va t'installer dans le lit, tu y seras bien mieux. »

Mes doigts frôlèrent son visage encore brûlant, chassant les gouttes de sueur qui y résidait encore. Je ne pouvais pas me permettre de partir tout de suite. Pas encore. Il fallait qu'il se repose, mais mieux valait qu'il ne soit pas seul. A nouveau, je l'aidais à se lever pour le supporter jusqu'à la chambre, où je l'installais confortablement sous les couvertures. Je m'installais à son chevet, le regard un instant perdu sur son faciès. L'adrénaline de l'urgence avait quitté mon corps. Seule restait l'envie de veiller sur lui, au moins encore un peu. Juste un peu.

« Je vais rester un peu, jusqu'à ce que ta fièvre disparaisse. Ensuite, je m'en irais. Je serais juste à côté. »
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Ven 21 Fév - 11:39
Je ne veux pas que tu crèves, Eze. Mes lèvres demeurent silencieuses. Ses mots ont un étrange impact au fond de mon être. Mais je ne suis pas vraiment sûr de comprendre en quoi exactement. Tout comme je ne suis pas certain que je m'en souviendrai demain matin. Mes pensées papillonent. Je ressens à peine la piqûre de l'aiguille dans ma peau écharpée alors que Léo s'applique à me recoudre. Mes yeux tentent de rester accrochés sur son visage concentré. Mes sourcils se froncent d'incertitude à nouveau. Mon bras valide se lève entre nous deux. J'effleure sa mâchoire. Une nouvelle série de frissons hérisse l'épiderme de ma nuque. Peut être bien que je m'attendais à rencontrer du vide. Je n'en sais trop rien. Sa voix grave et basse glisse de nouveau jusqu'à mes oreilles. [/i]Attendre que la fièvre tombe. Se reposer. [/i]Léo prend les devants. Ses mains s'imposent de nouveau autour de moi. Il me remet sur pied. La douleur est bien plus étouffée désormais. Toujours présente, mais lointaine, et bien plus supportable. Mes dents se serrent néanmoins alors qu'il m'entraine dans une autre pièce. J'ai à peine conscience du changement de décor. Un vieux matelas grinçant accueille mon corps atone. Un grognement m'échappe, mais l'éclair de souffrance qui me scisaille l'épaule est bien vite chassé par la sensation de chaleur et de soulagement qui étreint mes muscles éreintés. Je vais rester encore un peu. Ses paroles résonnent en un drôle d'écho sous mon crâne. Le sommeil m'aspire. Ensuite je m'en irai. Mes doigts accrochent subitement son avant-bras, mus d'une soudaine force insoupçonnée, avant qu'il ne s'éloigne totalement. Mes yeux mi-clos planent sur son faciès.

- Reste.

Je roule lentement sur le flanc, dans sa direction. Je me sens flotter au loin à présent que ma joue s'est écrasée contre la surface confortable de l'oreiller. Mais je refuse de m'endormir.

- Ne pars pas. Pas maintenant.

Les vieilles barrières érigées autour de mon coeur se sont effondrées depuis longtemps. Je suis à des années lumière de prendre conscience de ce que je suis en train de faire et de ce que je suis en train de dire. Cette fois pourtant, je suis incapable de le laisser tourner les talons. Incapable de le laisser claquer la porte. Il n'a pas le droit de partir. Il doit rester. Rester ici. Une douleur bien plus profonde et abstraite me fait saigner de l'intérieur à cette simple idée. Ma gorge se noue.

- Tu me manques tellement Léo.
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Ven 21 Fév - 12:03
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Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Il m'attrape alors que je fais déjà mine de me lever pour quitter la chambre. Mon coeur papillonne dans ma poitrine, un peu trop fort à mon goût. Je n'omet pas de réelle résistance, me rasseyant à ma place alors qu'il se tourne vers moi. Mon regard accroche son visage pour ne plus s'en départir alors que je le vois déjà sombrer. Ne pas partir. Pas maintenant. Je suis certain qu'il n'a même pas conscience de se qui sort de ses lippes. Et cette impression se confirme d'autant plus lorsqu'il m'avoue à quel point je lui manque. Je serre les dents en déglutissant. Je n'ai pas envie d'entendre ça. Pas envie de sentir mon coeur repartir sauvagement dans ma poitrine.

« Toi aussi, tu me manques... »
je souffle sans pouvoir m'en empêcher.

