Je ne lutte pas me laissant porter par les sensations qui nous unissent. Il suffit que je cesse de vouloir, de lutter, pour que mon corps me porte et s'accorde avec un naturel évident à celui de Nina. Je vibre intensément des mots qu'elle m'offre et l'orgasme m'emporte avec elle. Je ne la lâche absolument pas, me jetant contre sa bouche avec la même force qu'elle.

La joie qui m'envahit est surprenante, inédite et je le sens groggy. Je suis complètement troublé par son parfum. Je ne sais pas ce qui me pousse aussi irrésistiblement vers elle mais c'est inéluctable. Je cherche gravement son regard "ja volim te Nina." Mes mains se promenent doucement sur sa peau, je l'enveloppe de caresses tendres et possessive.

Je roule sur le dos et je pose ma tête dans son giron, le regard levé vers elle. Si je tourne la tête, je peux embrasser son ventre et elle, elle peut laisser courir ses mains sur mon torse nu. je suis bien, parce qu'elle est là et que j'ai enfin la sensation qu'on est connecté, sur la même longueur d'onde et surtout parce qu'elle a dit qu'elle m'aimait, ce qui était sacrément inespéré ! Elle n'arrête pas de dire qu'on ne se connait pas, et c'est vrai mais ça n'empêche rien à ce que je ressens profondément, même si ça semble inexplicable.

"humm humm ouai, pourquoi ? ça te semble impossible ?" Une ombre de sourire se dessine sur mon visage serein. Ça me semble juste bien qu'on se mette à la colle. J'ai jamais fait, mais ça me parait bien avec elle.

A ses précautions oratoires, je suis en éveil, sortant de ma béatitude absolue pour la regarder d'un air interrogateur, en attente. A dire vrai, c'est pas le genre de phrase qu'on aime entendre. Elle va me sortir qu'elle est mariée ou un truc dans le genre, ou qu'elle se barre dans deux semaines, ou je sais pas quoi. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle me dit. Je tique légèrement et un pli soucieux barre mon front dès la première phrase d'explications. Avoir une dette envers la Bratva, c'est chaud et je comprends mieux pourquoi ils ont la main mise sur sa vie, pourquoi ils lui choisissent son appartement et qui elle fréquente.

Plusieurs questions se bousculent mais je ne sais pas comment les formuler et puis je me laisse un sursis. Tant que je pose pas de questions, aucune réponse ne saurait m'éloigner d'elle. J'essaye d'analyser ce que je ressens mais je suis vraiment pas doué à ce jeu et je peux juste donner les manifestations physiques de son annonce sans dire quelle émotion est en cause. C'est juste que j'ai le cœur qui bat sourdement dans mon bide et que j'ai la bouche sèche. Après de longues secondes, je demande, d'un ton factuel "Ok...et tu fais quoi pour eux ? Des cambriolages mais...tu te prostitues aussi ?" Autant le savoir direct. Imaginons si son latino avait été un client, j'aurais l'air con.

Je m'interroge intérieurement en me disant que c'est de ça qu'elle parlait quand elle disait que je ne la connaissais pas. C'est vrai, je ne connais pas tout son passé mais je ne connais même pas le mien en entier alors est-ce que c'est vraiment important ? Oui et non... C'est la réponse la plus honnête que je peux me faire à moi-même. En même temps, je me sens toujours bien là sous ses doigts qui font frémir ma peau de désir incandescent.

D'accord mais comment tu t'es retrouvée à faire ça en Louisiane ? Et heu... Je sais pas t'es macquée avec un russe ? Youri ?

Je ne serais pas choqué, j'ai bien vu que le russe était inquiet pour Nina, plus que de raison. Après moi je couche avec Arabella du clan des italiens alors je la ramène pas trop. On arrive chacun avec nos casseroles et notre vie. En plus je suis pas un ange et avec les bagages que je me trimballent comme mercenaire, j'ai pas fait que des trucs jolis dans ma vie. J'ai une moue en faisant remarquer doucement "moi chez les italiens toi chez les russes, ça va poser problème tu crois ? C'est quoi ta marge de manœuvre ?" je grimace légèrement en pensant à Dominik coincé à Rikers

Donc elle a déjà eu un mec qui s'est transformé en mac, la plus vieille histoire du monde et elle couche avec Youri mais ça je m'en doutais. Pourtant les deux nouvelles me font chier, je vais pas m'en cacher. Pourtant ce serait bien que je me focalise sur des trucs plus importants comme le fait de me retrouver avec la peau trouée. Je caresse le ventre de Nina en réfléchissant.

"Hummm... Et si je bosse contre eux ? Si bosser contre les italiens impliquent de faire... Des trucs contre les russes ? Ça va pas bien réagir... Putain quelle merde. Tu crois que je devrais aller voir la nana de la Bratva ?"

Un vague plan se dessine dans ma tête mais je risque de me faire trouer la peau. Dans tout les cas me foutre avec Nina implique un certain nombre de risques. Après gérer les risques c'est clairement mon taf. Le problème reste Dominik. "je suis sous contrat avec les italiens. Je suis merco, ça pourrait changer mais le truc c'est que mon frère est à Rikers sous protection italienne"

Non, pas pour ça... Je sais bien qu'elle s'en fout de nous faciliter la vie mais si je lui propose un marché... J'en ai un qui me vient en tête mais faut que je tâte le terrain. Justement pour qu'on puisse être ensemble sans que ça nuise à Dominik...

Je ne sais pas si mon frère serait d'accord mais ce n'est pas parce qu'on bosse avec les italiens aujourd'hui que notre allégeance est irrévocable.

Tu leur dois quoi aux russes  ? Du temps ? Du pognon ?

J'appuie plus longuement ma bouche sur sa peau avant de la mordre. J'aime l'idée que cette marque là soit de moi. Je sucote la chair un peu plus longuement avant de l'embrasser et de la lécher sensuellement. Après ce long silence, je me redresse. Je bande à nouveau rien que du fait qu'on se tripote depuis dix minutes. Je descends naturellement du canapé pour m'agenouiller entre ses cuisses que j'ecarte sans préavis.

C'est peut-être une bonne idée qu'on se cache quelque temps. Le temps que je vois Margherita et Dominik, le temps que je règle ça mais ça veut pas dire que toi et moi ça peut pas être du sérieux.

J'attire ses hanches vers moi pour l'inciter à s'asseoir au plus près du bord du canapé histoire de pouvoir m'enfoncer en elle sans forcer.

"Rompre mon contrat chez les italiens, prendre un contrat chez les russes à condition qu'ils protègent Dominik en taule. Ça enrayera les projets des italiens à Rikers, mais...ça vaut le coup d'essayer. " Et les italiens auront du mal à agir dans Rikers avec les Russes sur place, alors au pire c'est moi qui trinquerait, pas Dominik. "ça t'aidera pas à rembourser ta dette plus vite mais au moins on sera dans le même camp, ça devrait simplifier le bordel."

Et puis je scelle notre décision. Je crois bien qu'on en a pris une, celle d'être macqués ou quelque chose comme ça. Elle n'a même pas besoin de bouger, c'est moi qui imprime un rythme gentiment soutenu, à coups de reins secs mais pas brutaux cette fois. J'ai envie de profiter de cette étreinte un peu mieux que nos ébats enragés mais c'est compliqué, le désir me pousse, le désir d'entendre ses gémissements, de jouir de son corps aussi, on va pas se le cacher et plus que tout de la posséder. C'est sérieux, ce plaisir intense, ce maelstrom de sensations et surtout de sentiments, c'est foutrement sérieux.

L'orgasme arrive comme une lame de fond, inéluctable et je jouis en même temps qu'elle, contre elle, mes bras fermement refermés autour d'elle dans un geste furieusement possessif. A sa remarque, je pose ma main sur sa nuque pour venir l'embrasser langoureusement, encore frissonnant de plaisir. "Je te prends, t'es à moi Nina." J'ai le même sérieux mortel. Je ne sais pas bien pourquoi il faut qu'elle soit à moi mais je sais que je ne peux pas renoncer sous prétexte que d'autres auraient décidés que nous deux c'est pas possible. Je caresse tendrement son visage et j'embrasse plus doucement sa bouche. "on est macqué toi et moi."


Je m'écarte pour revenir m'asseoir sur le canapé et lui offrir mon corps en coussin au sien, meurtri. Mes mains se font tendre sur elle même si on parle de sujet sérieux "Tu crois que tu peux demander à Youri de demander à Maggy de me recevoir ? Faut que je parle avec elle. Au plus tôt au mieux. Ça va devenir chaud pour moi chez les italiens. C'est vrai une vraie nasse là dedans en ce moment. Ils se tirent tous dans les pattes entre eux pour se faire bien voir auprès de Vincenzo mais pour vendre un merco qui les a baisé, ils sont capables de mettre leur rancœur mutuelle de coté. Et puis ce serait cool qu'on puisse sortir de ton appart' ou du mien. C'est bien pour baiser, mais j'aimerais bien t'inviter au resto un de ces quatre. "

Je ne comprends pas non plus comment nous avons pu être aussi têtus et nous déchirer autant en niant l'évidence que nos corps nous crient depuis le début. Il est évident qu'elle est à moi et moi à elle. Il n'y avait aucune lutte possible. Même mon ego n'a pas pu lutter. Je répète avec un contentement évident quand les syllabes roulent sur mes lèvres "hum hum tu es à moi"

Ou alors on peut toujours se retrouver chez moi. C'est quand même mieux qu'ici. Je vais te donner le double des clefs pour que tu puisses passer quand tu veux, si tu veux m'attendre un soir. Je bosse le soir généralement. On peut se retrouver sur le matin ou en fin de nuit. Tu arriveras bien à te glisser discrètement non ?

Je souris en faisant allusion à son boulot. Je l'ai quand même vu ouvrir une porte et aussi cambrioler. Je ne doute de ses capacités.