Ça me tue de l'admettre. Ça me tue de rester ici, de ne pas arriver à lutter et savoir m'éloigner, le plus possible de lui. Je devrais déjà être reparti, le laisser dans sa mouise. Le laisser seul et retourner à mon quotidien, celui qu'il m'a imposé. Son regard froid réapparait dans mon esprit, aux antipodes de celui qu'il porte sur moi à travers la fatigue de ses traits. Je te déteste, pour ce que tu fais. Ce que tu provoques en moi. Je me déteste de ne pas réussir à te repousser. Je déglutis encore alors que mes doigts se glissent à sa rencontre, qu'ils s'emmêlent dans ses cheveux poisseux. Un souffle chaud s'empare de mon palpitant à ce simple touché. Je vais craquer. Je vais craquer si je ne sors pas d'ici rapidement. Je serre les dents.

« Je reviens tout de suite. »

Cette fois, je me lève pour de bon, direction le salon, pour récupérer mes clopes et la bouteille d'alcool. Tout pour me faire tenir bon. Pour chasser la tristesse, la mélancolie et tout le reste. Je me reprend, chasse les larmes qui rendent mes yeux rouges. Je me sens perdu, à ne pas savoir quitter l'appartement tout de suite. Je réinvesti la chambre presque aussitôt après l'avoir quittée. Je me rassois sur le bord du lit dans un soupir. La bouteille à mes pieds. Une cigarette se fond sur mes lèvres tandis que mon regard se perd au dehors. Est-ce que je suis con à ce point, de rester ici, auprès d'un homme qui me fait autant souffrir ? Sans nul doute. Mes iris se baissent sur le feu qui allume le bâtonnet cancérigène. La première taff me fait un bien fou. Je long soupir s'échappe de mes lèvres avant que mes yeux ne se reposent sur lui. Quel bordel putain.
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Occupation : Enfoiré de première
Ezekiel Reece
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Ven 21 Fév - 15:35
La première réponse de Léo m'apaise. Il n'y a plus la moindre rancœur dans sa voix. Ou du moins, je ne décèle plus que la douceur qui s'en dégage. Ses doigts se lèvent vers moi. Son geste s'égare dans mes cheveux. Mes paupières se ferment un instant, appréciant l'affection camouflée dans cette attention. Je libère son bras, assuré en mon plus fort intérieur qu'il ne se volatilisera pas dans les secondes à venir. Un soupir fébrile m'échappe néanmoins, alors que je sens la fièvre redoubler d'ardeur pour conserver son ascendant sur mon organisme. Un tressaillement m'ébranle. La sensation de glace se réinstaure sous ma peau. J'entends à peine les prochains mots de mon amant. Je sens juste sa présence s'éloigner. Mes bras enserrent mon buste en sueur. Je tire un peu plus la couverture par-dessus mon épaule, dans l'espoir totalement vain de recueillir plus de chaleur. Le lit s'affaisse doucement à côté de moi. Bientôt, une odeur de tabac se répand dans la chambre. Ce parfum a quelque chose de familier. Ça éveille de vieux souvenirs dans les méandres de ma mémoire. Plongé dans l'obscurité de mes yeux clos, je me laisse doucement happer par d'anciennes sensations oubliées et de vieilles habitudes issues tout droit d'une vie passée.

- Je veux rentrer à la maison, je souffle contre la couverture.

L'appartement, notre appartement, se redessine dans ma tête. Son odeur, ses couleurs, son petit jardin hors de portée des yeux newyorkais. Chaque détail est encore encré dans mon esprit. Chaque défaut, chaque peinture écaillée. La manière qu'avait le soleil de s’infiltrer par les fenêtres en fin de journée. Tout est encore intact. Comme si je n'avais jamais quitté les lieux. Il me semble même n'être jamais parti.

- On pourra préparer des pancakes dimanche matin,
je murmure tout bas. Je me lèverai assez tôt pour t'aider cette fois. Je te le promets ...
Léo Reece
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Date de naissance : 23/08/1982
Occupation : Tueur à gages
Localisation : Quelque part loin des yeux de tous
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Ven 21 Fév - 15:55
Le bras armé du destin - Ezeo 3df14ded56c3aebe0f88564d9606e8fb

Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Je suis plongé dans mes pensées, le regard rivé vers l'extérieur, lorsqu'il parle à nouveau. Je le vois se blottir encore plus sous les couvertures. Il a encore froid. La fièvre n'est pas encore tombée. Ses paroles me vrillent le coeur, un peu plus. Rentrer à la maison. J'ai un sourire triste en me levant pour fouiller dans les armoires à la recherche d'une autre couverture. Si tu savais à quel point j'ai envie, moi aussi, que tu rentres. De retrouver notre appartement comme nous l'avons laissé avant que tu partes. Avant que je ne le vende parce que j'étais devenu incapable d'y rester. Je te voyais partout Eze, dans chaque pièce, chaque recoin. Et par dessus tout, dans le jardin. Souvent je me prend à me demander si tes rosiers sont encore là, bien présent. Si les nouveaux locataires s'en occupent ou non. Ce genre de réflexion totalement stupide mais bien réelle.

Je poursuis mes recherches alors qu'il continue de parler. Je me sens faiblir à la simple évocation de ce moment bien trop intime qui appartient au passé. Mes larmes ressurgissent au bord de mes yeux. Enfin, je trouve une couverture. Je me concentre sur mes gestes pour éviter de penser à ce qu'il dit. Il est en plein délire. C'est la fièvre qui parle. Juste la fièvre. Ça ne veux rien dire. Juste des souvenirs. Je déglutis en le couvrant de la nouvelle couverture, veillant à ce qu'il soit bien au chaud cette fois.

« Ne fais pas de promesse que tu ne pourras pas tenir, Eze. »

Je dépose un baiser sur sa tempe. Ce n'est pas un reproche. Au contraire, ma voix est presque teintée d'amusement, pour cacher la cruauté de ses mots. Il n'a jamais réussi à se lever tôt le dimanche. Pas une seule fois. Je reviens à ma place initiale, tapant ma cendre dans un cendrier sur la table de chevet. Cette fois, la bouteille encore sagement à mes pieds y passe. Le liquide me brûle la gorge, détend mes sens. C'est bien mieux comme ça, pour supporter le moment.
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Sam 22 Fév - 8:20
Je sens qu'il dépose quelque chose au-dessus de moi. La fièvre m'épuise. Mon esprit divague à imaginer le corps de Léo contre le mien, sous la couette. Sa présence, et sa chaleur. Le leurre semble fonctionner. À moins qu'il ne s'agisse de la couverture supplémentaire ? Je frissonne encore, mais le froid régresse. Le timbre de Léo me berce. Quelque part au fond de moi, une voix proteste face à sa réplique. Une promesse que je ne pourrais pas tenir ? Il dépose un baiser humide contre ma tempe. Mes sourcils se froncent légèrement. Mais ce n'est plus à cause du petit déjeuné cette fois. J'ouvre les yeux, juste assez pour distinguer sa silhouette qui se redresse au-dessus de moi. J'humecte difficilement ma langue sèche.

- Pourquoi tu pleures ? susurent mes lèvres engourdies par la fatigue.

Je n'ai toutefois pas suffisamment de ressource pour tenter de me relever afin de l'atteindre.

- Ça va aller Léo, je souffle alors que mes paupières lourdes se referment. Ça aussi ... Ça aussi je te le promets.
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Sam 22 Fév - 8:53
Le bras armé du destin - Ezeo 3df14ded56c3aebe0f88564d9606e8fb

Le bras armé du destin
Ainsi soit-il
Je ne me suis pas rendu compte tout de suite que mes larmes avaient fini par émerger. Je lui offre un sourire triste en me reculant pour me réinstaller et attraper la bouteille. Je n'arrive plus à décrocher mon regard de son visage tandis qu'il me demande pourquoi est-ce que je pleure. Je déglutis, lâchant un rire sans joie, désabusé.

« Parce que tu me manques trop, Eze. »


Les larmes s'agitent deux fois plus fort derrière mes yeux. Elles me menacent encore alors que je me dépêche de les chasser d'un revers de main. Il me tuera. Toute cette situation finira par m'achever. Ça va aller. Une nouvelle promesse sort de sa bouche alors qu'il garde les yeux fermés. Je souris tristement. Je délaisse la bouteille et écrase le reste de ma cigarette dans le cendrier. Il est soudain bien trop loin de moi. Et je refuse de partir tout de suite. Je partirais demain, avant qu'il ne se réveille. J'espère.

Je me débarrasse de mes chaussures, repousse la bouteille quelque part, hors d'atteinte, avant de me glisser dans le lit à mon tour. Je me glisse sous les couvertures, trouve la chaleur étouffante de ce cocon que je lui ai fait. Mon corps se presse dans son dos. Presque aussitôt m'être calqué contre lui, ma main part. Elle glisse sur sa hanche pour traverser son torse dans une caresse possessive. Mon dieu, il est encore bouillant. Et poisseux. Ma tête se cale dans son cou, proche de son oreille que je me permet d'embrasser au passage. Mon nez se perd dans ses cheveux. Ça va aller. Je le sais, au fond de moi. Tout comme je sais que je vais regretter d'autant m'être laissé aller contre lui demain, au réveil. Et pourtant, je me sers un peu plus contre lui. J'ai besoin de le sentir proche, besoin de l'avoir contre moi pour comprimer la peine qui m'enserre le ventre.

« Repose toi. »

Je susurre contre son oreille. Mes lèvres tremblent presque avant que je n'embrasse sa nuque. Je veux juste rester là un moment avant de partir. Juste un peu.
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